Défendre l’Église

Publié le 26 Mar 2024
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Pie XII, septembre 1945. © Associated Press

Récemment, la chaîne de télévision KTO a programmé un film sur la vie de sainte Édith Stein, en religion sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, juive convertie et carmélite morte à Auschwitz en 1942. Le film, Une rose à Auschwitz, est sorti en 2018 et met en scène le chemin suivi par cette femme, philosophe et professeur en l’Allemagne d’avant-guerre. Née à Breslau, en Silésie, dans une famille juive, Édith étudia la philosophie avec Edmond Husserl et s’attacha à la cause féministe dans ses conférences. C’est à la lecture de l’autobiographie de sainte Thérèse d’Avila qu’elle ressentit l’appel de Dieu et de son Église ; elle demanda le baptême et entra au carmel de Cologne. Dans la tourmente nazie qui déferle sur l’Europe, la mère prieure du carmel fait partir Édith et sa sœur Rosa pour les Pays-Bas. Elle est accueillie au monastère d’Echt en Hollande où elle trouve refuge jusqu’au moment où les évêques catholiques néerlandais publient une protestation officielle contre l’Allemagne nazie. Jusqu’alors, les forces d’occupation avaient déporté seulement les Juifs hollandais, pas ceux baptisés chrétiens. Dorénavant, par vengeance contre l’Église, les Nazis regroupèrent tous les Juifs, baptisés ou non.

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© Une rose à Auschwitz, la vie d’Edith Stein – 2018

Le 7 août 1942, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, accompagnée de sa sœur Rosa, partit en direction du camp d’Auschwitz où elles trouvèrent la mort deux jours plus tard.

Voilà les faits tragiques de la vie d’une martyre chrétienne.

Cependant, ce film, produit soixante-seize ans plus tard, en 2018, après l’ouverture des archives du Vatican qui ont révélé tous les documents pertinents, dénonce encore l’Église catholique romaine comme « responsable » des faits au lieu de s’en tenir aux réalités. En effet, une dernière scène ambiguë nous montre Édith déclarant à sa sœur qu’elle a interpellé le Pape pour lui demander de dénoncer l’Holocauste. Mais on sait ce que coûta la naïveté des bons évêques de Hollande. Le pape Pie XII, condamné par la presse d’après-guerre pour son « silence », laissa pourtant un document définitif sur la question : « Après beaucoup de prières et de larmes, je réalise qu’une condamnation venant de moi non seulement échouerait à aider les Juifs, mais qu’elle pourrait empirer leur situation (…) Une protestation officielle m’aurait sans doute fait gagner des louanges et…

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Judith Cabaud

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