Libanais, spécialiste de la secte des Esséniens, Camille Khabbaz vient de publier en français un nouvel ouvrage sur le sujet, à partir de l’étude des manuscrits dits « de la mer Morte ». Ces fragments de textes retrouvés entre 1947 et 1956 constituent une source très ancienne des textes bibliques et une mine d’enseignements très précieux sur cette secte juive du Ier siècle, particulièrement intéressante par sa proximité avec les chrétiens.
En 1961, Ernest-Marie Laperrousaz donnait aux PUF un remarquable « Que sais-je ? » sur les manuscrits de la mer Morte qui connut de nombreuses rééditions et fut traduit en plusieurs langues. D’une grande clarté, érudit et synthétique à la fois, il faisait le point sur toutes les questions qui découlaient de l’extraordinaire découverte faite, au début de l’année 1947, par un jeune Bédouin de la tribu des Ta’âmireh, Mohammed ed-Dib, dans une grotte de Khirbet-Qumrân sur les bords de la mer Morte, de rouleaux de peau manuscrits qui s’avérèrent être les archives de la secte des Esséniens. Cette découverte, qui allait s’enrichir jusqu’en 1956 de la mise au jour de nombreux manuscrits dans dix autres grottes des environs, allait considérablement augmenter nos connaissances sur cette communauté juive mystique et ascétique et, par là, éclairer ses croyances, son organisation, ses adeptes et ses relations avec les autorités juives de l’époque et la jeune Église chrétienne que l’on ne connaissait principalement auparavant que par des citations de Philon d’Alexandrie, de Flavius Josèphe et de Pline l’Ancien, pour ne parler que des plus importants.
Un secret bien gardé
C’est ce dossier que reprend avec le même bonheur de lecture Camille Khabbaz dans un très pertinent petit livre intitulé Le Secret des Esséniens de Qumrân, publié par les Éditions Baudelaire. Ayant défendu à l’Université libanaise en 2002 une thèse doctorale sur les manuscrits de la mer Morte, auteur de deux livres en langue arabe – L’Ivraie dans l’Écriture sainte et Les Manuscrits de la mer Morte et le secret de leurs auteurs, publiés respectivement en 1990 et en 2006 –, Camille Khabbaz est aujourd’hui au Liban un homme reconnu dans l’étude des origines du christianisme. Il s’est d’ailleurs fait connaître du public français en 2012 par un ouvrage sur le dernier texte du Nouveau Testament, L’Apocalypse « apocryphe » de Jean, où il s’efforce de démontrer que l’Apocalypse fut probablement rédigée à partir de deux textes judéo-chrétiens et d’un texte juif, écrits…