Deux homosexuels catholiques, Brian et Tom, voudraient obtenir du Père Raymond leur curé qu’ils bénissent officiellement leur union. Comme ils se heurtent au refus de ce dernier, Irène, la sœur de Brian, entre en scène et fait naître chez ce prêtre un sentiment amoureux qui va remettre en question son célibat sacerdotal et sa position initiale à l’égard de ses deux paroissiens.
Porter au théâtre ces situations humaines et les débats que cela peut susciter en particulier au sein de l’Église ne constitue en rien quelque chose de choquant, mais se situe bien sur le terrain de la provocation. Il n’est pas interdit de provoquer une institution, de l’interroger de manière critique sur ses positions, et le spectateur catholique sait très bien que l’Église aujourd’hui ne manque pas d’être interpellée sur les sujets en question. Le problème n’est pas là. Il est bien plutôt dans la manière dont les sujets sont traités.
Ambiguité
Plusieurs remarques s’imposent à propos de la pièce. La première, c’est qu’il y a une ambiguïté sur la nature des relations amoureuses des protagonistes. La pièce s’intitule Les vœux du cœur, mais elle aurait pu s’appeler plus justement les vœux du corps, tant la question de la sexualité y est ramenée dans la sphère presque exclusive du pur éros. De ce fait, l’exposé des motifs pour lesquels l’Église catholique n’admet pas au sacrement du mariage les couples homosexuels est complètement faussé, sans consistance dans la bouche de ce prêtre, laissant le spectateur catholique dans un sentiment d’impuissance en face de la malhonnêteté intellectuelle du propos.
Il en va de même de la question du célibat sacerdotal. Enfin un homme qui sortirait de sa frustration et qui reconnaîtrait le chemin du véritable amour ! La conséquence dans la salle est évidente. Le public est invité à rire, c’est-à-dire à se moquer, des archaïsmes castrateurs de l’Église.
Ici le théâtre ne montre pas, il veut démontrer. Et les ficelles idéologiques sont énormes. Sur un plan strictement théâtral, cette logique démonstrative fausse aussi le jeu des acteurs. Il n’y a pas de véritable constitution du drame, puisqu’au fond tout est déjà joué du début à la fin. Une pièce qui ne fera pas date !
Théâtre La Bruyère, 5, rue la Bruyère, Paris IXe. Du mardi au samedi à 21 h, matinée samedi à 15 h 30. Réservation : 01 48 74 76 99.