Cigognes, oui, pigeons, non !

Publié le 13 Déc 2013
Cigognes, oui, pigeons, non ! L'Homme Nouveau

« Le ministère de la Santé ne sait pas où il va. Il ne nous connaît pas, il ne veut pas nous connaître. Invisibles, nous le sommes. Invisibles, il veut que nous le restions », déploraient les sages-femmes ce 10 décembre. Elles sont en grève depuis le 16 octobre dernier, et ont adopté comme signe de reconnaissance un masque blanc marqué de larmes couleur sang.

On ne naît pas sage-femme, on le devient au terme de cinq longues années d’études, dont la première année de médecine qu’il faut nécessairement valider pour entrer en école de maïeutique – c’est le nom officiel de la formation des sages-femmes. Après cinq années d’études, elles encadrent 70 % des naissances en toute autonomie et sont capables d’assurer le suivi gynécologique des femmes. Et pourtant, les sages-femmes ne sont pas reconnues comme personnel médical. Outre les conséquences financières de cette dévalorisation de leur statut, il y a là une profonde injustice, un manque de reconnaissance pour celles qui n’ont rien de moins que la vie des mères et de leur enfant entre les mains. Car la naissance n’est pas une formalité. 

« Cigognes, oui, pigeons, non », s’exclament-elles. « Avant nous étions sages, mais ça c’était avant », disent encore les sages-femmes qui ont appelé à une grève illimitée jusqu’à ce que Marisol Touraine, ministre de la Santé, daigne prêter plus qu’une oreille faussement complaisante à leurs revendications. « Et si c’est nécessaire, le clamer et camper », c’est le mot d’ordre de ces milliers de femmes – elles sont 20 000 à exercer cette profession en France – décidées à obtenir un statut qui fasse honneur à leur compétences. Et de fait, à Grenoble, certaines ont planté leur tente devant le centre hospitalier malgré la neige et le froid et elles sont près de 70 % à être en grève sur l’ensemble du territoire, quoiqu’elles continuent d’assurer un service minimum d’astreinte afin de ne pas pénaliser les mamans.

Ces drôles de cigognes ont été reçues au ministère de la Santé le 13 novembre après une manifestation à Paris le 7 novembre et de multiples manifestations en province qui n’ont pas cessé depuis. Une énième manifestation parisienne est d’ailleurs prévue pour le 16 décembre prochain. Du côté du ministère, c’est le silence radio. Mais les sages-femmes ont plus d’un tour dans leur sac et ont trouvé un moyen de pression plus efficace : la dénonciation des facturations frauduleuses des accouchements. Depuis longtemps, lors d’un accouchement sans complications, les sages-femmes codent cet acte avec un code identifié « médecin » qui autorise l’Assurance maladie à rembourser l’acte à l’hôpital. Elles ont décidé de ne plus user de ce subterfuge et les hôpitaux commencent à grincer des dents…

Pourquoi Najat Vallaud-Belkacem n’a-t-elle pas réagi ? Pourquoi le ministre des Droits des femmes est-elle si indifférente à cette profession pourtant toute dévouée aux femmes ? Cette dévalorisation du diplôme de maïeutique révèle une fois de plus les absurdités du système universitaire français. Il révèle surtout – et c’est plus grave encore – le mépris des instances dirigeantes pour la maternité et la vie à naître. Mais au fond, à défaut d’être juste sur les plans moral et politique, cette posture gouvernementale a au moins le mérite de la cohérence. Madame Belkacem, biberonnée au féminisme radical, considère la maternité comme un asservissement. Valoriser celles qui servent la vie naissante serait pour le ministre se vautrer dans les stéréotypes du Genre et la norme hétérosexuelle… 

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociétéÉducation

L’école catholique sous contrat pourra-t-elle rester catholique ?

L’Essentiel de Thibaud Collin | L'entrée en vigueur de l'EVARS place les établissements catholiques sous contrat devant une contradiction majeure : enseigner une anthropologie contraire à la foi ou assumer un affrontement avec l'État. Ce programme, obligatoire dès la maternelle, interroge la possibilité, même pour une école catholique, de rester fidèle à son identité et à sa mission.

+

école catholique evars
SociétéÉducation

Inspections : l’Enseignement catholique dénonce des abus

Après avoir réclamé près d’un milliard d’euros de financements manquants, l’Enseignement catholique affronte une nouvelle épreuve : les 900 contrôles menés par l’Éducation nationale depuis l’affaire Bétharram. Devant les députés, Guillaume Prévost a dénoncé des pratiques « inacceptables » et demandé une mission parlementaire.

+

enseignement catholique Prévost inspection
SociétéÉducation

Non à la sexualité infantile !

Directives européennes et idéologie sexualiste au niveau mondial s'appuient sur de fausses données pour faire adopter leurs décisions, au détriment du développement serein de l'enfant. C'est ce que dénoncent, dans un livre dur mais réaliste, un médecin et un docteur en psychopathologie.

+

sexualité enfant
SociétéNoël

Noël face au consumérisme

L’Essentiel de Joël Hautebert | À l’approche de Noël, la fête chrétienne se voit éclipsée par un calendrier façonné par la consommation. Marchés, promotions et « magie » commerciale remplacent peu à peu le sens spirituel, révélant une société où tout devient éphémère jusque dans nos liens et nos repères. 

+

noël consumérisme
Société

Le Christ-Roi : Une « approche constructive »

Pour célébrer le centième anniversaire de l’encyclique, l’abbé Jean-Pierre Gac, fondateur de la Fraternité Saint-Thomas-Becket, publie une belle brochure où il expose « une approche constructive » de la doctrine du Christ-Roi.

+

christ roi christ-roi