Il est des pièces que l’on dit classiques, non par référence à l’époque classique du théâtre, mais parce qu’elles ont été jouées et rejouées des milliers de fois, au point de se fondre dans le paysage. Ces pièces du répertoire ont l’immense mérite quand elles sont revisitées de nous montrer l’extrême fécondité de cet art de la scène. C’est dire ici que l’approche sobre, dépouillée, rapportée à la force même de la parole qui s’exprime par la voix et le geste des comédiens, que nous offre la mise en scène de Jean-Luc Jeener, est particulièrement intéressante pour entrer plus avant dans l’exploration de cet art du verbe. Comment regarder et se regarder dans ce lieu scénique qui, tel un miroir, nous renvoie à l’autre et à nous-mêmes dans un échange de communication qui n’est pas un simple véhicule de sens, mais une parole entendue et comprise par le don de l’acteur qui la porte ? Le théâtre n’est pas un lieu où l’on fait semblant. Il donne à la pensée une respiration qui passe par le corps du comédien. Cela induit une présence, une participation charnelle au sens transmis par le texte. Ce travail d’incarnation qui s’approfondit sans cesse dans le creuset de ces textes, où les mots doivent se ressaisir eux-mêmes dans les contextes de signification où ils sont dits, où le drame lui-même s’actualise, où les Harpagons de notre temps deviennent l’arrière-plan nous reliant à la scène, tout cela donne une densité à ce moment unique de la représentation, dont normalement on ne sort pas exactement comme on y était entré. Le théâtre ! À voir et revoir…
Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Faubourg Montmartre, Paris IXe. Les 2, 3, 7, 14, 20, 21, 28, 30 septembre à 20 h 45 ; les 4 et 17 à 17 h ; le 1er octobre à 17 h ( suite non encore programmée). Tél. : 01 47 70 32 75.