Mardi 8 août. Après 18h de voyage, les jeunes du chapitre saint Lazare arrivent enfin à Zlin, ville de Moravie, à l’Est de la République Tchèque. Le temps est pluvieux, la ville ne laisse apparaître que ses immeubles gris, mais les membres sortent joyeux du bus. Enfin, ils sont arrivés au début de leur camp d’été.
Depuis 2002, le chapitre saint Lazare propose aux jeunes âgés de 15 à 22 ans différentes activités durant l’année. Chaque été, il organise un camp itinérant de trois semaines dans un pays d’Europe.
Depuis 2002, le chapitre saint Lazare est un chapitre du pèlerinage notre-dame de chrétienté. En plus de cette marche de Pentecôte, de Paris à Chartres, il propose aux jeunes âgés de 15 à 22 ans différentes activités durant l’année. Chaque été, il organise un camp itinérant de trois semaines dans un pays d’Europe.
Benoît, 22 ans, a été chef du chapitre durant l’année 2022-2023. Il a intégré ce mouvement en 2020 : « mon rôle est de gérer l’administratif, ainsi que tout l’accompagnement pédagogique de ce camp. Je dois organiser l’emploi du temps et répartir les différentes activités qui auront lieu ». « Un camp du chapitre se déroule en trois périodes : les membres vivent un moment en équipe de dix, où ils créent des amitiés entre eux. Au milieu du camp, un temps fort de trois jours réunit le chapitre. C’est l’occasion de vivre une vraie amitié, avec des formations plus profondes et des grands jeux, avec un concours cuisines et des olympiades. Enfin, la troisième partie permet d’approfondir ses connaissances avec des topos plus poussés, intellectuellement et spirituellement . Cela permet aux jeunes de quitter le camp ressourcés, pour la nouvelle année ».
Chaque été, les jeunes du chapitre partent donc en équipes sur les routes d’un pays étranger. « En partant à l’étranger, le jeune se détache totalement de la vie qu’il a habituellement, continue Benoît. Il se détache de son portable, et vit dans un tout autre lieu, avec une autre langue ». Pour Flamine, 15 ans, partir à l’étranger, est aussi « l’occasion de découvrir de beaux pays ». Pour son deuxième camp, elle remarque tout de même : « le camp à l’étranger permet de se donner tout entier aux personnes avec qui on est. Cela nous oblige à être sociables et à parler avec les gens pour se faire comprendre ».
Partir à l’étranger est un moyen pour ces jeunes de travailler sur eux-mêmes. « Le fait de partir permet de se dépayser complètement, de découvrir quelque chose de différent de ce qu’on vit au quotidien », affirme Adélaïde, 19 ans, qui fait aussi son deuxième camp avec le chapitre.
Après l’Espagne en 2022, le chapitre saint Lazare, visite la République Tchèque. Victor, 19 ans, qui est au chapitre depuis deux ans, témoigne : « ce camp nous permet d’expérimenter la bonté des gens. Il nous permet de nous demander si nous sommes capables d’accueillir comme on nous a accueillis ». Le soir, chaque équipe demande aux habitants de les loger. Cette année, les équipes ont presque toujours eu un toit pour dormir, une occasion pour chaque jeune de voir l’action de la Providence dans leur vie. « Chaque matin, en commençant à marcher, nous savions que nous allions trouver un lieu pour dormir le soir. Nous avons toujours été accueillis », affirme Victor. Adélaïde remarque : « Ce camp nous permet de retourner à l’essentiel, d’être joyeux pour des choses simples ».
Sixtine, 17 ans, ne connaissait pas le chapitre avant cette année : « je suis venu au camp par l’intermédiaire de ma mère qui m’avait proposé un camp à l’étranger avec un groupe. Je suis arrivée un peu en traînant des pieds, dans l’idée que j’allais faire un camp de trois semaines avec des gens que je ne connaissais pas. Je me suis finalement énormément attachée à mon équipe ». Les activités du chapitre saint Lazare reposent en grande partie sur l’amitié entre les membres. Étant un mouvement mixte, il cherche également à développer de saines amitiés entre les garçons et les filles. « Ce qui me pousse à vouloir continuer le chapitre à l’année est en grande partie l’amitié. Les gens sont très accueillants », continue Sixtine.
Adélaïde confirme : « c’est au chapitre saint Lazare que j’ai commencé à avoir de réelles amitiés profondes ». L’amitié est en effet un pilier majeur du chapitre saint Lazare. Benoît, lorsqu’il a rejoint le chapitre, ne croyait pas à l’amitié garçon-fille : « pour moi, une amitié garçon fille ne pouvait pas exister. C’est ce qui m’a donné envie de rester : découvrir comment une saine amitié mixte pouvait fonctionner ». Aujourd’hui, Benoît est chef de chapitre, et son discours a bien changé : « le chapitre apporte à tous, avec la saine mixité qui est vécue avec simplicité et en vérité ». Cette saine mixité, chacun semble l’expérimenter, comme Victor : « le chapitre m’apprend à avoir des relations saines avec les filles ». Colombine, 17 ans, affirme quant à elle : « le chapitre m’apporte de grandes amitiés. Il m’a fait découvrir ce qu’est une amitié mixte qui soit saine ».
