Quod Dei Deo, quod Caesaris Caesari

Publié le 23 Oct 2017
Quod Dei Deo, quod Caesaris Caesari L'Homme Nouveau

« Neuf fois sur dix, ce qu’on prétend être des nouvelles idées, ne sont en fait que de vieilles hérésies » (Pourquoi je suis catholique, G.K. Chesterton). Gageons que c’est par amitié pour le sympathique penseur anglais que la hiérarchie ecclésiale semble désespérément vouloir lui donner raison. O tempora, O mores.

Il est courbé, à peine debout sous ce chaud soleil de Palestine. Ses traits sont labourés par tant de haine qu’on y devine la sombre moisson. Pontife en cette année-là, il vocifère et réclame la libération du meurtrier. Monstrophile (sic), il coopte l’horreur. Il fait campagne, la foule hurle. Hurler… voilà tout ce qu’elle sait faire. « Pas Lui, Barrabas! » Précis de sagesse démocratique!

Mais le crime ne s’arrêtera pas là. L’antique serpent, coquetterie démoniaque, ne résiste jamais à parader ostensiblement le bout de sa queue…

Devant la pusillanime oscillation de Pilate, il assène le coup le plus vil de l’histoire. Lui, le plus farouche ennemi de l’Empire, lui qui ne rêve que de liberté pour son peuple, feint la soumission pour accuser le préfet. Il pousse la foule à scander : « Si tu le relâches, tu te fais l’ennemi de César »! Et l’argument porte… Un Romain qui manque de colonne! Couardise et iniquité ; armes déicides.

La confusion des ordres

La putride intention du théocrate n’est cependant pas seule à blâmer. Aussi en examen, sa cousine, la funeste confusion des ordres. Pour bafouer le Verbe, d’une façon ou d’une autre, il faut toujours inverser la syntaxe de la nature.

Si la Synagogue, interprète de la loi divine, avait toute autorité pour interpréter Moïse, elle est risible lorsqu’elle glose sur Cicéron… Et pourtant, quelle hargne l’aveugle!

N’est-ce pas là le levain de l’indigeste pain quotidien des prêcheurs contemporains? Qu’entends-je encore sinon des autorités religieuses qui m’accusent.

Certes, comme Pilate, j’ai fait flageller le Christ. Je le confesse, mes lâchetés intermittentes ont trop souvent échoué à défendre Jésus. Me reprocherait-on ces infidélités que je n’aurais rien d’autre à plaider que Mea Maxima Culpa!

Non ! Plutôt qu’une accusation méritée et salutaire j’entends leurs sinistres voix me répéter encore, me répéter toujours: Tu es l’ennemi de César!

Les bals masqués électoraux

Oui, toi ! Lorsque tu ne participes pas aux libations écologiques, aux bacchanales migratoires et aux bals masqués électoraux. Toi qui veut pendre le meurtrier et juge sans vergogne le divorcé impénitent. Toi, le réactionnaire rigide qui préfère les vieilleries au progrès des idées… tu es l’ennemi du Régime ! Tu es l’ennemi de César. Et tu dois mourir !

Sous le chaud matin de Palestine, courbé mais suprêmement debout, droit comme aucun Homme ne l’avait jamais été, l’Homme Nouveau suait, blessé au cœur. Sa mère co-rachetait ses enfants en se consommant, brûlée par l’insoutenable tragédie dont elle saisissait toutes les nuances.

Vierge secourable, me voici, suivant le Maitre à Gabatha. Soyez cette colonne d’ivoire sur laquelle je veux fermement m’attacher. Soutenez-moi pour que, accusé par la Synadémagogue, je reste debout sur le douloureux calvaire de la confusion.

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