“Nous avons vécu une assemblée qui avait une odeur de printemps.” Ce vendredi 31 mars, Mgr de Moulins-Beaufort, en tant que président de la Conférence des évêques de France, a entamé son discours de clôture sur un ton plus léger que l’édition de l’automne dernier.
Les neufs groupes de travail (GT), constitués à la suite du rapport de la CIASE en novembre 2021, sont venus rendre compte de leurs travaux. Un document de 250 pages avait été présenté aux évêques dans l’église Sainte-Bernadette sous la forme “d’ateliers”. Chaque groupe ayant travaillé sur la lutte contre les abus avait affiché ses propositions de résolutions. Les évêques ont ensuite été invités à “se promener” entre chaque emplacement en y apposant leurs gommettes de couleur en fonction de leur accord (rouge, orange, vert). Un autre espace était réservé à des tables rondes, permettant aux évêques d’échanger avec les membres des GT sur les propositions qui feraient éventuellement l’objet d’un désaccord.
Les évêques ont enfin reçu mercredi soir la copie définitive des propositions soumises au vote. Les résolutions adoptées ont été communiquées ce vendredi après-midi. La majorité des nouvelles mesures seront intégrées progressivement au sein des diocèses. Mais certaines concernent l’Église toute entière et seront discutées aux sessions synodales prévues à Rome en 2023 et 2024.
Le résultat des votes a été communiqué avec la précision qu’il s’agissait davantage d’un nouveau processus à engager pour “construire une Église plus sûre”. Dans ce « changement de culture », fréquemment évoqué depuis l’ouverture de cette Assemblée plénière, il y a celui d’engager les laïcs dans la préparation des décisions, bien que les évêques soient les seuls à pouvoir acter définitivement. Les évêques ont également approuvé la création d’une réunion qui aura lieu “tous les trois ans, une assemblée de type synodal de l’Église en France”.
Parmi les propositions retenues par les évêques, il y a celle de partager les bonnes pratiques, notamment avec le Conseil de prévention de lutte contre la pédophilie (CPLP) et le Service national de protection des mineurs (SNPM). Les propositions du groupe de travail n°2 sur la confession et l’accompagnement spirituel ont été largement adoptées par les évêques mais devront être étudiées par les Conseils presbytéraux des diocèses de France avant d’être à nouveau présentées à la CEF pour un vote final.
L’état d’esprit général consisterait donc à revoir de manière globale les différentes pratiques en cours : les principes de discernement dans les séminaires, l’accompagnement des prêtres dans leur paroisse en organisant des rencontres plus fréquentes avec leur évêque, la collégialité dans les prises de décisions dans les cas de signalement d’abus.
Le groupe de travail n°8 (GT8) sur l’analyse des causes des violences sexuelles au sein de l’Eglise ne serait pas parvenu à convaincre les évêques. Leurs propositions émises comme celle du diaconat féminin ou bien de l’ordination des hommes mariés avaient attiré l’attention dès l’ouverture des travaux. Aucune proposition ne semble avoir été validée à l’issue de cette semaine. La Commission doctrinale aurait engagé de son côté un long travail sur “ le sacerdoce ministériel, exigence éthique du célibat des prêtres, instrumentalisation des Écritures, morale sexuelle et anthropologie, distinction pouvoir d’ordre et pouvoir de gouvernement”. Pour le moment, “les évêques demandent à la commission doctrinale de passer leurs travaux au crible des propositions du GT8”. Les résultats pourraient être à nouveau discutés lors de la prochaine Assemblée plénière.
Les conclusions des travaux de cette semaine ont fait l’objet d’une grande attention, car ils étaient le fruit d’une demande émise en novembre 2021. Les résolutions adoptées seront cependant introduites progressivement dans les diocèses, et ont pour le moment vocation à “nourrir pour longtemps la réflexion”.