Dans un passage de son très beau livre Les sept paroles du Christ en Croix, le cardinal Journet résume très bien – même si ce n’est pas le propos direct de sa réflexion – l’esprit qui doit animer le chrétien face aux forces du mal. Défense d’une juste cause jusqu’à la mort si nécessaire mais surtout jusqu’au pardon.
Le devoir du chrétien
« Dans la lutte sauvage que la volonté de puissance de l’athéisme, ivre de ses violences, de ses victoires politiques, de ses mensonges, livre aujourd’hui à tout ce qui porte encore un signe de la foi en Dieu, le devoir du chrétien est de combattre jusqu’au bout sur le plan humain, au nom de la justice, de la droiture, de la dignité inaliénable de l’homme et de son âme immortelle. Quand la machine du mal l’a vaincu, quand on l’a condamné aux camps de l’esclavage et de la mort lente, quand on l’a fait descendre dans les cellules d’une prison souterraine où il comprend qu’on travaille, par un sûr dosage de la torture, à dégrader son psychisme humain, quand on lui a volé ses enfants pour arracher de leur âme la foi de leur baptême et y verser la haine de Dieu, quand il n’a plus aucun recours possible contre le déferlement de l’océan du mal, alors il lui reste de tourner une dernière fois son cœur vers les profondeurs silencieuses du royaume de Dieu, et de dire, lui aussi, en Jésus: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! À cet instant, il a tout vaincu, pour l’éternité. »