Des idées de cadeaux de dernières minutes…

Publié le 23 Déc 2022

Vous êtes-vous laissé déborder par vos multiples tâches ? Avez-vous manqué d’imagination ? Voici quelques idées de livres et films susceptibles de faire plaisir aux enfants, aux adolescents, voire aux grandes personnes.

Inès d’Oysonville s’impose comme l’un des auteurs pour tout-petits à recommander. Ses albums consacrés à l’Histoire sainte et ses introductions à la prière sont des réussites. Après une initiation au chapelet, elle publie, avec Ségolène Bonte et Fanny Zeller, Je vous salue, Marie (Artège Le Sénevé. 32 p., 8,90 €), afin d’apprendre et expliquer l’Ave Maria aux très jeunes enfants. Objectif atteint, car cet album illustré aux teintes douces et au style inspiré des années soixante-dix agréablement nostalgique a tout pour plaire. Chaque verset est présenté, commenté, mis en situation, de sorte que le jeune lecteur puisse appliquer dans sa vie quotidienne l’esprit de la salutation angélique. Aucune critique à faire !

Un jour, il y a bien longtemps, Nathanaël, fils du forgeron voisin de la cathédrale de Strasbourg, a réalisé son rêve : au lieu de rejoindre l’atelier paternel, monter tout en haut du sanctuaire, vers un monde qu’il imaginait féerique. Il n’aura pas été déçu. L’ascension, périlleuse, s’est révélée riche en rencontres improbables : corbeaux qui parlent et jouent aux dés, statue d’un roi cavalier de l’Ancien Testament languissant de s’arracher à sa prison de pierre, gargouille haineuse, dragon bienveillant… Faut-il vraiment, après les avoir rencontrés, redescendre ?

John Howe a signé Cathédrale (La Nuée bleue. 36 p ; 14,90 €.) en 1987, au tout début d’une carrière qui a fait de lui le maître illustrateur de la fantasy, et le responsable artistique des adaptations des œuvres de Tolkien par Peter Jackson, lui valant une réputation internationale. Toutes les grandes qualités qui assurèrent son succès sont déjà dans cet album : maîtrise du dessin et de la couleur, admiration pour le Moyen Âge, capacités poétiques à métamorphoser le réel, imagination foisonnante, talent débordant. Cependant, Howe reste totalement imperméable à ce qu’est une cathédrale, dans laquelle, d’ailleurs, il ne fait jamais entrer son héros, « gêné par les fastes » catholiques, pas plus qu’il ne s’intéresse aux raisons qui l’ont fait bâtir, au Dieu que l’on y adore et au culte que l’on y célèbre. Et cela, en dépit de la réussite de l’album, et de la tenue littéraire du texte, exige des parents quelques remises au point. Tout comme l’absence de morale ou de moralité du conte.

Orphelins, Felipe, Gustavo et Clara ont été recueillis par leur oncle James, un archéologue qui les emmène volontiers dans ses voyages. Pour les motiver, il les a convaincus de l’existence d’une société secrète dont le but est de protéger les nouvelles Sept merveilles du monde : la Grande Muraille de Chine, le Taj Mahal, Pétra, le Colisée, le Machu Pichu, les pyramides mayas et le Christ de Rio de Janeiro. Pour être reçu dans la mystérieuse société, il faut avoir visité tous ces sites et en rapporter un passeport muni d‘un visa, obtenu après la réussite d’une épreuve.

Celle qui attend les jeunes aventuriers à Rome s’annonce dangereuse. Il leur faut retrouver les malfaiteurs qui font disparaître les chats romains, symboles de la Ville éternelle. Redoutant de mettre les enfants en péril, oncle James décide de renoncer. Il a compté sans l’obstination du trio…

La série de Marie Malcurat, Les sept nouvelles merveilles du monde, et plus particulièrement cet épisode, Les disparus du Colisée (Plein Vent. 65 p., 6,90 €) devrait, normalement ; s’adresser à des enfants commençant à peine à lire, voire plus jeunes, et c’est ceux-là que vous ciblerez en achetant ce livre. L’inquiétant est que, selon l’éditeur, la série vise les 8-10 ans… Voire davantage. Et de rester rêveur en songeant qu’à cet âge, nous dévorions, en fait d’énigmes, le Club des cinq, Les compagnons de la Croix-Rousse, La famille HLM, les aventures de Langelot, -signées Volkoff, quand même ! -, les Enquêtes d’Alice, et que ces romans, tant par la longueur du récit que le vocabulaire, la syntaxe, la qualité psychologique de l’intrigue étaient d’une autre exigence.

