Congrès eucharistiques (3/4) : Le XIXe siècle, le temps du triomphe du Saint Sacrement ?

Publié le 29 Déc 2023
eucharistie saint sacrement XIXe

Fête-Dieu à Paris en 1830 par Turpin de Crissé

La dévotion à l’eucharistie en France connut un regain de vigueur après la Révolution française. Rejet ou renouveau de ferveur, le Saint Sacrement retrouve une place importante avec les Fêtes-Dieu, des congrégations dédiées, dans l’enseignement, ou au contraire fait l’objet d’attaques et de profanations.

  Après le rejet protestant de la Présence réelle, la peur d’approcher de l’Eucharistie janséniste, les ricanements des Lumières, le XIXe siècle semble un retour inespéré, en France, à une pratique eucharistique saine. Encore faut-il nuancer cette vision qui cache la profonde déchristianisation d’une part importante du pays.  

Le renouveau après l’épreuve

Paradoxalement, la persécution révolutionnaire est l’origine de ce renouveau. L’interdiction des messes, la traque des prêtres, le martyre de certains, suppliciés pour avoir voulu sauver les saintes Espèces de la profanation, la difficulté d’accéder aux sacrements provoquent chez les fidèles un manque. Certes, l’on communiait peu auparavant, mais ne plus communier du tout est une souffrance et les plus fervents prennent des risques pour permettre à leurs enfants de faire leur première communion. La suppression des processions de la Fête-Dieu, événement majeur en certaines régions, conduit, au-delà de leur aspect social, voire économique, à reconsidérer l’importance du culte rendu au Saint Sacrement. Chateaubriand ne s’y trompe pas qui, en 1801, constate avec étonnement qu’à Lyon, ville janséniste, l’on n’a pas attendu le rétablissement officiel du catholicisme pour célébrer en public la Fête-Dieu dans un énorme concours de peuple. L’Église voit là l’occasion d’en finir avec le respect mal compris inculqué depuis le XVIIe siècle à trop de bons chrétiens et de les ramener, après confession, à la  communion, sinon fréquente, privilège exceptionnel, au moins régulière.  À sa châtelaine qui assure « n’en être pas digne », le jeune curé d’Ars, parfait exemple du clergé de son temps, assène : « Certes, mais vous en avez besoin ! » À Pontmain, l’une des paroisses les moins pascalisantes de la Mayenne, l’abbé Guérin préfère, afin de ramener ses ouailles à la pratique eucharistique, passer par la dévotion mariale, puis instaure l’adoration perpétuelle et rétablit, dans les années 1840, le « sacre », la procession de la Fête-Dieu, avec un tel faste que ce village de 600 âmes draine en cette occasion des foules de 4 à 5 000 personnes venues de loin.  

Catéchisme de persévérance

Ce succès réclame une meilleure préparation à la première communion, trop souvent réduite au rôle de rite de passage vers l’âge adulte. À…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Anne Bernet

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Europe : les pèlerinages en 2024

Les pèlerinages sont un phénomène quasiment universel. Le mot pèlerinage vient du latin peregrinatio qui exprime l’idée de « voyager loin » et dérive de per ager « à travers champs ». En passant par les lieux liés à la vie du Christ, ceux qui ont été sanctifiés par des apparitions mariales ou encore les nombreux sanctuaires liés à des saints, quels sont les succès et nouveautés des pèlerinages de l’année 2024 ? 

+

homme nouveau Chartres pèlerinage
ÉgliseLectures

Côté éditions | La Tradition liturgique, par Anne Le Pape

Les Éditions de L'Homme nouveau vous présentent La Tradition liturgique, Les rites catholiques, latins et orientaux, reçus des Apôtres, (Anne Le Pape, Novembre 2024, 98 pages, 15 €). Avec cet ouvrage sur les liturgies orientales, Anne Le Pape offre une enquête passionnante sur un univers souvent ressenti comme étranger, malgré l'appartenance de ces rites à l'Église catholique.

+

la tradition liturgique
ÉgliseThéologie

Un nouveau manuel de patristique

Carte blanche d'Yves Chiron | Le Nouveau Manuel de patristique qui vient de paraître chez Artège est appelé à devenir un livre de référence, « le Lagarde et Michard des Pères de l’Église », dit l’éditeur. L’ouvrage est publié sous la direction de Marie-Anne Vannier, rédactrice en chef de la revue Connaissance des Pères de l’Église depuis 1996 et professeur de théologie à l’université de Lorraine.

+

peres de leglise Louis Cazottes CC BY SA 4.0 Lavaur Cathedrale Saint Alain Chapelle des Peres de lEglise patristique
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Sanctus 8, De angelis (Messe des Anges)

Le Sanctus 8 est la plus ancienne des quatre pièces de l’ordinaire de la messe des anges, puisqu’il est daté du XIIe siècle. Il est représenté par une centaine, au moins, de sources manuscrites. Sa mélodie est reprise, sans que l’on puisse affirmer avec certitude laquelle des deux est l’original, dans l’antienne O quam suávis est des premières vêpres à Magnificat de la fête du Saint-Sacrement.

+

communion alleluia sanctus agnus