La dévotion à l’eucharistie en France connut un regain de vigueur après la Révolution française. Rejet ou renouveau de ferveur, le Saint Sacrement retrouve une place importante avec les Fêtes-Dieu, des congrégations dédiées, dans l’enseignement, ou au contraire fait l’objet d’attaques et de profanations.
Après le rejet protestant de la Présence réelle, la peur d’approcher de l’Eucharistie janséniste, les ricanements des Lumières, le XIXe siècle semble un retour inespéré, en France, à une pratique eucharistique saine. Encore faut-il nuancer cette vision qui cache la profonde déchristianisation d’une part importante du pays.
Le renouveau après l’épreuve
Paradoxalement, la persécution révolutionnaire est l’origine de ce renouveau. L’interdiction des messes, la traque des prêtres, le martyre de certains, suppliciés pour avoir voulu sauver les saintes Espèces de la profanation, la difficulté d’accéder aux sacrements provoquent chez les fidèles un manque. Certes, l’on communiait peu auparavant, mais ne plus communier du tout est une souffrance et les plus fervents prennent des risques pour permettre à leurs enfants de faire leur première communion. La suppression des processions de la Fête-Dieu, événement majeur en certaines régions, conduit, au-delà de leur aspect social, voire économique, à reconsidérer l’importance du culte rendu au Saint Sacrement. Chateaubriand ne s’y trompe pas qui, en 1801, constate avec étonnement qu’à Lyon, ville janséniste, l’on n’a pas attendu le rétablissement officiel du catholicisme pour célébrer en public la Fête-Dieu dans un énorme concours de peuple. L’Église voit là l’occasion d’en finir avec le respect mal compris inculqué depuis le XVIIe siècle à trop de bons chrétiens et de les ramener, après confession, à la communion, sinon fréquente, privilège exceptionnel, au moins régulière. À sa châtelaine qui assure « n’en être pas digne », le jeune curé d’Ars, parfait exemple du clergé de son temps, assène : « Certes, mais vous en avez besoin ! » À Pontmain, l’une des paroisses les moins pascalisantes de la Mayenne, l’abbé Guérin préfère, afin de ramener ses ouailles à la pratique eucharistique, passer par la dévotion mariale, puis instaure l’adoration perpétuelle et rétablit, dans les années 1840, le « sacre », la procession de la Fête-Dieu, avec un tel faste que ce village de 600 âmes draine en cette occasion des foules de 4 à 5 000 personnes venues de loin.
Catéchisme de persévérance
Ce succès réclame une meilleure préparation à la première communion, trop souvent réduite au rôle de rite de passage vers l’âge adulte. À…