Un nouveau document romain est venu rappeler il y a quelques semaines les conditions indispensables pour qu’un sacrement soit valide. Une mise au point rendue nécessaire par l’irrespect des rites par certains ministres et dont ce document redit la gravité. Entretien avec Cyrille Dounot, canoniste
Le 2 février dernier a été publiée une note du Dicastère pour la Doctrine de la Foi : Gestis Verbisque. Celle-ci a pour objet la validité des sacrements. Le texte s’intéresse notamment à la forme et à la matière des sacrements ; quelle définition peut-on en donner ? Et quand les sept sacrements ont-ils été institués et définis par l’Église ?
Saint Thomas d’Aquin dit du sacrement qu’il est « un signe qui remémore la cause passée, la passion du Christ ; manifeste l’effet de cette Passion en nous, à savoir la grâce ; et qui prédit la gloire future » (IIIa, q. 60, a. 3). En tant que signe, il signifie ce qu’il confère, et est constitué de trois éléments : « des choses qui en sont comme la matière, des paroles qui en sont comme la forme, et la personne du ministre qui confère le sacrement avec l’intention de faire ce que fait l’Église » (concile œcuménique de Florence, 1439). Les sacrements sont d’institution divine, par Notre-Seigneur directement ou par l’entremise des apôtres, et c’est pourquoi « l’Église n’a aucunement le droit d’innover en quoi que ce soit s’agissant de la substance même des sacrements » (saint Pie X, lettre Ex quo nono, 1910), bien qu’elle puisse modifier ce qui n’est pas essentiel aux rites, « sachant quelle autorité est la sienne dans l’administration des sacrements » mais seulement « pour de graves et justes causes » (concile de Trente, 21e session, c. 2).
Quelles peuvent être les causes d’invalidité des sacrements ?
Comme le dit saint Thomas, « si l’on retranche un élément essentiel dans la forme sacramentelle, il est évident que le sens des paroles disparaît », « de même pour ce qui est des additions, on peut ajouter quelque chose qui détruise le sens requis » (IIIa, q. 60, a. 8). Dans ces deux cas, « la vérité du sacrement est supprimée ». Un sacrement peut être invalide parce que le ministre a ajouté ou retranché des éléments essentiels, substantiels.
Qu’est-ce qui différencie validité et licéité ?
Un sacrement correctement administré est à la fois licite (réalisé selon les rites de l’Église) et valide (cause la grâce). Quand il est mal administré, par la faute du ministre,…