Les laïcs aussi ont leur mot à dire concernant le débat sur le mariage en vue du Synode. Président de l’Union internationale des juristes catholiques, Miguel Ayuso a rassemblé en un livre, De Matrimonio, des contributions plus philosophiques que théologiques sur l’institution matrimoniale. Entretien.
Pourquoi publier aujourd’hui ce livre de défense du mariage et de la famille ?
Miguel Ayuso : Depuis plusieurs décennies, la famille souffre un processus d’érosion sociale et légale qui permet d’évoquer son « évaporation » contemporaine, due pour une bonne part à « l’éclipse » du mariage. Le mariage naturel, avant d’être chrétien, a proprement disparu des législations des pays qui furent chrétiens : il en résulte que de façon progressive il disparaît aussi de nos sociétés. C’est inévitable : le droit et la politique possèdent une évidente dimension pédagogique, de telle sorte que lorsque l’un et l’autre se laissent entraîner par les tourbillons des tendances sociales, toujours défaillantes, ils se convertissent en un facteur contraire à l’éducation et mène à la démolition sociale. À cela s’ajoute un autre fait dont l’importance ne peut être minimisée : l’impact qu’ont récemment exercé ces processus sociaux et légaux (à proprement parler antisociaux et anti-juridiques) sur la « culture catholique » (ou ce qui subsiste d’elle), et jusqu’aux hiérarchies catholiques mêmes. Les débats suscités par le Synode (tant lors de sa réunion extraordinaire passée que pour sa réunion ordinaire imminente) le prouvent. Les catholiques conscients, avec quelque compétence dans les matières concernées, ne pouvaient demeurer à l’écart mais devaient faire entendre leur voix. C’est ce que nous avons fait, modestement mais résolument : avec une intention plus réflexive que polémique mais sans fuir, cela va sans dire, le devoir de dire la vérité telle que nous la voyons et qui s’est démontrée en tout point conforme à la doctrine traditionnelle de l’Église, au contraire des propositions révolutionnaires qui se sont manifestées avec une force particulière ces derniers temps.
Pourquoi n’avoir retenu que des collaborateurs laïcs et ne pas avoir fait appel à des membres du clergé ?
L’Union internationale des juristes catholiques que je préside actuellement et qui est à l’origine de cette initiative, est une association internationale privée de fidèles, de droit pontifical. Il est donc compréhensible que ses membres soient des laïcs qui…