Les illustrations de Claire Delvaux soulignent un peu plus l’immaturité d’un lectorat dont le niveau a beaucoup baissé en cinquante ans. Et si l’on se souvient que Maurras, à sept ans, dévorait l’Iliade, en grec…, ne reste qu’à s’asseoir et pleurer…

À quel âge peut-on entamer la lecture de Camino, (Artège jeunesse puis Plein Vent. Environ 150 p par volume. Entre 9,90 et 12 €) la jolie série, maintenant riche de cinq tomes, de Marie Bertiaux ? Je dirais vers sept ans…

Est-il sage de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques lorsque l’on est encombré d’une famille nombreuse dont l’aîné n’a que dix ans ? Les Bertiaux pensent que oui puisque cette histoire, c’est la leur et que, depuis quelques années, à chaque vacances scolaires, ils accomplissent une étape du pèlerinage vers Compostelle, en compagnie de Gribouille, grande et tendre ânesse qui porte bagages et voyageurs fatigués. Évidemment, cette caravane familiale qui chante des cantiques ou récite le chapelet ne laisse pas indifférent là où elle passe ! Au fil des épisodes, les enfants grandissent, découvrent la nature, font l’expérience de la vie, de ses bonheurs, et de ses drames. Dès le premier épisode, Martin, Alice, Agathe et Benjamin, désormais rejoints par Madeleine, la petite dernière, se trouvent confrontés à la mort, quand ils ne peuvent sauver le bébé écureuil blessé qu’ils ont adopté, ou que l’un de leurs hôtes, François, déjà lourdement handicapé, est renversé par une voiture avec son fauteuil roulant. Ces expériences leur enseignent générosité, dépassement de soi, attention à autrui, courage et sens du sacrifice. Dans le dernier volume, Les petits montagnards, le défi est de franchir enfin les cols pyrénéens lors des vacances de Pâques et d’arriver en Espagne. Tout s’annonçait bien, jusqu’au moment où Benjamin s’est recassé le bras que l’on venait de lui déplâtrer, obligeant Papa à abandonner Maman, le reste de la marmaille, l’ânesse et le chien pour l’emmener à l’hôpital. Entre de bonnes mains, celles d’un guide expérimenté. Ce qui n’était pas prévu, c’est que celui-ci serait victime d’un accident et qu’un néophyte le remplacerait… Grosse imprudence de s’égarer sur des chemins perdus de montagne quand une tempête de neige menace !

Tous les ingrédients d’une bonne série d’aventures sont réunis ici, accompagnés d’un bel esprit catholique. Les premiers tomes étaient illustrés, très joliment, par Clémence Meynet ; Cécile Guinement a pris la suite. J’aime moins son style.

Continuons dans l’aventure, sous forme de bédé cette fois, avec Le manuscrit de Morhange (Plein Vent. 52 p., 15,90 €.) signé Yvon Bertorello, Éric Stoeffel, Serge Scotto, Beniamino Delvecchio. :

Tout juste nommé curé de Morhange, une petite ville de Moselle, le jeune abbé Mathieu souhaite restaurer l’antique procession de Notre-Dame du Feu qui commémore la protection miraculeuse de son église lors du grand incendie qui détruisit le bourg au XVe siècle. En cherchant à se documenter, il retrouve dans les archives du sanctuaire la précieuse charte de fondation que l’on croyait perdue, document rédigé en vieil allemand dont le décryptage réclame l’aide d’un paléographe. Orienté vers un historien réputé, le prêtre ignore que l’homme est vénal et que la possibilité de s’emparer d’un manuscrit si précieux l’emportera sur toute autre considération…

Un beau matin d’été, le curé ne vient pas célébrer sa messe, le presbytère est en grand désordre, mais nul ne s’inquiète. Sauf une troupe scoute, persuadée que le prêtre a été enlevé ! N’a-t-on pas tracé le signe « danger » dans sa salle à manger ? Face à l’incrédulité de la gendarmerie, les gamins décident de mener leur propre enquête.

