Quand l’Église fête ses Apôtres

Publié le 28 Oct 2016
Quand l'Église fête ses Apôtres L'Homme Nouveau

En automne, comme tout au long de l’année, l’Église célèbre des fêtes d’Apôtres : Matthieu (21 sept.), Simon et Jude (28 oct.) et André (30 nov.). Ces fêtes – les natalicia Apostolorum – ont longtemps connu un certain faste. Avant que la Révolution française ne vienne bouleverser un ordre multiséculaire, toutes étaient de précepte et chômées, et préparées par une vigile pénitentielle dont la plupart subsistèrent jusqu’en 1955.

Les Apôtres populaires

Pourquoi une telle popularité ? Principalement parce que nous sommes « bâtis sur le fondement des Apôtres (…), le Christ étant lui-même la pierre d’angle » (Ép 2, 20 ; épître de saint Thomas [f. extraord.] et des saints Simon et Jude [f. ord.]). L’Apocalypse dit encore des remparts de la Jérusalem céleste qu’ils « reposent sur douze assises portant chacune le nom de l’un des douze Apôtres » (21, 14 ; lue à la fête de saint Barthélémy [f. ord.]) à qui Jésus a encore confié le jugement des douze tribus d’Israël (cf. Mt 19, 28). L’hymne des laudes du Commun donne encore un motif de la dévotion des Anciens : « Vous à qui sont partout soumises la santé, la maladie, guérissez les maux de nos âmes et rendez-nous à la vertu » (hymne Exsultet cælum).

Dans le collège des Apôtres, deux ont la préséance : le « Prince des Apôtres » et celui « des Gentils », saint Pierre et saint Paul. Outre leur solennité commune, le 29 juin, le calendrier contient une autre fête pour chacun. Les autres Apôtres, dont la vie après l’Ascension est mal connue, ont souvent des textes communs, à commencer par ce qui fut longtemps la vigile. Son évangile donne comme une définition de l’apôtre : « Je ne vous appelle plus serviteurs (…), maintenant, je vous appelle mes amis (…). Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15,15-16 ; saint Matthias [f. ord.]). « Amis », ce mot revient souvent dans la liturgie des Apôtres, comme dans l’introït Mihi autem : « Combien grande m’apparaît, ô Dieu, la gloire de tes amis ! » (Ps 138,17 [Vulg.]) ou encore les antiennes de l’office, qui reprennent des paroles de Jésus au soir du Jeudi saint. Quant à leur mission, elle est précisée dans une préface : Dieu a « fondé sur les Apôtres l’Église de (s)on Fils, pour qu’elle soit dans le monde le signe vivant de (s)a sainteté, et qu’elle annonce à tous les hommes l’Évangile du royaume des cieux » (Missel Romain [1975], 2e préf. des Apôtres) ; cette foi enseignée par les Apôtres doit d’ailleurs être professée par le Credo lors de la messe de leur fête [f. extraord.].

La mission des évêques

Enseigner la Parole de Dieu, sanctifier par les sacrements et conduire le troupeau, telles sont les trois fonctions que la Tradition de l’Église, appuyée sur l’Écriture, attribue aux Apôtres et qu’elle reconnaît à leurs successeurs, les évêques. Et ces ministères sont largement évoqués dans la liturgie des Apôtres.

Puissent ces fêtes, devenues bien modestes, nous inciter à prier Dieu qui, « nous (a) conduits à la connaissance de (s)on nom par la prédication des Apôtres », de faire « que (s)on Église ne cesse de grandir en accueillant toujours de nouveaux croyants » (collecte des saints Simon et Jude, f. ord.) et que ceux qui lui apportèrent la foi et la gouvernèrent ne cessent pas d’intercéder pour elle (cf. coll. de saint André). Une bénédiction solennelle pour les fêtes d’Apôtres termine ainsi son adresse au peuple : « Votre foi tient son assurance de leur foi, que votre prière obtienne de leur prière les biens du Ciel qu’ils ont déjà reçus » (f. ord.).

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