Dimanche dernier, l’Ardèche et le diocèse de Viviers étaient à l’honneur avec la canonisation de deux de ses illustres fils. Tout d’abord Charles de Foucauld, le plus connu que l’on pourrait définir comme un soldat qui n’en était pas un, un ermite qui n’en était pas un, un apôtre qui n’en était pas un, un moine qui n’en était pas un, un martyr qui n’en fut pas un et enfin un saint qui rencontra beaucoup d’oppositions dans son procès. Comment expliquer cela ? Tout simplement parce que Charles de Foucauld fut un paradoxe continuel aux yeux des hommes. Tout ce qu’il entreprit échoua à vue humaine. Il ne cessa de planter un grain qui resta toujours enfoui au cours de sa vie. Mais Dieu, peu à peu après sa mort, permit que le grain devint arbre et l’Église a pu ainsi le placer sur les autels. Elle le place avec Marie Rivier. Originaire de Haute-Loire, celle-ci fonda, à Bourg-Saint-Andéol au sud de l’Ardèche, la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie, pour instruire dans la foi le peuple chrétien. Recevant les jeunes du diocèse de Viviers, la veille de la canonisation des dix saints, le Pape leur proposa d’imiter ces deux modèles, même s’ils furent des signes de contradiction, comme le Christ lui-même, les invitant à puiser dans cet héritage de sainteté, pour le faire grandir et avancer eux-mêmes en sainteté. Oui, la vie n’a qu’un but : la sainteté et, comme le disait Léon Bloy, la seule tristesse en ce monde, c’est de ne pas être des saints.
Le Pape invite les jeunes à apprendre de ces deux saints à évangéliser par la présence. Pour cela il leur recommande de mettre en pratique, dans leur vie chrétienne, les trois mots clés de la spiritualité du Père de Foucauld et qui commencent tous par un E : Évangile, Eucharistie et Évangélisation. Il aurait pu aussi parler de l’espérance, mais il a réservé cette vertu à sainte Marie Rivier qui, dans des temps très troublés, l’a pratiquée de façon héroïque. Dans ces mots, nous possédons tout ce qu’il nous faut méditer et approfondir pour devenir des saints à l’école du Christ. Cela nécessite un abandon parfait dans les mains de la Providence. Qu’elle fasse de nous ce qu’elle voudra, comme c’était le désir du saint pour lui, et comme cela est nécessaire pour entrer dans la dynamique de l’Évangile. Nous ne devons désirer que Dieu, l’unique nécessaire et, en conséquence, tout recevoir de lui, les joies comme les peines, les consolations comme les croix, avec l’âme d’un enfant toujours satisfait de ce que lui donne son père.
Le Pape ne dit qu’un mot sur l’Eucharistie. J’y insiste car elle est capitale dans la vie du saint. Le contemplatif du désert tirait sa force de l’Eucharistie. Puisse sa canonisation raviver chez chacun de nous, prêtres et laïcs notre amour et notre adoration eucharistiques. Charles nous a donné un magnifique exemple, passant des heures près du tabernacle : « Mon Dieu, vous êtes là, à un mètre de moi, dans ce tabernacle ! Vous n’étiez pas plus près de vos Apôtres quand vous étiez assis au milieu d’eux. » Son adoration eucharistique augmentait sa charité. Il souhaitait grâce à elle la conversion des musulmans. Il souhaitait leur faire connaître cet insigne trésor qu’ils ne connaissaient pas. Il avait compris combien l’Eucharistie qui est l’Amour crucifié pour notre salut nous poussait à la charité jusqu’au don de notre vie pour les autres, au moins par le martyre blanc, sinon rouge. C’est son amour pour l’Eucharistie qui finit par lui faire accepter le sacerdoce.
Que les dix canonisés nous obtiennent du Seigneur un grand amour de l’Église. C’est la grâce du pèlerinage de Rome.