Dans Douce France, un roman d’anticipation glaçant, Céline Cléber – haut fonctionnaire sous pseudonyme – imagine une France en proie à une guerre civile larvée. Émeutes, islamisme, démission de l’État : l’auteur, témoin des failles du pouvoir, met en scène un effondrement plausible.
| C’est dans un contexte d’émeutes comme celles qui ont suivi la victoire du PSG que commence votre roman : l’étincelle qui peut embraser la France. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à écrire ?
D’abord, c’est la constatation répétée de troubles graves à l’ordre public, que l’État a du mal à prévenir et à réprimer du fait du laxisme de la Justice, notre principal problème aujourd’hui. La multiplication de ce genre de troubles présente un risque important de saturation des services de sécurité. Les émeutes dont vous parlez sont le fait d’un agglomérat de petits voyous, de jeunes mal éduqués et d’autres qui veulent en découdre. Mais l’éventuelle montée en puissance de ce type de troubles, portés et activés par l’idéologie islamique, leur donnerait une force beaucoup plus importante. J’ai aussi vu la montée en puissance des réseaux de trafiquants, notamment de drogue. Les attaques de prisons en avril dernier ont montré une capacité inédite d’organisation, d’armement et de provocation de l’État par ces trafiquants, éléments nouveaux qui illustrent leur sentiment d’impunité et traduisent un début de « mexicanisation » de la France. Par ailleurs, ma vie professionnelle me permet de constater que dans la plupart des cercles du pouvoir, on sait ou on pressent que la situation est grave, mais la réponse est faible. Cela est lié à deux spécificités de notre pays. D’abord, nos médias sont pour beaucoup sur une ligne qui dénigre systématiquement les réponses fortes de l’État et ne comprend plus que l’usage de la force publique est un des instruments fondamentaux de protection des citoyens et de la nation. Deuxième spécificité : la grande faiblesse des mouvements politiques en France. Un ministre qui veut agir avec courage, quel que soit le domaine, n’a personne pour le soutenir. Du coup, il agira davantage en fonction des sondages et des réseaux sociaux que du bien commun. Enfin, j’ai voulu faire éprouver au lecteur le sentiment vertigineux de passer dans les coulisses, de l’autre côté de la barrière, de participer aux réunions des ministres, des préfets.