Voilà l’exemple même de ces aventures qui nous enchantaient en nos primes années, avec des méchants très méchants mais dont la capacité de nuisance restait proportionnée à ce que l’on croyait alors pouvoir dire aux enfants de la malignité humaine, des enquêtes haletantes, des adultes jamais à la hauteur, et des jeunes plus intelligents, courageux et entreprenants qu’eux.

La seule différence, mais elle n’est pas petite, était que nous lisions ces histoires-là, et n’avions pas besoin que l’on nous mette des dessins, même réussis, dessus, pour faire travailler notre imagination.

Depuis le suicide de son mari, Anna fait face à un quotidien difficile, et tente de réussir seule l’éducation de ses fils, Simon et Jules, deux « petits anges », s’extasie-t-on en les voyant. Elle seule sait combien les enfants souffrent de la disparition d’un père dont elle a décidé de ne plus parler, leur cachant les circonstances de son décès. Mais les garçons grandissent, et ils voudraient savoir… Pour les dix ans de Simon, son parrain, personnage mystérieux qu’il n’a jamais rencontré, lui offre, au grand dam d’Anna, très opposée à ce genre de divertissement, une console de jeu vidéo. Immédiatement, les enfants sont fascinés. C’est que ce jeu n’est pas comme les autres. D’une incroyable beauté artistique, Malak, l’ange en hébreu, demande aux joueurs de faire un choix crucial : dans quel camp veulent-ils combattre ? Celui du Seigneur du Ciel, ou celui de son ténébreux rival ? Simon et Jules s’immergent dans ce monde en apparence imaginaire ; en apparence seulement… car, dans ses arcanes se dissimulent la vérité sur la mort de leur père, et la sombre présence de celui que le jeune homme appelait son « ange noir »…Réalité et fiction se mélangent de plus en plus, comme si les enjeux de la partie faisaient irruption dans le quotidien des joueurs, de manière bientôt dangereuse et inquiétante…

Avec Malak, le choix de la Lumière ( Plein Vent, 325 p ; 14,90 €), Ségolène Destremau offre le premier volume d’une série palpitante. Passé un instant d’inquiétude pour l’adulte qui n’est pas d’obligation « geek » et se demande comment il va se retrouver dans cette histoire de jeu vidéo, l’intérêt de ce roman qui se lit à plusieurs niveaux devient évidente, troublante, passionnante. J’avoue que j’attends la suite avec une vive curiosité.

Changeons de registre en proposant un film accessible aux enfants et adolescents, La fille qui croyait aux miracles (Saje Distribution. 96 minutes), à condition, cependant, de l’accompagner des explications et commentaires nécessaires.

La foi déplace les montagnes. Cette parole entendue au temple bouleverse Sara, huit ans, en lui révélant le pouvoir de la prière. Après quelques tâtonnements, attristée par un oiseau mort, elle obtient, à force de supplications adressées au Ciel, son retour à la vie. Rapidement, ce don de thaumaturge grandit : Sara sauve un chien écrasé, puis se met à guérir ceux qui s’adressent à elle. La petite ville américaine où elle habite ne parle plus que de cela, toutes les misères se pressent à sa porte, au désespoir de ses parents, dépassés par les événements.

