L’Évangile du jour commenté par le Pape lors de l’angélus du 16 janvier 2022 est celui du troisième mystère de l’Épiphanie que nous avons évoqué dans notre dernier article : il évoque l’achèvement du plan de la divine miséricorde sur le monde, et nous manifeste une troisième fois la gloire de Jésus. L’étoile a conduit les mages à la foi ; l’eau sanctifiée du Jourdain a conféré au monde la pureté en annonçant le baptême dans l’Esprit Saint ; les noces de l’Agneau annoncées à Cana nous unissent au Père dans le Fils, qui à Cana veut nous enivrer du vin de son amour.
Nous connaissons bien l’épisode : un festin est préparé; la Mère de Jésus y assiste. Mais, au milieu de ce festin, le vin vient à manquer. Jusqu’alors, la Gentilité n’avait point connu le doux vin de la charité ; la Synagogue n’avait produit que des raisins sauvages. Le Christ est la vraie Vigne, comme il le dira lui-même dans le discours d’adieu. Lui seul pouvait donner « ce vin qui réjouit le cœur de l’homme », et nous présenter à boire de ce « calice enivrant » qu’avait chanté David. Marie dit à son Fils: « Ils n’ont plus de vin. » C’est à la Mère de Dieu de lui représenter les besoins des hommes, dont elle est aussi la mère. Cependant, Jésus lui répond avec une apparente sécheresse : « Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue. » C’est que, dans ce grand Mystère, il allait agir, non plus comme Fils de Marie, mais comme Fils de Dieu. Plus tard, à une heure qui doit venir, il apparaîtra aux yeux de cette même Mère, expirant sur la croix, selon cette humanité qu’il avait reçue d’elle. Marie a compris l’intention divine de son Fils, et elle profère les paroles qu’elle répète sans cesse à tous ses enfants : « Faites tout ce qu’il vous dira », consigne toujours actuelle pour chacun de nous. La sainteté s’identifie toujours à l’accomplissement intégral de la volonté de Dieu, à l’image du Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort. Il y avait là six grands vases. Le monde était parvenu à son sixième âge, dit saint Augustin. Durant ces six âges, la terre attendait son Sauveur, qui devait l’instruire et la sauver. Jésus commande de remplir d’eau ces vases ; mais l’eau ne convient pas pour le festin de l’Époux. Les figures, les prophéties de l’ancien monde étaient cette eau ; et nul homme, jusqu’à l’ouverture du septième âge, où le Christ qui est la Vigne devait se communiquer, n’avait contracté alliance avec le Verbe divin. Mais l’Emmanuel est venu, il dit : « Puisez maintenant » le vin de la nouvelle Alliance « réservée pour la fin ». Le changement est réel en même temps que symbolique. En prenant notre nature humaine, faible comme l’eau, il l’a élevée jusqu’à lui, nous rendant « participants de la nature divine ».
Le Pape actualise pour nous, de façon très spirituelle. Nous devons bien comprendre, ce miracle de Cana. D’abord, tout vient de Marie : on ne peut aller à Jésus que par elle. D’autre part, ce miracle, si spectaculaire qu’il soit, reste caché et il n’a donc pour la plupart des convives rien d’extraordinaire, si ce n’est que le chef du festin reconnaît que le meilleur a été versé à la fin. Avec Jésus la joie n’est jamais diluée. Le Pape enfin nous invite à essayer de rechercher dans notre vie les signes, spectaculaires ou non, que le Christ a accompli en nous, signes par lesquels il nous a montré sa tendresse. Cela nous permettra de revivre tous ces moments de grâce dus à l’intervention maternelle de Marie. Prions-la, pour que comme à Cana elle nous aide à garder dans nos cœurs les signes merveilleux et si précieux de la présence et de l’amour de Jésus en nous et pour nous.