Emmanuel Macron parle de « décivilisation », Mgr Rougé affirme que l’euthanasie en est la cause

Publié le 31 Mai 2023
décivilisation

Le 24 mai, lors d’un conseil des ministres, Emmanuel Macron affirmait vouloir lutter contre un « processus de décivilisation » devant toutes les violences actuelles. Dans une tribune du 27 mai parue sur le site de la conférence des évêques de France, Mgr Rougé, évêque de Nanterre, reprend ce terme pour dénoncer une nouvelle fois l’euthanasie.

 

Lors du discours introductif du conseil des ministres du 24 mai dernier, Emmanuel Macron s’exprimait sur les violences qui paraissent dans la presse chaque jour : «Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation ». Cette expression de « décivilisation » a alors été beaucoup commentée dans la presse. Selon le journal Le Figaro, elle serait « souvent utilisée par la droite, voire l’extrême-droite ». Le terme de « décivilisation » apparaît notamment sous la plume de Renaud Camus, surnommé « le théoricien du grand remplacement ». 

Le 31 mai, le journaliste Marc-Olivier Bherer affirme dans un article du journal Le Monde que ce processus de décivilisation fait aussi écho au « processus de civilisation » théorisé par le sociologue britannico-allemand Norbert Elias (1897-1990) : « Norbert Elias a étudié la civilisation […] comme un processus, un phénomène de transformation historique, qui a conduit à la pacification progressive de l’Occident », écrit le journaliste. Dans Le Figaro, Aliénor Vinçotte explique quant à elle que la civilisation « désigne une société caractérisée par son degré d’avancement ». Son terme opposé, la « civilisation », désignerait donc une société caractérisée par une régression. En utilisant ce terme, Emmanuel Macron manifesterait donc une chute de notre civilisation et chercherait à prévenir de cette régression de notre société.  

L’euthanasie, chemin vers la décivilisation ? 

Tandis que certains journaux commentent cette expression du président, Mgr Rougé, évêque de Nanterre s’en est emparée pour remettre en cause le processus législatif actuel sur l’euthanasie. Dans une tribune publiée le 27 mai dernier sur le site de la conférence des évêques de France, il s’est questionné : « comment ne pas reprendre ce terme présidentiel de décivilisation à propos de ce qui risque d’être proposé à la représentation nationale en matière de fin de vie ? »

En effet, depuis quelques mois maintenant, la question est au centre des préoccupations gouvernementales. Le 9 décembre 2022, Emmanuel Macron avait mis en place une convention citoyenne pour la fin de vie. Le 3 avril dernier, cette convention a donné sa réponse en faveur du suicide assisté. Le 21 mai, dans un entretien au Journal du Dimanche, Agnès Firmin le Bodo, la ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé annonçait un projet de loi sur l’euthanasie à paraître à l’Assemblée avant la fin de l’année. La légalisation du suicide assisté avance à grand pas.  

Pourtant, dans sa tribune du 24 mai, Mgr Rougé affirme qu’« autoriser le « suicide assisté » sur le modèle de l’État américain de l’Oregon ou de la Suisse constituerait une transgression éthique majeure ». L’évêque de Nanterre souhaite réaffirmer les problèmes moraux qui résulteraient de l’autorisation de l’euthanasie. Le magistère de l’Église a toujours affirmé que « l’euthanasie est un crime contre la vie humaine » ( Lettre Samaritanus Bonus sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie, publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi le 14 juillet 2020).

Mgr Rougé pointe du doigt cette question du suicide assisté, en affirmant qu’il participe, à la chute de la société : « une société complaisante à l’égard du suicide, est une société suicidaire, une société qui se suicide elle-même ». Une manière d’indiquer au président de la République que la décivilisation ne se trouve pas que dans les actes des citoyens, mais bien aussi dans les lois présentées à l’Assemblée. 

 

 

Aymeric Rabany

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