Découvrir la liturgie comme chemin nécessaire du salut

Publié le 20 Mai 2018
Découvrir la liturgie comme chemin nécessaire du salut L'Homme Nouveau

Située dans le Puy-de-Dôme depuis 1971, date de sa fondation par l’Abbaye de Fontgombault, l’Abbaye Notre-Dame de Randol organise des Journées liturgiques afin de puiser à la source de la liturgie un amour plus ardent de Dieu et de l’Église. 
Le Très Révérend Père Abbé de Notre-Dame de Randol, Dom Bertrand de Hédouville, revient sur le sens donné à de telles Journées et sur l’importance de la liturgie.

Vous organisez des Journées liturgiques. De quoi s’agit-il ? 

De se convertir. La foi chrétienne n’est pas un système clos sur lui-même. Elle est adhésion au Dieu vivant et vrai. Cela implique deux choses : de connaître Celui auquel on donne son adhésion, et de L’aimer, de se tourner vers Lui. Ce qui n’est pas autre chose que se convertir. D’un mouvement qui dure toute une vie, jusqu’au terme qui est Dieu lui-même, la Béatitude. Ce que l’on a trop tendance à oublier, c’est que cette conversion consiste tout simplement à vivre la profondeur et la beauté de la rencontre avec le Seigneur, laquelle se concrétise de façon indispensable dans la liturgie de l’Église. Ce qui explique le sens donné à ces Journées liturgiques, qui veulent approfondir ce chemin nécessaire de salut qu’est la liturgie de l’Église catholique, en revenant aux fondamentaux de la pratique religieuse.

Il est étonnant, en effet, que la vie liturgique soit trop souvent vécue et pratiquée comme un simple supplément à la vie spirituelle, alors qu’elle doit être sa source, ainsi que le dit le Concile : « La sainte Liturgie est la source première, et même nécessaire, à laquelle les fidèles doivent puiser un esprit vraiment chrétien. » (Constitution sur la Sainte Liturgie, SC n. 14) Que l’on pense, par exemple, aux trop nombreux fidèles qui ne prennent part à la messe dominicale que de façon occasionnelle. De même qu’on peut s’interroger sur les incohérences de certains autres qui sont de connivence plus ou moins consciente avec des pratiques contraires à la foi de l’Église, comme l’avortement, s’adonnent à l’occultisme ou croient en la réincarnation. 

Dans un autre domaine, on voit souvent les « exercices sacrés », comme des retraites spirituelles, prêchés souvent avec fruit, mais sans être, « réglés en tenant compte des temps liturgiques et de façon à s’harmoniser avec la liturgie, à en découler d’une certaine manière, et à y introduire le peuple parce que, de sa nature, elle leur est de loin supérieure. » (SC n. 13)

Dans tous ces cas, la liturgie peut être vécue avec sincérité, mais elle restera incomprise quant à la vérité profonde qui s’y déroule, par négligence, par recherche d’une fausse mystique, ou en en laissant la célébration aux religieux ou aux prêtres dans leur isolement et une certaine indifférence.

Quand auront-elles lieu et à qui s’adressent-elles ? 

Ces Journées se tiendront sous deux formes :

Durant trois jours, réservés aux messieurs âgés de 18 à 35 ans, à raison de quatre interventions de ¾ d’heures par jour. La première session se tiendra cette année, du jeudi 28 juin, à 17 h jusqu’au dimanche 1er juillet, 18 h.

Durant l’année, selon le nombre de demandes, ouvertes à tous, plus spécialement aux fidèles proches de l’abbaye.

Qu’entendez-vous exactement par « liturgie » ? Sera-t-il question de la messe uniquement ou plus largement des Offices ? De discipline liturgique, du sens de la liturgie ou de spiritualité liturgique ? 

La liturgie est l’expression la plus haute de la foi de l’Église, en même temps que sa forme la plus populaire. Elle réalise ce tour de force de façon unique en unissant à la fois les vérités révélées les plus profondes et essentielles du dogme chrétien, et la puissance de solennité pour élever et tourner les âmes vers Dieu. Il y a une interaction très forte entre foi et liturgie : l’une et l’autre grandissent ou s’affaiblissent d’un même mouvement. Si la liturgie est « la source première et nécessaire de la vie chrétienne », elle est aussi le seul chemin sûr pour revenir au Christ, en prenant conscience du don immense qui nous est fait en Lui, et d’abord par la grâce du baptême. Cela suppose de vivre cette reconnaissance par une participation intime à sa Passion, en particulier dans les sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie, mais aussi dans chaque instant de la vie, par la pratique d’une charité sans limite. Alors, oui, il sera question de la sainte messe, et de tout ce qui touche à la pratique liturgique et sacramentelle, de tout ce qui peut faire de notre vie une liturgie permanente devant Dieu, qui mêle contemplation, adoration et charité active.

Ces Journées liturgiques aborderont-elles, par exemple, la question de la récitation des Heures, sachant que selon que l’on suit l’une ou l’autre forme, les bréviaires sont différents et que même dans la forme extraordinaire, le bréviaire romain est différent du bréviaire monastique ? 

Il est heureux de voir de nombreux fidèles s’unir à la prière de l’Église par la récitation des Heures, chacun selon ses possibilités. C’est la preuve d’un esprit vraiment chrétien, qui alimente sa vie à la source des eaux vives qu’est la Parole de Dieu. On ne peut qu’encourager cette pratique, qui porte des fruits pour la vie des fidèles et donc aussi pour la vie de l’Église, la vie familiale et sociale.

