Eric Cusas s’en prend à un des géants des GAFA, Facebook et explique pourquoi à Politique Magazine (16 juin) :
Si j’ai décidé d’attaquer Facebook en mon nom personnel, dans une lutte qui peut faire penser à celle de David contre Goliath, c’est d’abord en raison du caractère arbitraire de la désactivation de mon compte, la plateforme s’étant (comme dans tous les cas d’ailleurs) retranchée derrière d’obscurs motifs de confidentialité qui lui interdiraient, prétendument, de dévoiler la cause de la sanction. Ainsi ne saurez-vous jamais si la mesure a été prise à l’initiative de Facebook, ou sur la base de dénonciations émanant d’autres utilisateurs qui, peut-être, désapprouvent simplement vos opinions, fussent-elles exprimées avec mesure, ou encore à la demande d’une autorité gouvernementale dont vous critiquez énergiquement la politique. En fait, vous ne saurez absolument rien. C’est un peu comme si un tribunal correctionnel vous disait “je vous condamne pour avoir transgressé une loi, mais je ne vous préciserai pas quelle loi, quand vous l’avez violée et quels étaient les faits condamnables”. En tant qu’avocat et spécialiste du contentieux, que je pratique depuis plus de trente ans, cela me choque au plus haut point. Cela m’évoque les grandes heures du stalinisme.
Je ne suis évidemment pas le seul à me trouver dans ce cas. Même s’il m’est impossible d’évaluer l’ampleur du phénomène, j’ai connaissance de beaucoup d’utilisateurs ayant fait l’objet de cette sanction. Je représente d’ailleurs un journaliste dont la page professionnelle a été désactivée sans avertissement ni justification.
De manière générale, il semble que les “victimes” soient toujours des utilisateurs qui combattent, non le progrès, mais les idées progressistes, fut-ce en développant un argumentaire charpenté et en respectant la bienséance qui doit prévaloir dans le débat public. Il n’est pas anodin que le journaliste que je défends travaille pour le magazine L’Incorrect. Ce n’est pas un hasard. (…) J’ai le sentiment que Facebook s’attache à promouvoir une certaine vision du monde et toutes les opinions qui ne s’y conforment pas sont scrutées et supprimées. Au bout du compte, les plus jeunes utilisateurs, dont l’esprit critique est parfois moins aiguisé, finiront par épouser cette vision imposée sans se poser de questions.
Par exemple, Facebook supprime systématiquement tous les contenus traitant de Génération identitaire (organisation pour laquelle je n’ai pas de sympathie particulière), même s’ils sont factuels et purement informatifs. Valeurs actuelles en a récemment fait les frais. Les journalistes doivent pourtant pouvoir faire leur métier et rendre compte de l’actualité !
L’attaque par la Turquie d’un navire de la marine nationale a entraîné la réaction de la ministre de la Défense lors d’une réunion de l’OTAN, comme le rapporte Le Monde (19 juin), Sans aller plus loin, semble-t-il.
Tenu par visioconférence en raison du coronavirus, le rendez-vous des ministres de la défense de l’OTAN, mercredi 17 juin, aura pu être moins agité qu’en la présence physique des?29 représentants alliés. La journée fut quand même « très nerveuse » selon un participant, tant la Turquie, une fois encore, a empoisonné l’atmosphère. L’ordre du jour était des plus classiques : la posture de défense et de dissuasion de l’Alliance atlantique d’un côté, les conséquences de l’épidémie de Covid-19, de l’autre. Mais, lundi, la ministre française Florence Parly a appelé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour évoquer un incident grave, entre alliés. Le 10 juin, la frégate française Courbet, sous commandement de l’OTAN dans l’opération de surveillance « Sea Guardian » dans l’est de la Méditerranée, a été mise en joue par la marine turque. Un événement de trop, après une série de « comportements centrifuges incompatibles avec l’esprit de l’Alliance », dénonce le ministère des armées à Paris. (…) Avant d’être dans la ligne de mire, le 10 juin, le Courbet patrouillait avec un pétrolier turc, qui l’avait ravitaillé la veille encore. Ce double jeu turc dans l’OTAN semble avoir atteint ses limites. « La crise de solidarité avec la Turquie », évoquée par le président Emmanuel Macron fin 2019, quand il a parlé de la « mort cérébrale » de l’OTAN, « reste clairement d’actualité », commente une source diplomatique française. A ceux qui pourraient voir l’ingérence d’Ankara en Libye comme un contrepoids à celle de Moscou, la diplomatie française objecte : « Plus de Turquie en Libye ne signifie pas moins de Russie. » Avec la France, les Etats baltes et d’Europe de l’Est critiquent aussi depuis longtemps le chantage exercé par Ankara, qui bloque les « plans de défense gradués » prévus face à la Russie en exigeant que l’OTAN reconnaisse le caractère terroriste des milices kurdes de l’YPG. Au-delà, les Européens s’inquiètent de l’activisme militaire turc, qualifié de « massif », et « tous azimuts », de la Syrie à la Libye – où Ankara aurait acheminé 7 000 mercenaires syriens. Le pacte de coopération militaire turco-libyen, assorti d’un accord de démarcation maritime illégal, ne saurait être validé comme un fait accompli. Paris parle d’« extension de l’empire ottoman à l’ouest de la Méditerranée ».
Pour consulter nos précèdentes publications, voir :
Au quotidien n°53 (du numéro 24 au numéro 53)
Au quotidien n°23 (du numéro 1 au n° 23)