Au quotidien-n°46

Publié le 19 Mai 2020
Au quotidien-n°46 L'Homme Nouveau

Comment tirer les bonnes leçons de la crise que nous venons de vivre, et notamment comment mobiliser comme il faut dirigeants politiques et population. Pierre de Lauzun propose des pistes de réflexion dans un billet publié sur le site Geopragma (18 mai) :

Comment alors faire monter d’un cran ou de deux l’attention générale, et préparer le public à ce genre de problèmes ? Je propose une méthode, parmi d’autres : celle d’un rapport annuel, public comme celui de la Cour des Comptes, peut-être avec débat parlementaire, provenant d’un organisme dédié qui soit tenu de faire des recommandations publiques, s’il voit un risque majeur et qu’il pense qu’il faut agir. Avec si nécessaire, un statut protégé comme celui de la Cour. Et qu’il puisse mobiliser des moyens – y compris pour faire des tests. On pourrait appeler cela Conseil national de sécurité, mais dans un sens différent de ce qui se passe aux Etats-Unis, qui serait notamment moins sous la coupe du président. Le champ de ce qui peut être couvert ainsi va loin. Car outre les épidémies, les crises politico-militaires, ou les crises financières, cela inclut nécessairement tout un pan de politique industrielle, décisive pour la sécurité collective comme on le voit maintenant avec les masques ou les médicaments ; et cela s’étend aussi à bien d’autres sujets. Cela ne fait pas double emploi avec les organismes compétents : s’agissant d’une crise financière par exemple, ou géopolitique, il ne s’agit pas de traiter la cause elle-même, mais de mesurer l’impact possible de la crise sur la vie du pays, d’avertir, de susciter le débat, et de réveiller. Est-il enfin besoin de dire qu’un tel organe se situerait nécessairement au niveau national, le seul à même de traiter ce genre de question ? Cela n’exclut pas une mise en commun européenne d’idées ou de moyens, quand c’est approprié, cas par cas. Mais le ressort premier de la responsabilité n’est pas à ce niveau-là. On l’a vu à nouveau dans cette crise. Cela permettrait aussi de répondre, devant le public, aux problèmes et inquiétudes qui s’y répandent, notamment de ceux qui naissent de la mondialisation. Non pas par en haut, selon des schémas idéologiques, mais concrètement, à partir de nos vrais besoins, en tentant de mesurer ce qu’on peut et doit faire.

Le vote de la loi Avia a suscité beaucoup de réactions et de commentaires. Mathieu Bock-Côté va directement au cœur du problème, dans sa chronique du Figaro (16 mai) en la qualifiant de loi néosoviétique :

Ainsi, la loi Avia a bien été votée. Officiellement, elle prétend civiliser les réseaux sociaux en luttant contre la « haine » qui s’y déverse. Elle favorisera, plusieurs l’ont noté, une culture de la délation, chacun surveillant son prochain et étant invité à le dénoncer grâce à un bouton dédié, le citoyen éclairé prenant désormais les traits du délateur zélé. Les bandes militantes feront la loi à coups de signalements pour transformer leurs aversions idéologiques en interdictions. Les réseaux sociaux devront pratiquer la censure préventive des contenus potentiellement problématiques, sans quoi ils seront condamnés à des amendes très lourdes. (…) Mais la critique de la loi Avia sera bien incomplète si elle ne vise pas son noyau idéologique, soit sa prétention à lutter contre la « haine ». En son nom, c’est le désaccord politique qu’on cherche de plus en plus ouvertement à proscrire. Une bonne partie du travail de la gauche idéologique, à travers sa mainmise sur les sciences sociales universitaires, consiste à reconsidérer en propos haineux toute critique appuyée du régime diversitaire. On connaît la rhétorique. Qui critique l’immigration massive sera accusé de racisme. Qui fait le procès du multiculturalisme sera suspecté de xénophobie et qui rappelle la difficile intégration de l’islam en Occident sera taxé d’islamophobie. Qui s’oppose à la théorie du genre sera quant à lui suspecté de transphobie. Et ainsi de suite. (…) Faut-il ajouter que la lutte contre la haine est à sens unique ? Car pour le régime diversitaire, la haine du réactionnaire, incarné dans la figure maléfique de l’homme blanc hétérosexuel, passe pour la forme achevée de l’amour de l’humanité. Les séances rituelles de défoulement médiatique où certains intellectuels sont dénoncés à coups de pétitions et de poursuites devant les tribunaux relèvent d’un dispositif persécutoire rappelant les deux minutes de la haine imaginées par Orwell dans 1984. Lorsque la presse?« recommandable » s’acharne contre un philosophe ou un essayiste en cherchant à tout prix à le marquer à « l’extrême droite » pour l’infréquentabiliser, ne verse-t-elle pas dans la haine idéologique ?

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