Pour le médecin de famille, auquel la mort de son fils unique a fait perdre la foi, il faut une explication rationnelle à cette pluie de miracles ; lorsque Sara, après une série de guérisons épuisantes, tombe malade et que l’on diagnostique une tumeur cérébrale la condamnant à très brève échéance, il croit avoir trouvé la cause de ces dérèglements, comme si la maladie pouvait tout expliquer…

Rassurez-vous : c’est une histoire américaine et, malgré des péripéties dramatiques, cela finira au mieux. Reste que cette très jolie parabole relève du conte de fée, car même les plus grands saints n’ont jamais guéri ou ressuscité quiconque sans le payer un prix astronomique. Laisser croire à un enfant qu’il sauvera son animal familier malade ou fera marcher les paralytiques serait lui faire espérer ce qui n’est donné qu’à très peu. Au risque de l’éloigner de Dieu…

Le miracle existe, mais il est du ressort des saints. C’est donc vers eux qu’il faut orienter l’attention des enfants et des adolescents. Dans cette optique, les éditions Emmanuel ont lancé la collection Témoins de l’invisible, qui propose des hagiographies sous un jour facile et agréable, sans trop de détails, romancé, même si le fond du récit est véridique. En principe destinée aux jeunes, elle peut plaire à des adultes qui ne sont pas grands lecteurs.

Parmi les derniers titres parus, le Don Bosco de Marie Bertier (Emmanuel Jeunesse.210 p.) vaut de s’y arrêter. Rédigé sous forme d’autobiographie, le livre insiste sur l’enfance et la jeunesse de Giovanni, la naissance de sa vocation sacerdotale, les difficultés rencontrées du fait de la mort de son père et de la brutalité de son demi-frère aîné qui ne veut pas payer pour un « fainéant » de son espèce. L’intérêt du récit réside dans la transformation intérieure d’un adolescent spontanément porté à la violence, qui se corrige par amour du Christ et se sanctifie avant d’envisager de corriger et sanctifier les autres. Au vrai, passée l’ordination de Don Bosco, la suite est brièvement esquissée, comme si les réalisations de l’âge adulte intéressaient moins l’auteur, ou qu’elle hésitait à en traiter, s’adressant à un jeune public. Ce choix, s’il laisse un peu sur sa faim, peut avoir d’appréciables effets sur des garçons qui s’interrogeraient au sujet d’une éventuelle vocation.

L’appel divin est également au cœur du roman de Martine Bazin, L’ange qui disait merci (Téqui. 75 p ; 12,50 €.).

À vingt ans, Martha a vécu une déception qui l’a laissée amère : Henri-Ange, qu’elle rêvait d’épouser, lui a préféré Dieu. Il est devenu prêtre et s’est envolé vers une lointaine mission africaine. Avant de partir, il lui a offert une splendide statue ancienne d’ange quêteur en lui demandant de prier pour lui. Folle de rage, Martha a enfermé l’objet au grenier. Pour comprendre à quel point elle y tenait, il a fallu que la statue, précieux souvenir de l’ami auquel elle refusait obstinément d’écrire, disparaisse, volée par un brocanteur peu scrupuleux.

Pour Martha, qui pendant vingt ans ne s’en est pas souciée, retrouver son « bel ange » devient obsessionnel ; lorsque la Providence le lui rend, elle ignore que l’objet sera pour ses proches, et son voleur, un chemin de grâces merveilleux.

Voilà une vraie leçon de foi et d’espérance, qui fait de ce petit roman un joli conte de Noël.

Si Martha n’a pas su transcender l’épreuve que le Ciel lui envoyait, Pauline Jaricot, elle, a fait des nombreuses traverses de son existence un chemin de sainteté, bien décrit par Marie et Olivier Malcurat, soutenus par les dessins de Francesco Bisaro, dans Pauline Jaricot, aimer et servir (Plein Vent, 48 p ; 15,90 €).

Après un accident qui a gravement ébranlé sa santé, puis la mort de sa mère, Pauline, fille d’un riche soyeux lyonnais, renonce aux plaisirs d’un monde qui l’attire trop et se donne à Dieu. Elle a seize ans et ne reviendra jamais sur cet engagement, mais, ne se sentant pas faite pour la vie religieuse, cherche comment vivre un laïcat discrètement consacré.

