La vertu surnaturelle de force est grâce de Dieu, mais implique la coopération de l’homme

Publié le 17 Avr 2024
vertu de force

La vertu de force culmine dans la victoire sur la persécution par le martyre. « La dernière prière des martyrs chrétiens » par Jean-Léon Gérôme.

Le 10 avril, le Pape a poursuivi sa catéchèse des vices et vertus entamée en décembre dernier. Il y abordait la vertu de force, don du Saint-Esprit, dont le côté passif mène à la force d’âme, et le côté actif au combat contre le mal dans le monde.

 

La vertu de force possède deux caractéristiques : supporter le danger ou le mal (c’est le côté négatif, caractérisé par la vertu de patience) et lutter contre le danger, que l’on pourrait considérer comme le côté positif qu’étudie présentement le Pape, lors de l’allocution lors de l’audience générale du 10 avril.

Il commence par citer la définition de la vertu de force que nous donne en son numéro 1808 le Catéchisme de l’Église Catholique : « La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour défendre une juste cause. »

La vertu de force se différencie donc nettement de la notion naturelle de force, qui s’avère une donnée complexe recouvrant des réalités aussi diverses que la vigueur physique et le courage spirituel des martyrs. Suivant le sens que l’on accordera à ce terme, la force aura comme équivalent en latin : robur, virtus, fortitudo ou vis.

Au sens naturel, la force paraît surtout signifier la capacité de surmonter une résistance et de la vaincre par un déploiement d’effort. C’est sur cette base que se fondera la vertu et cela dans les deux dimensions que nous avons indiquées. La vertu corrige ainsi ce qui, dans l’ordre naturel, pourrait devenir un danger. Dans ce sens allait la philosophie de Nietzsche, qui est en réalité une âpre revendication du droit de vivre sa vie, sans contrainte, ainsi qu’une justification de son désir de domination sur l’autre. On sait où a conduit une telle conception de la force.

 

Une grâce surnaturelle

La force, dans ses deux dimensions, est donc une vertu combative. Alors que la prudence se rattache à la raison, que la justice se rattache à la volonté, la force se rattache à l’appétit irascible. Distincte de l’énergie naturelle du tempérament, la force est une puissance qui nous vient de Dieu. Elle ne détruit certes pas la vertu naturelle de force, mais elle l’informe par la grâce, l’élevant au niveau de l’activité surnaturelle. Dès lors, ses actes cessent d’être seulement des actes d’homme; ils sont actes de fils de Dieu.

Aux motifs qui peuvent inspirer la vertu naturelle et qu’elle garde, elle ajoute d’autres motifs que lui fournit la lumière de la foi. Tout en conservant la totalité des objets matériels de la vertu naturelle, elle en poursuit de plus élevés : tous ceux qui sont liés à la fidélité chrétienne. D’autre part, la vertu surnaturelle de force est grâce de Dieu, mais son exercice implique nécessairement la coopération de l’homme. Cela exige parfois une rude ascèse. La phrase connue de saint Augustin : « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi », vaut particulièrement pour la vertu de force.

La force a pour but de régler particulièrement les passions, qui de soi sont neutres. Elle les éduque et les dirige conjointement avec le don de force, l’un des sept dons du Saint-Esprit. Un chrétien sans courage, un chrétien tiède sera rejeté par Jésus.

Le côté passif de la force nous oriente vers l’intérieur de nous-mêmes. Il nous aide à combattre nos ennemis intérieurs qui ont pour nom angoisse, peur etc. La force d’âme qui subit sans fléchir est une victoire de nous-mêmes sur tout ce qui pourrait nous paralyser dans notre action vertueuse.

Par son côté actif, la vertu de force lutte surtout contre nos ennemis extérieurs : maladies, épreuves de la vie et elle culmine bien sûr dans la victoire sur la persécution par le martyre. La vertu de force est donc précieuse car elle prend au sérieux le défi du mal dans le monde. Pour dire non au mal grâce à la vertu de force, imitons la force de Jésus dans sa Passion et la force de la Socia Christi, qui se tenait debout au pied de la Croix.

 

>> à lire également : Valeur et âge de la confirmation, des pratiques à mettre en question (1/3) 

 

Un moine de Triors

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