> Enquête Quas Primas
Pour le Révérend Père Geoffroy Kemlin, Père abbé de Saint-Pierre de Solesmes, l’encyclique Quas Primas de Pie XI se contente d’instituer une fête du Christ-Roi. Il prend acte positivement du pluralisme religieux des sociétés modernes pour affirmer la nécessité de la liberté religieuse tout en estimant qu’il n’y a pas rupture avec l’enseignement antérieur.
Inutile de tourner autour du pot : oui, c’est vrai, certains passages de l’encyclique Quas Primas, publiée le 11 décembre 1925, ne paraissent plus très en phase avec l’enseignement et la vie de l’Église aujourd’hui. Citons par exemple la fin du n. 13 (1) : « Les chefs d’État ne sauraient donc refuser de rendre – en leur nom personnel, et avec tout leur peuple – des hommages publics, de respect et de soumission à la souveraineté du Christ. » Ou encore le n. 21 : « les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public ».
Une saine laïcité ?
Aujourd’hui, au nom de la liberté religieuse, l’Église n’exige plus des gouvernants qu’ils rendent un culte public au Christ. Le 15 décembre dernier, à Ajaccio, le pape François a longuement cité Benoît XVI :
« Une saine laïcité signifie “libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux. […] Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité (unité-distinction) est nécessaire, et même indispensable aux deux” (exhortation apostolique postsynodale Ecclesia in Medio Oriente, n. 29). »
Le R.P. Louis-Marie de Blignières a bien montré que la doctrine sur la liberté religieuse exposée dans Dignitatis Humanae et le magistère subséquent ne s’opposent pas à la doctrine de Quas Primas. Dans un article publié sur Internet, il écrit :
« Dans une société qui ne jouit pas de l’unité de croyance dans la foi catholique, la loi divine exige que les chrétiens (et les hommes de bonne volonté) aient le souci de travailler à ce que la société civile honore la loi naturelle et qu’elle donne à l’Église…