Un pape politique ?

Publié le 13 Oct 2023
pape Marseille politique

© AFP - Nicolas Tucat

La visite du pape François à Marseille n’a laissé personne indifférent. Ni les habitants de la vieille cité phocéenne et les catholiques, bien sûr, ni le reste de la population dont les commentateurs et hommes politiques. Présent dans le cadre des « Rencontres méditerranéennes », le pape François a beaucoup parlé des migrants. À cette occasion, un nombre assez important de catholiques a regretté que le Souverain Pontife fasse de la politique, ou a voulu minimiser ses propos en les réduisant à un discours « humaniste ». Dans l’esprit de beaucoup flotte en effet l’idée qu’un pape ne devrait pas parler de « ça », sous-entendant par là, d’une part, que l’Église n’a pas à avoir de discours en ce qui concerne la vie des sociétés et que, d’autre part, la politique est par essence quelque chose de sale. Sans nous arrêter aux propos même du pape François, et pour nous contenter de quelques généralités, il n’est peut-être pas inutile de rappeler certaines distinctions. D’abord que la politique ne se réduit pas à la vie partisane qui en est d’une certaine manière sa déformation. La politique est une science pratique et elle est même la plus haute des sciences de ce type. Sa finalité est le bien commun. À ce titre, elle est elle-même un bien, une chose bonne et noble, sans laquelle la vie humaine ne peut s’accomplir parfaitement. C’est en se coupant de cette vision « optimiste » de la politique, issue de la philosophie grecque et assumée par le catholicisme, que la modernité est entrée dès la réforme protestante [1] dans une sorte de désespérance politique, ne voyant en elle qu’un instrument incontournable, mais sale et pénible. Mais le pape dans tout cela ? La vertu essentiellement politique est celle de la prudence. Celle-ci implique de composer les principes (politiques) avec la réalité, non dans le but de les amoindrir mais dans celui de les appliquer au mieux. Il a toujours appartenu au rôle de l’Église de rappeler les principes de la vie sociale et politique dans la mesure où ils concernent l’homme (animal… politique) et que de ce fait ils ont, directement ou indirectement, une incidence sur sa destinée éternelle. Ainsi, en rappelant la distinction entre Dieu et César, le Christ lui-même a « fait » de la politique. Derrière lui et à la suite de saint Pierre, les Souverains Pontifes n’ont cessé d’en faire. Mis à part le…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Stéphen Vallet

Ce contenu pourrait vous intéresser

Eglise

La réparation comme démarche spirituelle

Commentaire du Pape | À l'occasion du 350e anniversaire des apparitions du Sacré Cœur de Paray-le-Monial, le Pape a prononcé quelques mots lors du colloque « Réparer l’irréparable », organisé le 4 mai dernier au Vatican. 

+

réparation France sacré cœur roi
A la uneEgliseMagistèreThéologie

Jean Madiran : lecteur critique de Gustave Thibon

Dossier « Jean Madiran et Gustave Thibon, un compagnonnage intellectuel ? » | Considéré par les lecteurs d’Itinéraires comme un collaborateur régulier de la revue, Gustave Thibon n’y donna en réalité qu’épisodiquement des articles, marquant toujours une certaine réserve par rapport au contenu. Directeur de la revue, Jean Madiran le sollicita à de nombreuses reprises mais s’éloigna de plus en plus du philosophe. Retour sur la rencontre de deux grandes figures qui évoluèrent différemment.

+

gustave thibon jean madiran
EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
EgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (3/3)

3 - La démarche synodale comme processus du changement. | C’est bien toute la démarche synodale sur la synodalité qui, par son processus lui-même, est une machine à mettre en œuvre une Église plastique, compatible avec la modernité, c’est-à-dire sans contenu. Et cette démarche synodale trouve sa source, puise son inspiration et sa légitimité dans le concile Vatican II. Quelle lecture faire du Maître de la terre ? Ratzigérienne, bergoglienne ? Au lecteur de se faire une opinion, mais il faut lire Benson. 

+

synode évangélisation église