Entre expériences mystiques intenses, Pauline ayant une vocation réparatrice, et engagements apostoliques dans lesquels elle se révèle organisatrice hors pair, elle entame une carrière qui fera d’elle l’une des personnalités catholiques les plus en vue du XIXe siècle, avant, victime d’escrocs, d’être réduite à l’indigence et déshonorée. Il faudra plus d’un siècle à l’Église pour reconnaître la sainteté de celle que le curé d’Ars n’hésitait pas à donner en exemple.

Une bande dessinée ne peut rendre compte de la complexité d’un tel parcours, seulement l’effleurer et donner envie d’en savoir davantage. Ce but est atteint.

Passons à des sujets plus graves s’adressant aux grands adolescents, ou aux jeunes adultes.

D’abord, d’Yvon Bertorello, Frédéric Allali, Éric Stoeffel, Devota, itinéraire d’une martyre de la Corse à Monaco (Plein Vent, 65 p, 15, 90 €.)

Jeune chrétienne, Dévote fut martyrisée en Corse durant la persécution de Dioclétien. À en croire ses actes, légendaires, le gouverneur Barbarus, exaspéré par sa résistance, lui refusa une sépulture et ordonna de brûler son corps, mais Dieu avait d’autres vues pour sa servante. Les chrétiens d’Almeria ayant récupéré sa dépouille, Dévote leur apparut et leur demanda de la déposer sur une barque puis de laisser aux flots le soin de la conduire au lieu de son repos éternel. L’esquif s’échoua sur le rivage monégasque où la martyre fut ensevelie avant qu’une église soit élevée sur son tombeau et que ses miracles fassent d’elle la patronne de la Principauté.

Partant de cette trame, les scénaristes reconstituent le IVe siècle commençant et les horreurs de la persécution anti-chrétienne. Sans doute, pour les besoins du récit, enjolivent-ils certains épisodes, imaginant une existence dont on ne sait pas grand-chose, mais il s’agit avant tout de célébrer les racines chrétiennes de Monaco et l’attachement des Grimaldi au catholicisme. Les reconstitutions historiques sont très travaillées, exactes et réussies. L’on regrettera cependant que la pauvre Dévote soit si laide…

Castille, début des années 1930 : la vie coulerait insouciante pour la belle Dolorès de Villafranca dans l’hacienda de son aïeul, hidalgo propriétaire d’un des élevages de toros bravos les plus réputés d’Espagne si l’atmosphère familiale n’était empoisonnée par la haine opposant le vieil homme et ses autres petits-fils au mouton noir de la famille, le jeune Juan de Villafranca, né du mariage interdit d’un fils « dévoyé », devenu torero contre les usages de l’aristocratie, et d’une princesse gitane. Juan, malgré les brimades, n’a jamais voulu se soumettre aux diktats des siens et ses cousins, dérangés par ce garçon trop fier, trop brave, trop beau, qui les surclasse en tout, réussissent à le faire chasser et déshériter. Seule Dolorès prend son parti, et, quand la guerre civile éclate, elle ne peut s’étonner que Juan ait choisi le camp républicain, ce qu’elle pardonnerait si, un matin, la manade des Villafranca n’était massacrée par les Rouges et le marquis assassiné. Les témoins sont formels : le lieutenant qui commandait la troupe, c’était Juan…

Alors que ses autres cousins tombent un à un dans les rangs nationalistes, Dolorès rejoint les troupes franquistes pour s’y battre, animée du secret espoir de tuer le renégat de sa propre main.

