Le 3 juillet 2024, plus de 40 personnalités du Royaume-Uni et du Commonwealth ont adressé une lettre ouverte au pape François pour demander qu’il ne restreigne pas davantage la messe en latin. Les signataires soutiennent l’importance “culturelle” de la forme dite extraordinaire du rite romain.
Bien qu’aucune nouvelle directive n’ait encore été émise, une lettre publiée mardi dans le journal The Times implore le Vatican de ne pas imposer de nouvelles restrictions au rite tridentin. « Nous demandons instamment au Saint-Siège de reconsidérer toute nouvelle restriction de l’accès à ce précieux patrimoine spirituel et culturel qu’est la messe préconciliaire », affirme ce texte.
Il est signé par plus de 40 personnalités du monde de l’art, de la culture et des affaires, certaines étant bien connues du public, rapporte le média américain The Pillar. Parmi les signataires, on trouve le prince Michael de Kent, membre de la famille royale, la chanteuse lyrique néo-zélandaise Kiri Te Kanawa et l’historien Tom Holland. La lettre a également été signée par des membres de la Chambre des Lords.
« Des rapports inquiétants de Rome suggèrent que la messe en latin pourrait être bannie de presque toutes les églises catholiques », déclare la lettre. « C’est une perspective douloureuse et déroutante, en particulier pour le nombre croissant de jeunes catholiques dont la foi a été nourrie par ce rite. »
Cette initiative est motivée en partie par le motu proprio Traditionis custodes, qui a déjà imposé de sévères restrictions à la pratique de la messe traditionnelle ainsi que par des rumeurs d’une nouvelle vague imminente de restrictions, qui élimineraient presque totalement la possibilité de célébrer selon ce rite.
Les signataires plaident pour la préservation de la liturgie traditionnelle en raison de son importance culturelle et historique, la comparant à une « cathédrale évoluant comme ces vénérables édifices au fil des siècles ». Ils soulignent par ailleurs la capacité de ce rite à « encourager le silence et la contemplation », un trésor « difficile à reproduire et impossible à reconstruire une fois disparu ».
La lettre fait écho à une précédente pétition de 1971. À cette époque déjà, les signataires s’inquiétaient de rumeurs évoquant « un plan visant à supprimer » la messe en latin. Parmi eux figuraient des noms célèbres du monde culturel britannique, comme la romancière Agatha Christie ou encore l’écrivain Graham Greene.
La lettre de 2024 reprend un argument de 1971, estimant que la messe traditionnelle fait partie intégrante de la « culture universelle » car elle a « inspiré une multitude de réalisations inestimables dans les arts – des œuvres mystiques ainsi que des œuvres de poètes, de philosophes, de musiciens, d’architectes, de peintres et de sculpteurs à travers le monde et les époques ». Cet appel avait eu un certain effet sur le pape Paul VI, qui avait alors permis aux évêques d’Angleterre et du Pays de Galles d’approuver des messes en rite extraordinaire lors d’occasions spéciales.
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