Dans le cadre de ses catéchèses sur l’évangélisation et le zèle apostolique, le Pape s’est tourné, lors de l’audience du 23 août, vers l’Amérique. Il est émouvant de lire les récits de Guadalupe écrits avec délicatesse. L’an 492 est l’une des plus grandes dates de l’histoire, avec la découverte de ce continent par Christophe Colomb. La Vierge Marie est une source vive d’évangélisation. Les sanctuaires mariaux sont nombreux en Amérique : Lujan en Argentine, Aparecida au Brésil, etc., mais le plus important est la gloire du Mexique : Notre-Dame de Guadalupe. Là, comme partout ailleurs, Marie s’inculture, en parlant dans la langue maternelle des voyants. À Lourdes et à Fatima, elle fera de même. Mais ici, elle apparaît même avec des vêtements d’indigènes. Empreinte de tendresse, Marie, humble et simple servante du Seigneur (Lc 1, 46), se manifeste à Juan Diego comme la Mère du vrai Dieu. Elle lui donne comme signe des roses précieuses et, lorsqu’il les montre à l’évêque, il découvre représentée sur son manteau l’image bénie de Notre-Dame. Lorsque la Vierge de Guadalupe apparut à l’indien saint Juan Diego, elle lui adressa ces paroles significatives : « Ne suis-je pas ici moi qui suis ta mère ? N’es-tu pas sous mon ombre et mon regard ? Ne suis-je pas la source de ta joie ? Ne demeures-tu pas à l’abri sous mon manteau entre mes bras ? » Compréhensible pour ses voyants, Marie se montre toujours comme une Mère, en donnant la même consigne depuis Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Guadalupe et Juan Diego revêtent une signification ecclésiale et missionnaire profonde et sont un modèle d’évangélisation parfaitement inculturée.
Juan Diego, « l’aigle qui parle », fut le messager de Marie. Humble indigène, il a su, toujours, grâce à sa mère céleste, porté son regard sur Dieu. Aujourd’hui encore, il nous enseigne le chemin qui conduit à la Virgen Morena de Tepeyac, afin qu’elle nous accueille dans l’intimité de son cœur, car elle est la mère amoureuse et pleine de compassion qui conduit jusqu’au vrai Dieu. L’image vénérée de la Morenita del Tepeyac, au visage doux et serein, imprimée sur lemanteau de l’indien saint Juan Diego, se présente comme sainte Marie, toujours Vierge, Mère du véritable Dieu pour lequel on vit. Elle évoque la femme de l’Apocalypse. Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; elle est enceinte (Ap 12, 1-2) et indique la présence du Sauveur à sa population autochtone et métisse. Elle nous conduit toujours à son Fils divin, qui se révèle comme fondement de la dignité de tous les êtres humains, comme un amour plus fort que les forces du mal et de la mort, étant également source de joie, de confiancefiliale, de réconfort et surtout d’espérance
Juan, messager de la Vierge, comme Bernadette et les trois enfants de l’Ajustrel, apprit que l’évangélisation passe par la Croix. Pour devenir disciple du Christ, il faut consentir à mourir avec lui sur la Croix. Marie a envoyé Juan à son évêque pour lui demander la construction d’une église, mais l’évêque le repousse. Et ce n’est qu’au prix de nombreux efforts, toujours consolé par Marie, qu’il parviendra à ses fins avec l’approbation épiscopale, à la suite du signe des roses en plein hiver et l’image de la Madone inscrite sur le tissu. Pour évangéliser, le témoignage seul ne suffit pas, il faut la Croix qui affronte le mal et le vainc. Les deux vont toujours de pair. C’est la grande leçon que Marie nous donne toujours à travers ses voyants. Une fois le sanctuaire construit, Juan quitta tout pour accueillir les pèlerins et les évangéliser. Il leur apprit comment Marie écoute toujours nos prières et nos supplications et nous ouvre ses bras maternels.