Signé Marijac et Noël Gloesner, Dolorès de Villafranca (Artège. 52 p. 11,50 €) est un album qui rappelle, par son graphisme, les bédés d’autrefois. L’histoire, dénuée du moindre manichéisme, a la grandeur d’un drame antique, et se révèle superbement illustrée. Abstenez-vous, toutefois, si vous êtes opposé à la corrida…

20 avril 1999 : Littleton dans le Colorado entre dans l’histoire de la violence gratuite quand deux adolescents, lecteurs de Mein Kampf, emplis de haine envers la société, font irruption au lycée Columbine et massacrent, avant de se suicider, treize de leurs camarades qu’ils jugent déviants, handicapés, ou obstacle à leur rêve de race supérieure… Leur première victime est Rachel Joy Scott, dix-sept ans, vedette de la troupe théâtrale de l’établissement, assez courageuse pour revendiquer son attachement aux valeurs évangéliques. Rachel eût-elle été catholique, on eût ouvert son procès de béatification car il ne fait aucun doute qu’elle fut assassinée in odium fidei mais elle était protestante.

Peu après sa mort, sa mère découvrira dans sa chambre un journal intime assez éloigné des rêveries habituelles des filles de son âge et de son temps. Même si Rachel y parle de sa tocade pour le jeune premier du lycée, auquel elle ne cédera pas, ce texte, d’une maturité étonnante, évoque surtout sa lutte pour rester fidèle au Christ dans un monde qui le conspue, l’héroïsme nécessaire pour braver moqueries et rejets, l’abnégation nécessaire pour aller vers ceux qui en ont le plus besoin afin de leur parler de Jésus, les difficultés éprouvées dans cette marche vers une sainteté jugée inaccessible.

Si le début du film Je n’ai pas honte (Saje distribution. 108 minutes) agace par une certaine niaiserie, le jeu touchant de Masey Mc Lean qui incarne Rachel, et celui de Ben Davies, Nathan, le jeune SDF qu’elle arrache à la rue et amène à la foi, finissent par toucher profondément tandis que l’inévitable tragédie se met en place.

Voilà un très bel exemple de courage chrétien, jusqu’au martyre, à proposer aux adolescents, et aux adultes qui ont perdu en vieillissant cette flamme-là.

Le sort de Rachel n’est-il pas celui qui nous menace tous dans un monde aussi déchristianisé que le nôtre ? Se poser la question n’est pas superflu, tout comme se demander si nous ne touchons pas tout de bon aux derniers temps. Cette possibilité que la Parousie soit proche est au cœur d’un des très grands romans catholiques de ces dernières années, Père Elijah, une apocalypse, de Michael O’Brien. Cependant, la taille du livre effraie nombre de lecteurs potentiels. C’est à eux que s’adresse cette adaptation éponyme en bande dessinée de Thomas Oswald et Nicolas Doucet, dont le premier tome, La Mission (Salvator. 64 p., 16,90 €), vient de sortir.

Un enfant, survivant du ghetto de Varsovie, après la mort de tous les siens, grandit empli de haine. Devenu adulte, éminent archéologue, ministre prometteur du jeune État israélien, Schaffner, s’il ne croit pas en Dieu, croit en la vie, celle de l’enfant que porte son épouse et pour qui il veut un destin plus heureux que le leur. Cet avenir est fracassé par l’attentat qui tue sa femme et le bébé à naître. Ce drame de trop, au lieu de le détruire, l’ouvre à l’amour du Christ. Converti au catholicisme, devenu carme, prêtre, celui que l’on appelle désormais Père Elijah pense finir ses jours dans la prière et l’étude. Une convocation du pape à Rome le précipitera dans la plus terrible mission jamais donnée à quiconque : affronter le politicien charismatique qui préside l’Europe unie en qui le Saint Père, isolé au Vatican, entouré de prélats passés à l’Ennemi par opportunisme ou aveuglement, croit reconnaître l’Antéchrist…

On ne résume pas le récit d’O’Brien. Un quart de siècle après sa parution, les signes des temps décelés par le romancier canadien sont plus évidents que jamais Peut-on, cependant, adapter ce prodigieux roman d’aventure métaphysique en bande dessinée ? Oui, en en sacrifiant beaucoup d’aspects, à commencer par les plus profonds…

Reste une initiation habile, intelligente, dure aussi, en espérant que certains lecteurs ouvriront le livre et en comprendront le message : Viens, Seigneur Jésus !

Anne Bernet

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