Enseignement catholique (2/4) : État contre école, un bras de fer inégal

Publié le 07 Fév 2024
enseignement catholique

L’idée n’est pas de taper sur Stanislas, mais sur le plus emblématique. © Celette / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Directeur d’un établissement dépendant de la Congrégation de Sainte-Croix, Yann de Cacqueray connaît bien l’enseignement catholique sous contrat où il a fait sa carrière. Il éclaire pour nous le rapport de forces avec l’État, très inégal aussi à cause du manque de courage des cadres et de l’autorité religieuse.

 

L’établissement scolaire Stanislas est aujourd’hui au centre de l’attention des médias. Cette affaire risque-t-elle selon vous de relancer la guerre scolaire? Qui est la véritable cible de l’État et des médias? 

Cette affaire dépasse largement le cadre de Stanislas. La question est de toucher le symbole que représente cet établissement, pour ensuite mettre au pas l’ensemble des écoles, collèges et lycées privés catholiques. L’idée n’est pas de taper sur Stan, mais sur le plus emblématique pour qu’aucun des autres n’ose faire ne serait-ce qu’une partie de ce qu’a fait Stan. Il existe clairement une pression sur les établissements, et c’est toujours la même stratégie : une technique très utilisée par les médias comme par l’État, qui sont en totale connivence sur le sujet. On pense à l’épisode Gerson, ou à ce chef du lycée Jean-Paul II à Compiègne, destitué car il avait dit à ses élèves de ne pas aller voir un film LGBT. Ce sont toujours les mêmes sujets et toujours le même procédé pour que les petits établissements restent tranquilles. Dans ce contexte, je comprends qu’un jeune chef d’établissement ne souhaite pas prendre de risques.  

Est-ce à cause de cette pression que la plupart des établissements privés n’ont aujourd’hui de catholique que le nom? Ou y a-t-il d’autres causes? 

C’est en effet l’une des raisons principales, la deuxième étant que les ecclésiastiques ont largement déserté le champ éducatif. Toutes les congrégations religieuses qui dispensaient l’enseignement au XIXe siècle ont disparu au XXe. Un ancien directeur diocésain se félicitait d’avoir fait disparaître les tutelles congréganistes de son diocèse. Au moment des débats sur l’enseignement libre en 1983-1984, beaucoup, à la Conférence des Évêques de France, souhaitaient l’intégration de l’enseignement catholique dans l’Éducation nationale…  

Précisons ce statut d’établissement privé sous contrat : qu’est-ce qu’exige et permet la loi pour un établissement de ce type ?  

La loi exige de suivre les programmes de l’Éducation nationale, et d’enseigner les « valeurs de la République ». Pour ce qui est de l’enseignement religieux, nous n’avons en théorie pas de limite puisque l’État ne s’en occupe pas. Mais la…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Anne Marguet

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
SociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe