Au quotidien-n°39 (Revue de presse du confinement)

Publié le 11 Mai 2020
Au quotidien-n°39 (Revue de presse du confinement) L'Homme Nouveau

Chaque matin, la rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une courte revue de presse, principalement axée sur la réflexion (sans dédaigner l’information pure). Nous ne cherchons pas d’abord à faire du clic, pour nourrir des statistiques et l’auto-satisfaction. Notre démarche est plus simple et repose sur une conviction presque simpliste : « demain se prépare aujourd’hui ». Dans ce sens, depuis des années, L’Homme Nouveau propose un regard différent, loin des clivages faciles dans le but d’offrir les outils conceptuels, les habitus de réflexion pour reconstruire une société humaine et chrétienne.

Commençons la semaine dans la bonne humeur, avec la Tribune libre de Christian Laborde dans le Figaro (8 mai). Derrière l’humour se cache une analyse de certains travers de notre époque :

Le vélo, oui, le Vélib’, non. Car le Vélib’ n’est pas un vélo. Un vélo n’est jamais laid, or tout est laid dans le Vélib’. À commencer par le nom. Un mot-valise – vélo, liberté -, assurent, fiers de leur trouvaille, les communicants qui l’ont baptisé de la sorte. Le mot-valise, ou amalgame lexical, est un truc qui date du XVIe siècle. Rabelais y avait recours. Amalgamant Sorbonne et onagre, il avait fabriqué sorbonagre. Le principe est toujours le même : on fait se rencontrer, puis trinquer et fusionner deux mots différents nommant deux choses différentes. Tel n’est pas le cas avec Vélib’. Vélo est en effet – René Fallet le savait – un synonyme de liberté. En amalgamant vélo et liberté, les triturateurs de syllabes, les précieux ridicules – les mêmes qui sans doute ont pondu « distanciation sociale » – pensaient obtenir le mot-valise du siècle : ils ont fait un pléonasme. Remercions la rime qui nous renseigne : Vélib’ rime avec toubib. Pour les inventeurs du Vélib’, nous serions tous malades, tous des enfants, de grands enfants qu’il faut soigner et, surtout, surveiller. En permanence. Tout le temps que nous roulons, ils nous observent sur des écrans diffusant les images fournies par les caméras. Et cette surveillance effrénée qui nécessite la pose d’objectifs à chaque carrefour, chaque façade, n’est pas sans conséquences sur la géographie : elle œuvre à la disparition des chemins de traverse, des ultimes ruelles inconnues des GPS, ruelles gorgées d’ombre et de lumière sur les trottoirs desquelles le hasard joue aux dés, et la pluie, aux billes. Et le Vélib’ devient ainsi ce que les ingénieurs voulaient qu’il fût : un moyen de locomotion docile dans le jardin public et sécurisé d’Euroland.

L’État nounou ? C’est ce que dénonce Guillaume Roquette dans son éditorial du Figaro Magazine (8 mai). Pas mal vul, sauf qu’il faudrait remonter aux causes. En construisant depuis la Révolution française sous l’égide de la liberté et de l’égalité une société composée uniquement d’individus, il ne reste plus face à face que l’appareil étatique et des individus isolés.

Mais pour qui se prennent-ils ? Non contents d’assigner les Français à résidence depuis bientôt deux mois, nos gouvernants se croient désormais autorisés à leur faire la leçon. Un jour, le ministre de la Santé menace de reporter le déconfinement si nous ne sommes pas assez obéissants. Un autre, la porte-parole du gouvernement crée un site internet pour nous dire quels sont les bons articles de journaux. Un autre encore, le ministre de l’Intérieur explique que les fidèles n’ont pas besoin de se rassembler pour prier. Et le Président lui- même avait montré la voie au début du confinement en intimant aux Français « lisez ». On aimerait répondre à toutes ces éminences que nous n’avons que faire de leurs conseils. Ce n’est pas parce que les circonstances exceptionnelles donnent à l’État des pouvoirs exorbitants que ses représentants doivent nous traiter comme des enfants.

Cette Revue de presse ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. En ce sens, elle ne perd (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.

Nos dernières publications :

Au quotidien n°38

Au quotidien n°37

Au quotidien n° 36

Au quotidien n°35

Au quotidien n°34

Au quotdien n°33

Au quotidien n°32

Au quotidien n°31

Au quotidien n°30

Au quotidien n°29

Au quotidien n°28

Au quotidien n°27

Au quotidien n°26

Au quotdien n°25

Au quotidien n°24

Au quotidien n°23

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéArt et Patrimoine

Transmettre le patrimoine vivant, un défi pour la France

Entretien | Malgré les difficultés et la disparition d’un tiers des événements en cinq ans, les Français restent profondément attachés à leurs traditions festives. Thomas Meslin, cofondateur de l’association « Les Plus Belles Fêtes de France », défend ce patrimoine culturel immatériel et veut lui redonner visibilité et dynamisme grâce à un label national et un soutien accru aux bénévoles. Entretien.

+

les plus belles fêtes de france label patrimoine
Société

Nos raisons d’espérer

L’Essentiel de Joël Hautebert | Malgré l’effondrement des repères et la crise des institutions, il demeure des raisons d’espérer. On les trouve dans ces hommes et ces femmes qui, par leurs vertus simples et leur fidélité au devoir d’état, sont capables d’assumer des responsabilités au service du bien commun.

+

espérer vertu
SociétéFin de vie

Euthanasie : « Pierre Simon voulait faire de la vie un matériau à gérer »

Entretien | Alors que le Sénat reporte une nouvelle fois l’examen du projet de loi sur la fin de vie, l’essayiste Charles Vaugirard publie La face cachée du lobby de l’euthanasie (Téqui). En s’appuyant sur les écrits oubliés de Pierre Simon, fondateur de l’ADMD et ancien grand maître de la Grande Loge de France, il dévoile les racines eugénistes et prométhéennes d’une idéologie qui, selon lui, continue d’inspirer les lois bioéthiques contemporaines.

+

euthanasie pierre Simon
SociétéPhilosophie

La logique, un antidote à la crise de la vérité

C’est logique ! – Entretien | Dans son nouvel ouvrage Devenir plus intelligent, c’est possible ! (Le Cerf), François-Marie Portes invite à redécouvrir les outils logiques de la tradition antique et médiévale. Pour lui, apprendre à définir, énoncer et argumenter n’est pas réservé aux spécialistes : c’est un savoir-faire accessible à tous, indispensable pour retrouver le goût de la vérité dans un monde saturé de discours trompeurs. Entretien.

+

penser portes intelligent logique
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
SociétéPhilosophie

Le Centre culturel Simone Weil : redonner à la médecine son âme

Entretien | Créé par des professionnels de santé pour leurs confrères, le Centre culturel Simone Weil propose des formations alliant médecine et philosophie. À l’occasion de son séminaire de novembre, il invite praticiens, étudiants et aidants à redécouvrir la vocation profondément humaine et éthique de la médecine face aux défis contemporains. Présentation par François et Marie Lauzanne, pharmaciens et fondateurs du centre.

+

Centre culturel Simone Weil médecine