Cette vie de prière, en effet, a été un ferment de cohésion et de vitalité durant de nombreux siècles, il est fort souhaitable qu’elle se développe toujours plus, car elle ne peut que favoriser le sens de la liturgie et de l’Église. Comment dire alors que la récitation de tel ou tel bréviaire est plus méritoire que tel ou tel autre ? Si cette prière des Heures est vécue en vérité, dans la fidélité à ce que demande l’Église, et dans la charité, elle fait fi des différences de rites, tous deviennent « extraordinaires » ! 

Ce dont on peut se réjouir aussi, c’est que cela amène peu à peu ces mêmes fidèles à prier ensemble, que ce soit chez eux, ou dans une église, avec leurs prêtres ou non. Car c’est là une expression de la communion ecclésiale, dans le Seigneur qui veut rassembler ses enfants dans l’unité. Cette prière des Psaumes, en effet, est plus accessible à tous les croyants, et peut donner, à certaines occasions, la possibilité de vivre l’œcuménisme de la prière.

Quelle sera la part entre les conférences, la participation aux Offices et la vie de prière personnelle ?

Les Journées Liturgiques de Randol se veulent un temps et un lieu de formation et de réflexion. L’enseignement sera donné en deux temps : le matin seront abordés les aspects fondamentaux de la liturgie, dans son essence qui est liée au Christ, notre Grand-Prêtre et notre Tête, à travers bien sûr les sacrements, le sens du sacrifice, mais aussi le lien entre prière, Parole de Dieu et liturgie ; l’après-midi, les aspects plus « pratiques », comme la célébration, la participation, l’année liturgique, les lieux, les symboles chrétiens, le chant, l’architecture et donc aussi le missel ou le bréviaire. Mais il ne sera pas question directement de faire une initiation à la célébration, apprendre à diriger une chorale ou décorer un autel. Même si ces questions pourront être évoquées. Parler de la liturgie, c’est parler de ce qui fait la vie de l’Église. Selon l’intérêt suscité par cette première session, il est donc envisagé de les poursuivre et de les renouveler, tant le sujet est vaste et mérite d’être mieux connu et vécu.

Cela laissera le temps, pour ceux qui le désirent, de participer à tous les offices monastiques et d’avoir encore un temps de prière personnelle. L’accueil dans le cadre de la vie régulière du monastère fera de plus bénéficier de la vie commune, par le logement à l’hôtellerie et les repas pris avec la communauté.

Qui seront exactement les intervenants ? 

Toute la communauté des moines de Randol est partie prenante de ce projet, et le porte dans la prière. Reste que tous les moines ne pourront pas intervenir ! Plusieurs moines donc ont été choisis pour préparer les enseignements. Il n’est pas prévu d’intervenants extérieurs.

Dans votre prospectus de présentation, vous faites partir l’enseignement de l’Église du concile Vatican II puis des actes du Magistère postérieurs. Est-ce à dire que ne sera pas pris en compte l’enseignement antérieur, au risque de marquer là une rupture, contraire au développement organique de la liturgie ?

La Constitution sur la Sainte Liturgie, du second Concile du Vatican, et la réflexion de fond qu’elle a suscitée, s’enracine dans la tradition de l’Église. Il n’est donc pas question de faire comme si tout avait commencé avec Vatican II. Les références elles-mêmes données par les textes magistériels récents, et ceux du Concile, font suffisamment appel à l’enseignement de Pie XII, par exemple, pour ne pas enfermer la liturgie dans une recherche incessante de la nouveauté ou d’une créativité sans borne. Le mouvement liturgique, qui a pris forme au début du XXe siècle, prend son appui sur l’élan donné par saint Pie X, et lui-même sur dom Guéranger. Il y a une continuité qu’il faut respecter si l’on veut avoir l’intelligence réelle du développement organique de la liturgie.

Qu’attendez-vous concrètement de ces Journées ?

Rien d’autre que d’essayer de rapprocher les fidèles de Dieu, de leur faire aimer toujours davantage l’Église, en leur donnant un enseignement en profondeur, à partir d’un sujet qui touche le cœur de leur vie, et qui pourtant reste souvent mal compris.

Pratiquement, comment s’inscrire et ensuite se rendre à Randol ?

Les inscriptions sont possibles par courrier : Abbaye Notre-Dame de Randol – 63450 COURNOLS (France) –, par téléphone. : 33 (0) 473 393 100, ou sur notre site internet : www.randol.org 

Pour la première session il faut s’inscrire si possible avant le 1er juin.

Pour venir en voiture : autoroute A75, sortie 5, Saint-Amant-Tallende, suivre la D 213 sur 5,5 km ; prendre Saint-Saturnin puis RANDOL. (GPS : long. 3°04’21’’E – lat. 45°38’35’’N – Covoiturage : La Jonchère)

Ou en train : Clermont-Ferrand, puis en car de Clermont à Saint-Saturnin, et finir à pied !

Pour nos lecteurs qui ne connaîtraient pas l’abbaye de Randol, pouvez-vous en quelques mots la présenter et nous dire quelle liturgie s’y déploie ? 

Fondée par l’Abbaye de Fontgombault, en 1971, l’Abbaye Notre-Dame de Randol se rattache à la Congrégation bénédictine de Solesmes, dans un site privilégié de l’Auvergne, terre autrefois si riche de vie monastique. Actuellement la communauté se compose de 37 moines, et bénéficie pour la liturgie du motu proprio de Benoît XVI, Summorum Pontificum, en plein accord avec le Saint-Siège.

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