Au quotidien n°341 : la sainteté pour résoudre la crise

Publié le 15 Fév 2022
Au quotidien n°341 : la sainteté pour résoudre la crise L'Homme Nouveau

Loin de nier l’existence d’une crise dans l’Église et la société, loin aussi de passer au-dessus des médiations naturelles par surnaturalisme excessif, le professeur Roberto de Mattei, dans Correspondance européenne (14 février 2022) met en évidence l’importance de la sainteté et souligne le modèle que représente saint Joseph.

Au cours des époques mouvementées de l’Histoire, nous devons comprendre que ce n’est qu’en nous-mêmes que nous pouvons trouver la solution aux problèmes qui nous affligent. Nous ne combattons pas une bataille politique, sociale ou sanitaire mais nous sommes les soldats d’une guerre au long cours contre la chair, le diable et le monde, guerre qui remonte aux débuts de la Création. Dans cette bataille, ainsi que l’explique le Père Reginald Garrigou-Lagrange (1877-1974) « une vie intérieure est pour chacun d’entre nous la seule chose nécessaire » (Les trois ages de la vie spirituelle, traduction italienne Fede e Cultura, Verona 2020, p. 21). La vraie vie de l’homme n’est en effet pas la vie superficielle et extérieure du corps, destiné au dépérissement et à la mort, mais la vie immortelle de l’âme qui ordonne dans la juste direction ses puissances.

Dieu ne nous demande pas de sauver la société, mais de sauver notre âme et de Lui rendre gloire, y compris au plan social, au travers du témoignage public de la vérité de l’Evangile. Dieu seul sauve la société et Le fait au travers de l’Eglise qui ne perd jamais ses caractéristiques distinctives, à commencer par la sainteté qui lui est intrinsèque. C’est pourquoi, durant les périodes de malaise et d’égarement généralisés, écrit encore le Père Garrigou-Lagrange, « il existe la nécessité pour chacun d’entre nous de penser à la seule chose nécessaire et de demander au Seigneur des Saints qui ne vivent que de cette pensée et soient les grands animateurs dont le monde a besoin. Au cours des périodes les plus turbulentes, comme à l’époque des Albigeois et plus tard avec l’avènement du protestantisme, le Seigneur envoya des multitudes de Saints. Le besoin n’en est pas moins grand aujourd’hui » (Les trois ages de la vie spirituelle, cit., pp. 23-24).

C’est également ainsi que s’exprime Dom Prosper Guéranger (1805-1885) ; « Dieu, dans ses conseils de justice ou de miséricorde, donne ou soustrait les Saints aux diverses époques, en sorte que, si on peut ainsi parler, le thermomètre de la sainteté est à consulter si l’on veut se rendre compte de la condition plus o moins normale d’un période de temps ou d’une société» (Le Sens de l’Histoire in Essai sur le naturalisme contemporain, Editions Delacroix, 2004, p. 377).

(…)

Si nous regardons autour de nous, nous ne trouvons pas les grands Saints que nous voudrions avoir à nos cotés pour nous soutenir. Peut-être oublions-nous cependant que le critère de la sainteté ne constitue pas dans les miracles sensationnels mais dans la capacité des âmes de vivre dans l’abandon à la Divine Providence au jour le jour comme cela fut le cas de Saint Joseph, modèle de sainteté, guerrier silencieux et fidèle, âme active et contemplative, parfait exemple d’équilibre de toutes les vertus naturelles et surnaturelles.

Personne comme saint Joseph ne savait combien était fragile l’Empire romain derrière le voile des apparences et personne plus que lui n’était conscient de la perfidie du Sanhédrin, et pourtant il respecta la loi romaine du recensement et les prescriptions hébraïques de la circoncision de Jésus, sans jamais inciter à la rébellion violente contre l’autorité. Il n’y avait pas de colère, mais seulement la tranquillité dans son cœur et la seule haine qu’il connaissait était celle envers le péché. L’année de Saint Joseph proclamée par le Pape François s’est désormais achevée mais la dévotion envers Saint Joseph doit continuer à animer les catholiques fidèles et à les pousser à la recherche de la sainteté, qui connaît cependant son sommet en Jésus-Christ. C’est Lui qui, seul, a la plénitude absolue et universelle de la grâce et c’est Lui et Lui seulement qui fait les grands Saints. Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de Saints, hommes justes et équilibrés, qui vivent selon leur raison et leur foi, sans jamais se décourager mais en confiant dans le seul secours de la Divine Providence et de la Bienheureuse Vierge Marie. 

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

« Mourir pour la vérité » de Corentin Dugast : reconstruire notre vie intérieure

Entretien | Dans son nouveau livre, Mourir pour la vérité, Corentin Dugast rend hommage à Charlie Kirk, figure chrétienne assassinée pour son engagement, et appelle les catholiques à renouer avec une vie intérieure authentique. Entre prière, combat doctrinal et exigence de vérité, il invite à sortir de l’indignation permanente pour retrouver un témoignage chrétien ferme, paisible et profondément incarné.

+

Charlie kirk Amérique Corentin Dugast
SociétéÉducation

Éduquer à l’heure de l’intelligence artificielle

Entretien | Alors que l’intelligence artificielle s’immisce dans tous les domaines de la vie quotidienne, Jean Pouly, expert du numérique et des transitions, alerte sur les dangers d’une génération livrée aux algorithmes sans accompagnement et invite à reprendre la main sur nos usages numériques. Entretien avec Jean Pouly, auteur de Transmettre et éduquer à l’heure de Chat-GPT (Artège).

+

intelligence artificielle
SociétéBioéthique

Filiation : quand le lien se dissocie du vivant

C’est logique ! | La reconnaissance par la France de deux enfants conçus par PMA après la mort de leur père rouvre un débat fondamental : qu’est-ce qu’engendrer ? Entre lien biologique et reconnaissance juridique, la filiation se voit détachée de son fondement naturel, au risque de transformer une relation d’être en simple fiction légale.

+

PMA post mortem filiation
SociétéArt et Patrimoine

L’exposition : Jacques-Louis David

Le musée du Louvre propose une exposition consacrée à l’ensemble de la carrière du peintre Jacques-Louis David (1748-1825) jusqu'au 26 janvier 2026. Cette retrospective est rendue possible par l’exceptionnelle collection que possède le musée.

+

Jacques-Louis David