Approfondir la spiritualité de Saint Benoît

Publié le 07 Mai 2018
Approfondir la spiritualité de Saint Benoît L'Homme Nouveau

À l’occasion du 125ème anniversaire de la Confédération bénédictine, le pape François a prononcé un discours qui met bien en lumière la spiritualité de saint Benoît connue pour son triple charisme qu’il cite intégralement : ora et labora et lege ; prie, travaille et lis. Tels sont en effet les trois piliers de la vie contemplative. Pour entrer dans l’intimité de Dieu, il faut commencer par se familiariser, grâce à la prière, avec le mystère de la Sainte Trinité. Saint Benoît l’énonce en des termes lapidaires : « chercher Dieu vraiment ». Benoît XVI en a rappelé l’importance dans son fameux et remarquable discours aux Bernardins, en septembre 2008, devant le parterre de la culture française. Associée à l’oraison, la tradition monastique a toujours prôné la lectio divina, déjà connue par le judaïsme et dont la pratique devint exigeante et radicale avec les Pères du désert. Toutes deux constituent des jalons qui doivent aboutir à la contemplation. La lectio divina n’est, en effet, rien d’autre que cette lecture goûtée et méditée de la Parole de Dieu, dans le texte lui-même, mais aussi en s’aidant des commentaires des Pères de l’Église et des grands maîtres de la vie spirituelle. Si la lectio divina alimente la prière, cette dernière demeure indispensable et elle reste au centre de la vie du moine. La prière dispose le cœur à recevoir les dons de Dieu et à les communiquer à son tour. Cette prière revêt chez le bénédictin une double forme. Comme prière individuelle, elle est l’épanchement de l’âme qui ne préfère absolument rien au Christ. Comme prière communautaire, elle participe à la prière de l’Église et à l’unique liturgie du ciel et de la terre. C’est pourquoi le bénédictin vit de la liturgie, « Œuvre de Dieu » à laquelle il ne doit rien préférer, selon l’axiome central de la Règle bénédictine. Cette liturgie est une rencontre vivante avec la présence des Trois. En ce sens, le rôle des bénédictins est précieux pour toute l’Église. Que l’on songe simplement au rôle du pape bénédictin saint Grégoire le Grand !

Le pontificat de Benoît XVI nous a fait entrevoir le rayonnement de cette étoile lumineuse que fut saint Benoît proclamé « patron de l’Europe » par Paul VI. Saint Benoît a vécu dans un temps de crises après la décomposition de l’Empire romain et l’invasion des barbares. Par la Croix, le livre et la charrue, lui et ses fils fondèrent l’Europe chrétienne, en centrant tout sur le Christ et à travers lui sur l’essentiel. Notre époque ressemble à la sienne. Aussi le Pape compte-t-il sur les bénédictins pour aider chacun dans le discernement qu’il a à faire en reconnaissant ce qui vient de l’Esprit Saint et ce qui vient du diable. Demandons à l’Esprit Saint, mais aussi à saint Benoît, de répandre largement en nous le don de sagesse, ce don qui resplendit de façon particulière chez les vieux moines. Aussi les monastères sont-ils devenus des oasis dans lesquelles les mendiants de Dieu viennent se désaltérer. C’est pourquoi, à la suite de Paul VI, le Pape insiste sur l’hospitalité à rendre d’abord aux pauvres et aux pèlerins. Il insiste ensuite sur la stabilité caractéristique essentielle du monachisme bénédictin, construit sur le modèle de la famille. Que Marie Mère de l’Église fasse de tous les moines des signes visibles de l’Amour dans le cœur même de l’Église. Que saint Benoît ainsi que sa sœur sainte Scholastique dont l’amour a été encore plus puissant sur le cœur de Dieu, fasse de tous leurs fils et filles des saints éclairant le monde présent qui git en grande partie sous le joug de Satan et des ténèbres.

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