Toute la pédagogie du camp aide au développement de ces amitiés. Lorsque les membres partent en équipe de dix, ils se découvrent les uns les autres. Guillemette, 20 ans, était animatrice d’équipe cette année. « L’animatrice est centrale dans une équipe. Elle a un rôle relationnel très important pour les membres. De plus, elle est un soutien pour le chef d’équipe ». Pour elle, « commencer le camp en équipe permet de briser la glace, d’apprendre à connaître les autres. Pour une personne qui arrive pour la première fois au chapitre, on peut être un peu perdu, surtout si l’on ne connaît personne. Mais quand on marche en équipe, on apprend très vite à connaître les autres, et on parvient très vite à s’ouvrir ».
Flamine, elle, a été marquée par un autre élément : « ce que j’ai préféré dans ce camp, ce sont les nombreuses discussions, et les topos ». Chaque jour, un sujet était abordé par chaque équipe, pour se former. Et durant le temps fort, plusieurs enseignements ont été proposés. « Même si on dit souvent les mêmes choses chaque année sur certains sujets, il y a toujours de nouveaux arguments qui sont apportés, et c’est très intéressant », continue Flamine. « J’ai peu l’occasion de discuter avec des catholiques. Ce camp est un peu mon catéchisme de l’année ». De même pour Colombine : « le chapitre me donne envie de me former ». Adélaïde ajoute que toutes les formations « aident à comprendre pourquoi [ils sont] catholiques. Ça [les] aide à comprendre pas mal de choses ».
Le camp du chapitre n’est pas seulement un lieu d’amitié et de formation, il est aussi et surtout un pèlerinage. C’est vers l’enfant Jésus de Prague que les jeunes se sont dirigés durant leurs deux semaines de marche. Trois aumôniers les accompagnaient, qui tournaient dans les différentes équipes. Le père Martin, de l’abbaye de Lagrasse, était aumônier référent du chapitre pour ce camp. « L’aumônier du chapitre a une place d’accompagnement pour que les jeunes puissent vivre ce camp de manière plus spirituelle ».
Parmi toutes les activités proposées, la prière avait une grande place : oraison d’un quart d’heure au lever des membres, chapelet quotidien, messe lorsqu’un prêtre était présent. « Le but est qu’à travers l’aventure et la dimension physique de ce camp, il y ait aussi une aventure plus spirituelle. Le rôle de l’aumônier est d’accompagner chacun à son niveau pour lui permettre de vivre cette aventure ». Les moments de prière ont d’ailleurs été très importants dans la vie du camp.
« Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les moments spirituels en chapitre. C’étaient des moments très forts et très beaux, car nous étions tous là rassemblés devant Dieu. On voit que c’est Dieu qui nous unit », affirme Adélaïde. Sixtine témoigne de son côté : « la prière en groupe m’a beaucoup aidée pour ma vie spirituelle ». Guillemette estime quant à elle que « le chapitre [les] aide vraiment à replonger dans [leur] foi.» «Durant l’année, nous n’y pensons pas forcément. C’est très ressourçant », ajoute-t-elle.
Nicolas, 20 ans, va succéder à Benoît pour la direction du chapitre l’année prochaine. Selon lui, « pendant le camp, les gens peuvent vivre leur foi à fond, et cela aide beaucoup pour la suite de l’année ». Pour le Père Martin, « à l’adolescence, beaucoup de jeunes remettent leur foi en question. Il y a une crise de foi qui est logique, car on doit choisir sa foi personnellement. Les jeunes sont en recherche de raisons profondes de croire. Par cette vie chrétienne vécue authentiquement, par la prière et l’amitié, on montre que la vie chrétienne est belle et vaut le coup d’être vécue ».
C’est par cette dimension que le chapitre peut ainsi exercer sa vocation missionnaire. « Le chapitre est missionnaire à sa manière, affirme Victor. On entend souvent la mission comme celle des grands saints partant dans les pays étrangers pour faire découvrir la foi. Au chapitre, on la fait redécouvrir. Dans chaque équipe, on retrouve des gens qui ont besoin d’approfondir leur foi ». « Le chapitre est un chapitre missionnaire grâce aux personnes qui ramènent d’autres jeunes. C’est l’évangélisation des jeunes par les jeunes », estime Adélaïde. « Le premier pilier du chapitre est l’amitié. C’est par l’amitié que nous allons évangéliser ». C’est ainsi que le chapitre reste fidèle à sa devise : ut cognoscant te, « afin qu’ils te connaissent ».
Mais l’année ne se termine pas là. Tandis que tous les jeunes sont rentrés chez eux, les chefs préparent déjà les prochaines activités : présence du chapitre au colloque sur la messe traditionnelle le 23 septembre prochain, week-end de rentrée le 30 septembre… « on peut venir quand on veut au Chapitre, insiste Nicolas, tout le monde est le bienvenu, tout le temps. La foi n’attend pas, le salut non plus ». Le Père Martin se plaît à conclure : « Le camp a ce beau but de ne pas être qu’un feu de paille, mais d’être surtout un feu qui dure, pour réchauffer ce monde frigorifié ».
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