Dans son discours à la communauté catholique d’Athènes, le 4 décembre 2021, le Pape commente le discours de saint Paul à l’Aréopage.
La Grèce a tenu un rôle considérable pour l’humanité, non seulement grâce à son rayonnement d’ordre philosophique, culturel et artistique, mais encore sur le plan spirituel. Sur l’invitation de l’ange : Passe en Macédoine, elle a été le premier pays d’Europe à recevoir l’Évangile, grâce à saint Paul le plus grand missionnaire de tous les temps. Les Actes des Apôtres nous narrent pour une grande partie cette évangélisation. Même si beaucoup hélas ne veulent plus aujourd’hui le reconnaître, nous sommes tous débiteurs de cette évangélisation de la Grèce par saint Paul, qui lui-même s’est profondément appuyé sur les richesses philosophiques de ce pays pour répondre aux questions qui de tout temps ont travaillé l’esprit et le cœur de l’homme : le sens et l’origine de la vie, l’amour et ses parodies, la mort et le pourquoi de la souffrance etc.. La Grèce a été véritablement, grâce à saint Paul, un laboratoire de l’inculturation de la foi et c’est là que se situe le vrai patrimoine de l’humanité fondé sur les racines chrétiennes de l’Europe.
Le chapitre XVII des Actes nous montre l’arrivée de saint Paul à Athènes, et son fameux discours à l’Aréopage que commente le Pape en s’arrêtant sur deux attitudes de l’Apôtre : la confiance et l’accueil. Avancer avec confiance, en préférant l’appréhension des situations inattendues à l’habitude et à la répétition. Ce courage lui vient de la confiance en Dieu. Il a le courage de la confiance qui se fonde sur la grandeur de Dieu qui aime travailler toujours dans notre petitesse
L’accueil est la disposition intérieure nécessaire à l’évangélisation : ne pas vouloir occuper l’espace et la vie de l’autre, mais semer la Bonne Nouvelle dans le terreau de son existence, en apprenant à accueillir d’abord et à reconnaître les semences que Dieu a mises au préalable en son cœur. Il ne faut jamais considérer l’autre comme un invité indésirable et à plus forte raison comme un charlatan, comme les Grecs l’ont fait pour Paul à Athènes. Nous devons beaucoup méditer cet épisode pour pouvoir accomplir notre mission dans la fidélité, aux milieux des conditions difficiles que nous pourrions traverser. Saint Paul était seul contre tous et, humainement parlant, avait peu de chances de réussite. Mais il ne s’est pas laissé aller au découragement ; certes, il a peu récolté, mais il a tout de même pris dans ses filets celui qui devait devenir le premier évêque de Paris, saint Denis. L’Apôtre n’a pas succombé à la double tentation si mondaine de la flatterie ou de la plainte. Faisons beaucoup attention aux lamentations, qui ne viennent pas de Dieu mais du diable. Saint Benoît met aussi en garde contre le murmure si pernicieux pour la vie fraternelle et spirituelle. Nous devons nous aussi ne jamais céder au découragement et à plus forte raison au désespoir. Gardons-nous de la routine et ayons toujours comme l’Apôtre confiance en la grandeur de Dieu qui aime toujours faire de grandes choses avec des petits et des faibles. C’est quand « je suis faible qu’alors je suis fort », dit-il. C’est parce que Marie était petite qu’elle a plu au Seigneur.
Saint Paul a pu, grâce à sa confiance toujours accueillante en Dieu et en sa grâce, semer la bonne graine de l’Évangile. La majorité se moqua de lui, mais la minorité devint le grand arbre qui porte beaucoup de fruits. Poursuivons grâce à la Theotokos, la Sainte Mère de Dieu, l’œuvre historique entreprise par l’Apôtre qui sema le germe inaltérable de l’espérance, capable de tout, car se fondant sur la toute-puissance aimante de Dieu.