« Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation » ! C’est le thème du premier synode extraordinaire des évêques convoqué par le Pape François depuis son accession au suprême pontificat. Ce Synode se réunira, à Rome, du 5 au 19 octobre 2014. Selon le père Lombardi, porte-parole du Vatican, il s’agit d’« ouvrir un chemin dans la pleine communion de la communauté ecclésiale ».
Le synode des évêques est une institution permanente de l’Église catholique instituée par le pape Paul VI en 1965, selon le souhait de Vatican II, par son motu proprio Apostolica sollicitudo du 15 septembre 1965. Le canon 345 du Code de droit canonique stipule :
« Le synode des évêques peut être réuni en Assemblée générale, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire pour traiter des questions concernant directement le bien de l’Église tout entière, ou bien en Assemblée spéciale pour étudier les affaires concernant directement une ou plusieurs régions déterminées. »
Il précise également :
« Le Synode des évêques réuni en Assemblée générale extraordinaire pour traiter d’affaires qui demandent une décision rapide, se compose de membres dont la plupart, évêques, sont désignés par le droit particulier du synode en raison de l’office qu’ils remplissent; d’autres sont nommés directement par le Pontife Romain; y viennent aussi quelques membres d’Instituts religieux cléricaux élus selon ce même droit. »
Une nouvelle fois la famille est placée au cœur de la réflexion synodale. Ce fut déjà le cas pour le premier synode convoqué par le pape Jean-Paul II et qui s’était réuni en octobre 1980. L’Exhortation apostolique post-synodale Familiaris consortio du pape Jean-Paul II fut le fruit direct des travaux de cette assemblée synodale. Riche d’enseignements, elle fut publiée le 22 novembre 1981.
L’annonce d’un nouveau synode sur la famille intervient au moment où le Pape François a participé le 7 octobre dernier à la cinquième réunion du XIIIe Conseil ordinaire du secrétariat général du synode des évêques, réuni à Rome. Elle a lieu également au moment où, contrairement aux règles de l’Église et à sa doctrine, le diocèse de Fribourg vient de publier un texte proposant l’accès aux sacrements pour les personnes divorcées-remariées, sous certaines conditions. Une manière de faire proche des méthodes révolutionnaires qui veulent imposer un changement en mettant auparavant en place des pratiques qui devront justifier ensuite un changement dans la loi. C’est exactement ce qui s’est passé en France pour le « mariage » homosexuel : puisque des couples homosexuels existent donnons leur une reconnaissance légale. Porte-parole du Vatican, le Père Lombardi a donc précisé :
« Il est juste que l’Église avance communautairement dans la réflexion et dans la prière et prenne des orientations pastorales communes sur les points les plus importants – comme la pastorale de la famille – sous la conduite du pape et des évêques » tant il est vrai que « proposer des solutions pastorales particulières de la part de personnes ou d’instances locales peut risquer de conduire à la confusion ».
On espère seulement qu’un tel thème synodal consacré à la famille ne se réduira pas à explorer la question de l’accès à la communion des divorcés-remariés. Pour douloureuse que soit cette question, on ne peut légitimement pas réduire la famille à ce qui est, malgré tout, une blessure pour elle.
Rappelons qu’aux yeux de l’Église la notion de divorce n’existe pas. Le mariage, en effet, est un sacrement indissoluble. Le Code de droit canonique de 1983 ignore donc la notion de divorce. En revanche, le canon 1153 reconnaît la possibilité d’une séparation, qui n’abolit pas le sacrement et qui peut être rendu nécessaire « si l’un des conjoints met en grave danger l’âme ou le corps de l’autre ou des enfants, ou encore si, d’une autre manière, il rend la vie commune trop dure ».
L’Exhortation apostolique post-synodale Familiaris consortio du pape Jean-Paul II, fruit, elle aussi, de travaux synodaux, consacre tout un paragraphe (n. 84) à la question pastorale des divorcés-remariés :
L’expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s’agit là d’un fléau qui, comme les autres, s’attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d’urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. Les Pères du Synode l’ont expressément étudié. L’Église, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui – déjà unis dans les liens du sacrement de mariage – ont voulu passer à d’autres noces. Elle doit donc s’efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.
Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l’obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l’éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n’avait jamais été valide.
Avec le Synode, j’exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu’ils ne se sentent pas séparés de l’Église, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l’Église prie pour eux, qu’elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu’ainsi elle les maintienne dans la foi et l’espérance!
L’Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d’y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Église, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l’on admettait ces personnes à l’Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Église concernant l’indissolubilité du mariage.
La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par l’exemple l’éducation des enfants -, remplir l’obligation de la séparation, «ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux».
De la même manière, le respect dû au sacrement de mariage, aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches, et aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous les pasteurs, pour quelque motif ou sous quelque prétexte que ce soit, même d’ordre pastoral, de célébrer, en faveur de divorcés qui se remarient, des cérémonies d’aucune sorte. Elles donneraient en effet l’impression d’une célébration sacramentelle de nouvelles noces valides, et induiraient donc en erreur à propos de l’indissolubilité du mariage contracté validement.
En agissant ainsi, l’Église professe sa propre fidélité au Christ et à sa vérité; et en même temps elle se penche avec un cœur maternel vers ses enfants, en particulier vers ceux qui, sans faute de leur part, ont été abandonnés par leur conjoint légitime.
Et avec une ferme confiance, elle croit que même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s’ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité.
Sans nier la difficulté pastorale, née de situations difficiles, dues non à l’Église mais à l’évolution non chrétienne, voire anti-chrétienne des sociétés modernes, qui favorise la relativité de l’engagement du mariage ou sa destruction, l’Église, mère et maîtresse, se doit d’agir en mère, guidée par la doctrine qu’elle a reçue du Christ et dont elle est la dépositaire et la gardienne. Depuis des décennies, les papes ont invité les fidèles, et notamment les jeunes, à redécouvrir la beauté positive de sa doctrine sur le mariage et on espère que c’est celle-ci qui sera réaffirmée par les travaux du synode pour éclairer aussi des situations douloureuses et réelles, mais sans réduire la question des « défis pastoraux de la famille » à celles-ci, à l’heure où la famille est en Occident particulièrement attaquée comme le montre l’adoption du « mariage » homosexuel en France.