L’alléluia de la sainte Croix nous offre une mélodie du 8ème mode, très ferme, très structurée, mais qui n’est pourtant pas sans douceur ni retenue. Elle est située tout entière à l’intérieure de la quarte sol-do, à l’exception du mi initial (*) et des deux fa des deux incises identiques (*). Le sol joue à plein son rôle d’appui et d’élan (*), c’est lui qui soutient toute la mélodie, laquelle, après une intonation simple et nette, se déploie en une belle courbe ondulante partant à l’aigu (1), descendant au sol et même au fa (2), puis remontant avec l’élan de ses deux intervalles de tierce jusqu’au do (3) et redescendant enfin au sol (4). L’intervalle do-si que l’on rencontre à cinq reprises tout au long de ce jubilus apporte une nuance
renouvelée de douceur qui atténue sensiblement l’atmosphère puissante du mode majeur. C’est toutefois dans la fermeté que se conclut la pièce avec une cadence finale très soutenue, composée de deux tons pleins vigoureux (si-la et la-sol). Le verset, inspiré de l’hymne Crux fidelis de la Passion, chante avec noblesse le paradoxe d’un supplice affreux mais rendu très aimable par la qualité de la victime : « Doux bois, doux clous, portant le doux fardeau. Vous seuls avez été dignes de soutenir le Roi des Cieux, le Seigneur ». Ajoutons que le début de cet alléluia a servi de thème à une séquence Laudes crucis extollamus dont la mélodie a été choisie postérieurement pour le Lauda Sionde saint Thomas d’Aquin. C’est pour cela notamment qu’il chante assez spontanément dans nos cœurs.
Pour écouter cet Alleluia.
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