> DOSSIER
La déchristianisation effaçant progressivement la notion des fins dernières, il est devenu très difficile de parler avec justesse de la mort. Et pourtant l’enseignement chrétien sur la destinée éternelle est le plus consolant pour ceux qui pleurent un être cher. Explication d’un ancien membre de la pastorale diocésaine des funérailles de Paris.
« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la Puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. » (Matt 16,18) Quand la mort s’approche de nous, en jetant son ombre sur nos proches, sur nous-mêmes, ou quand nous faisons mémoire de ses méfaits dans notre passé, nous devrions toujours nous souvenir de ce verset de l’Évangile selon saint Matthieu, surtout si nous avons la grâce d’être catholiques. C’est en effet d’abord à l’Église bâtie sur Pierre que cette promesse est adressée, ce qui ne veut pas dire qu’elle est sans intérêt pour les autres.
Sous-christianisation
Vouloir réfléchir en chrétiens sur la mort oblige à entendre cette vérité sous des formes obligatoirement différentes, car la majorité de ceux qui veulent penser chrétiennement sur un pareil sujet sont atteints par la déchristianisation, ou encore la sous-christianisation, ce qui est peut-être pire ! Je veux dire par là que des pensées qui ont complètement évacué l’immortalité de l’âme, ou l’enfer, au nom d’un enseignement « plus authentique » de l’Évangile, sont plus difficiles à convertir que celles qui sont victimes de l’absence totale d’idées. Il est aussi difficile de formuler la question dans les termes adaptés à la circonstance que d’y répondre. Dans beaucoup de cas, les personnes endeuillées vont se trouver devant un ou plusieurs laïcs, une équipe de deuil qui ne pourra proposer qu’une bénédiction, en précisant, éventuellement que, lors d’une messe dominicale qui suivra les obsèques, l’on priera pour le défunt. Mais bien souvent cela ne signifiera pas grand-chose. Car d’abord, beaucoup de prêtres disent que bénédiction et messe sont la même chose et, pire, au nom de l’égalité de traitement pour tous, on pourra aller jusqu’à interdire à un prêtre de la famille ou de l’extérieur d’intervenir. Bref, on se rend rapidement compte que l’enseignement catholique sur les fins dernières est complètement oublié, ou étrangement transformé. Ainsi les pompes funèbres, qui remplacent en grande partie déjà un clergé défaillant, pourront-elles le faire complètement. Suivant un jour un convoi jusqu’à la tombe, j’ai pu entendre le discours d’un orateur…