Travail 3/4 : Colocations « Lazare », travailler à reconnaître ses talents

Publié le 19 Jan 2023
Colocations « Lazare » : pour revivre et se réinsérer

Lazare Lille Juillet 2020

L’association « Lazare » entend venir en aide aux personnes de la rue grâce à la cohabitation organisée avec des jeunes engagés dans la vie active. Ces colocations originales ont pour but de donner un cadre restructurant à ceux à qui la misère a ôté jusqu’à l’estime d’eux-mêmes.

 

| Quelle place occupe le travail dans votre association ?

« Lazare » anime et développe des colocations solidaires entre des personnes qui ont connu la rue (ou de très grandes galères) et des jeunes professionnels (25-35 ans), qui s’engagent pour un an ou plus. Nos volontaires partent le matin pour travailler. À l’inverse, nos personnes de la rue ou en galère le plus souvent ne travaillent pas. Le premier fossé qui saute aux yeux dans nos colocations est donc ce contraste entre nos « jeunes actifs » et d’autres… souvent moins jeunes et moins « actifs », du moins aux yeux de la société !

| Quelle importance peut avoir une réinsertion professionnelle pour vos colocataires ?

Le travail est une des étapes vers la réinsertion, mais ce n’est pas la seule. Ma première conviction c’est que le travail ne peut pas être l’horizon de tous les profils de ceux que nous accueillons. Certains ont passé l’âge de la retraite et ne retourneront jamais travailler. D’autres sont dans des états de santé ou de handicap tels que l’idée même d’exercer une profession « classique » semble farfelue. Néanmoins, ils peuvent tous faire un pas vers une forme de vie active. À « Lazare », nous essayons de déployer le « DPA », ce qui signifie : développement du pouvoir d’agir. Nous les aidons à retrouver ce qui les anime, leurs rêves, pour entrer dans une dynamique de projet qui aide à aller de l’avant. Concrètement, ce pouvoir d’agir peut être un bénévolat, un passe-temps, ou simplement renouer avec un membre de sa famille. Pour certains, il s’agit du premier pas nécessaire vers la vie professionnelle. Il nous faut encourager « la politique des petits pas », progressivement.

| Comment est-ce que vous les accompagnez ? 

Nos jeunes actifs sont souvent bien établis dans leur vie professionnelle. Ils ont la tentation de dire aux colocataires sans emploi : « Tu es là depuis quinze jours déjà ! Tu prépares ton CV et je te trouve un entretien d’embauche ». Un travail va même parfois être trouvé mais, au bout d’une ou deux journées seulement, si le colocataire n’est pas préparé, il se retrouve dans la spirale…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Maitena Urbistondoy

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéÉducation

Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Entretien | Dans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire.

+

maternité yes kids
ÉgliseSociété

Padre au combat : au cœur de la mission, avec les soldats

Initiatives chrétiennes | Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne.

+

padre aumônier militaire
Société

Entretien vidéo : Les Habits neufs du terrorisme intellectuel

Entretien vidéo | Alors que viennent de paraître Les Habits neufs du terrorisme intellectuel, comment ne pas saisir cette occasion pour creuser un peu plus ce qu'est cette forme de terrorisme, ses racines, ses méthodes et les moyens d'y résister ? Pour ce faire, nous avons dialogué avec Jean Sévillia et avec Mathieu Bock-Côté, préfacier du livre.

+

bock-côté terrorisme intellectuel sévillia
SociétéPhilosophie

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ?

C'est logique ! de François-Marie Portes | Le meurtre tragique de Crépol a suscité une onde de choc nationale, des réactions politiques en cascade et des lectures contradictoires. Derrière l’émotion légitime, la raison s’interroge : peut-on déduire des décisions politiques valides à partir d’un fait singulier ? En revisitant le concept d’induction, quelques réflexions sur la manière dont un événement devient argument, et sur les limites de l’universel forgé à chaud.

+

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ? crépol