L’alléluia de la messe de la Toussaint nous présente une mélodie à la fois solide et élancée qui se structure autour de quelques notes fondamentales : le sol (*) et le do (*), respectivement tonique et dominante du 8e mode, souvent mises en relation par l’intervalle de quarte ; le fa qui joue le rôle d’appui bien ferme de la sous-tonique, au début d’une montée comme au terme d’une descente mélodique (*) ; le ré enfin qui conclut au sommet la quinte du mode de sol et que l’on rencontre à trois reprises comme note supérieure d’une incise (1, 2, 3). Le mi aigu ajoute ici sa noble nuance de plénitude qui sera même dépassée par celle, plus douce, du fa dans les élans sereins du verset. L’ensemble de la vocalise baigne en effet dans une atmosphère de grande confiance, de douceur et de tendresse en même temps que de certitude, ce qui est la caractéristique du 8e mode. On chantera cet alléluia dans un tempo assez large, sans éclat mais avec une bonne chaleur vocale. Les contours de la mélodie invitent à y mettre de la vie, c’est-à-dire des variations d’intensité et de mouvement, selon qu’on s’élève dans les hauteurs ou que l’on revient au grave, le tout dans un beau legato imperturbable. Le long mélisme, qui servira de thème musical à tout le verset, nous prépare à entendre le message aimable, attirant et réconfortant délivré à ses fidèles par le Seigneur lui-même : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous donnerai le repos »(Mt 11, 28).
Pour écouter cet Alleluia. chanté par las moniales d’Argentan, ou celui-ci chanté par les moines de Solesmes.
Ce billet est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau que vous pouvez commander à nos bureaux (10 rue Rosenwald, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 99 77, au prix de 4 euros), ou télécharger directement sur ce site en cliquant sur le lien ci-dessous.