Ce voyage ne ressemble en rien à celui d’un Gogol visitant du dedans la lente descente en enfer d’un homme habité par la folie. Ici, l’auteur, Lionel Cecilio, interprète et metteur en scène de son propre spectacle, interroge plutôt la folie de vivre quand la vie semble se dénuer de sens. Cette pièce où la vie est aux prises avec la mort est une déconstruction de l’acte de vivre quand celui-ci ne trouve plus le moyen de s’édifier sur un fondement qui résisterait à l’usure de toutes choses. Que reste-t-il quand tout passe ? Dans la pièce, il reste un voyage à la rencontre de témoins qui, chacun à leur manière, décline quelque chose de cette aventure de la vie. Il y a manifestement dans ce voyage une sorte de quête de sagesse sur un mode d’ironie joyeuse et quelques accents de révolte bien prononcés. En effet si rien n’assure un fondement stable à nos existences, pas même la foi de notre enfance récusée avec violence, on ne peut que déambuler au milieu d’un monde déboussolé en y cherchant ici et là des accents d’humanité, un peu de tendresse et une forme de dérision qui fait de ce personnage avant tout un véritable clown. Le résultat est très déconcertant. Malgré quelques longueurs dues à une insistance un peu lourde sur certains thèmes, Lionel Cecilio exprime sa très vive sensibilité, un talent d’acteur qui cisèle ses personnages dans un espace scénique parfaitement maîtrisé. Il arrive à emporter le spectateur dans le mouvement de ses métamorphoses comme un chorégraphe de ballet. La lumière et la musique ne se superposent pas à ce jeu aérien mais lui donnent son rythme et son intensité. On peut ne pas adhérer, ce qui est mon cas, à la nature philosophique des propos de ce spectacle, il n’en demeure pas moins qu’il révèle un comédien et qu’à sa manière il témoigne avec élégance et humour que nous sommes bel et bien dans un monde de fous…
Théâtre de l’Archipel, 17, bd de Strasbourg, Paris Xe. Tél. : 01 73 54 79 79. Du jeudi au samedi à 19 h jusqu’au 29 avril inclus. En mai jusqu’au 25 inclus : exclusivement les jeudis à 19 h. Du 7 au 31 juillet à 18 h 30 au Théâtre des Corps Saints (84) dans le cadre du Festival Off Avignon 2017.