Mercredi 25 janvier est sorti dans toutes les salles la première production au cinéma du Puy-de-Fou, “Vaincre ou Mourir”. Une réalisation qui raconte les guerres de Vendée en suivant le parcours d’un de ses héros, François-Athanase Charette de La Contrie. Nous avons rencontré l’acteur qui l’incarne à l’écran, Hugo Becker. Jeune acteur de 35 ans originaire de Lorraine, il s’est fait d’abord connaître du grand public pour ses collaborations à l’étranger, aux Etats-Unis et en Angleterre. Il choisit finalement des projets français allant de l’espion-stagiaire de la série “Au service de la France” à l’aventurier-astronaute dans “Le Dernier voyage”. Portrait.
“Je veux que la joie règne dans mon camp !” Un principe du général Vendéen dont l’esprit se retrouve dans les couloirs de l’hôtel parisien où l’équipe du film assure la promotion de cette fresque cinématographique. L’ambiance est un peu électrique mais détendue, marquée par l’enthousiasme de ceux qui présente un “premier film”.
Hugo Becker, qui incarne le personnage principal, vous aborde comme s’il vous connaissait déjà, règle lui-même l’éclairage et s’assure que votre micro est bien allumé. Le costume d’époque est remplacé par une tenue plus moderne, mais il garde la barbe de son chef vendéen dont il n’a pas complètement quitté le jeu. Lorsqu’il s’installe en face de vous, il ne vous présente pas son personnage : il le défend.
Il nous explique que la production devait être à l’origine un documentaire, dont les scènes de fictions ne serviraient qu’à illustrer les propos des historiens. Vincent Mottez est contacté en tant qu’historien, repéré pour ses talents dans Secrets d’Histoire. Heureux hasard, il s’avère être passionné depuis toujours par la Révolution Française et les Guerres de Vendée. Le talent des acteurs, le savoir-faire du Puy du Fou accompagné d’une photographie impeccable ont propulsé l’équipe dans la réalisation d’un film à part entière. Le jeune réalisateur apprend alors sur le tas à rédiger des dialogues, structurer un récit historique qu’il faudra incarner au-delà des simples faits, mettre en scène en donnant vie aux protagonistes.
En seulement deux mois, temps record pour tourner un film, les acteurs sont chargés d’incarner une facette de l’histoire de France méconnue. Hugo Becker avoue d’ailleurs : “Mon regard était assez simple. Je n’avais en tête que la prise de la Bastille et les trois années de Terreur, mais sans avoir davantage de détails.” Après avoir accepté de s’embarquer dans l’aventure, il profite des entretiens réalisés avec les historiens pour découvrir les faits, “qui sont incontestables, quel que soit [notre] point de vue”. Il développe ainsi un nouvel esprit critique sur le thème, et souhaite avec l’ensemble des membres de la production, permettre d’ouvrir un véritable dialogue sur cette période.
Comme tous les acteurs, Hugo Becker a été particulièrement touché par l’histoire de ces vendéens et se repose sur Vincent Mottez pour approfondir ses connaissances. Des heures interminables de conversations entre le réalisateur et son personnage principal pour comprendre les évènements et porter à l’écran le plus fidèlement possible une thématique d’une rare gravité. Un souci commun qui les réunit dans leur travail : l’honnêteté intellectuelle. Vincent Mottez est fier de présenter une production sans erreur historique, où l’histoire n’a pas été tordue pour plaire à l’esprit du temps, même si la fiction oblige à créer autour des faits. Cependant, il fallait pour eux rester authentique dans le jeu, ne pas faire de Charrette un saint en en montrant toutes les aspérités, reconnaître la complexité des hommes dans chacun des camps mais aussi pouvoir montrer pudiquement l’horreur de massacres perpétués à l’encontre des vendéens dont “certains détails échappent à la raison humaine” selon le réalisateur.
Loin de la récitation exhaustive des faits dont la cruauté pourrait écœurer le spectateur, le choix a été fait de centrer l’histoire sur le général Vendéen. Un personnage déjà mis à l’honneur par le Puy-du-Fou dans leur parc, qui permet une approche plus humaine de l’histoire, lui donnant un souffle particulier. Hugo Becker se retrouve dans son personnage, dans cette soif d’absolu : “Il y a des moments dans la vie où on doit faire des choix. Il faut être prêt à faire des sacrifices. Dans le cas de Charette, l’engagement est d’une intensité totale mais c’est quelque chose qui m’a toujours préoccupé, animé.”
La fresque historique devient alors un film d’aventure. Premier choix de l’équipe pour son jeu très physique autant que pour sa capacité à incarner une âme torturée, Hugo Becker aime les prises de risques dans les contrats qu’il accepte. Il voit dans l’épopée de “Vaincre ou Mourir”, l’illustration d’un dépassement de soi. Le chef de l’Armée catholique et royale n’est pas selon l’acteur une figure réservée à certains initiés mais bien un modèle de jeunesse éternelle dont tous peuvent s’inspirer : “Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais : c’est quand même une belle devise…”