Au quotidien n°183 : la Turquie vaut bien un divan

Publié le 08 Avr 2021
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L’Europe a tenté de renouer ses liens avec la Turquie par une visite à Ankara du président du Conseil européen Charles Michel et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Celle-ci n’a pas été invitée à s’asseoir avec les hommes, islam oblige, mais seulement sur un divan, à part. Derrière cette visite rapporte Présent (7 avril 2021), la question des migrants.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel étaient mardi à Ankara pour des discussions avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Après ses multiples déclarations incendiaires de l’année dernière, Erdogan semble avoir changé de ton depuis le début de l’année, ce que les commentateurs européens mettent sur le compte des difficultés économiques de la Turquie dont le premier marché à l’export est l’Union européenne, puisqu’elle compte pour plus de 40 % des exportations.

On pourrait cependant tout aussi bien imputer ce changement de ton au fait que le président turc a atteint ses buts, dans le Caucase où il a soutenu l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, et encore en Libye où la Turquie a consolidé sa présence ; également en Méditerranée orientale où la Grèce est désormais engagée dans des négociations pour régler le différend provoqué par un accord de délimitation maritime signé par Ankara avec le gouvernement de Tripoli en novembre 2019 et par l’envoi de missions d’explorations gazières l’année dernière dans des eaux revendiquées par la Grèce comme faisant partie de ses zones économiques exclusives aux termes de traités internationaux non ratifiés par la Turquie.

Inversement, la Turquie se retrouve isolée en Méditerranée après la création en septembre 2019 par l’Italie, la Grèce, Chypre, l’Egypte, la Jordanie, Israël et les Territoires palestiniens d’un « Forum du gaz de la Méditerranée orientale ». Un forum rejoint par la France en mars 2021.

Ce sont donc autant de raisons qui peuvent pousser Ankara à vouloir renouer les relations avec l’UE tandis qu’à Bruxelles, et surtout à Berlin, on recherche un retour à l’accord sur les réadmissions de migrants par la Turquie, signé en 2016 mais mal appliqué par Ankara, et même plus du tout depuis au moins l’année dernière, quand au début du printemps la Turquie avait lancé des vagues de migrants à l’assaut des frontières grecques.

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