L’enseignement catholique et la République : une impasse ?

Publié le 16 Fév 2024
enseignement catholique loi debré

Jules Ferry : un programme de déchristianisation de l'école continué par l'État au XXIe siècle.

Les affaires médiatiques récentes ont le mérite de montrer comment l’État accule l’enseignement catholique sous contrat dans l’impasse des « valeurs de la République ». Mais nos évêques semblent ne pas avoir compris les forces à l’œuvre… Un abandon de la théologie politique aux conséquences terribles.

  On se souvient de la réponse que Mgr de Moulins-Beaufort avait faite, le 2 décembre dernier, au séminariste qui lui demandait si l’Église de France avait un problème avec les traditionalistes : « Oui, sans doute en raison de notre histoire mouvementée depuis la Révolution. S’il y a une question centrale, c’est une question de théologie politique et de rapport au monde. Le décret de Vatican II sur la liberté religieuse est très clair. Le Christ n’est pas venu bâtir des nations catholiques mais il est venu fonder l’Église. Ce n’est pas la même chose. À force de traîner la nostalgie d’un État catholique, on perd notre énergie pour l’évangélisation. » Pour mesurer les réels enjeux d’une telle réponse, il peut être intéressant de la relier à la récente polémique qui a eu pour objet le collège Stanislas, accusé l’an dernier par le site d’extrême gauche Mediapart d’être « homophobe, sexiste et autoritaire ». Alors même que le rapport diligenté par l’Inspection générale n’a pas confirmé de telles accusations, la publication dudit rapport, comportant en sa conclusion des recommandations discutables, a donné lieu à un débat qui est révélateur de l’esprit de notre société postchrétienne.  

Des questions essentielles

Plusieurs questions essentielles sont posées. Reprocher à Stanislas d’être « opposé aux valeurs de la République » signifie-t-il que désormais professer la foi catholique dans l’intégralité de ses implications anthropologiques et morales est s’opposer à la loi républicaine ? Dès lors, le contrat d’association avec l’État implique-t-il de nier le caractère propre de l’établissement ? Cela engendre une autre question : le caractère propre de l’établissement catholique se limite-t-il à dispenser des cours d’instruction religieuse aux seuls volontaires ? Il y a plusieurs voies pour répondre à ces questions. La première est prudentielle et exige de revenir au texte de la loi Debré (1959) pour estimer les marges de manœuvre actuelles. Dans son article 1, on lit : « Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus ci-dessous, l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’État. » Comment comprendre l’expression soumis au…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Thibaud Collin

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéÉducation

Les écoles hors contrat en plein essor malgré les contraintes

Portées par des parents, des réseaux confessionnels ou sociaux et désormais des acteurs privés, les écoles hors contrat connaissent une croissance régulière. Professionnalisation, diversification des profils et motivations contrastées des familles dessinent les contours d’un secteur de plus en plus structuré. Entretien avec Augustin Yvan, responsable du développement à la Fondation pour l’école.

+

école hors contrat
Chroniques

Supprimer les jours fériés, supprimer la fête

C’est logique ! de François-Marie Portes | En voulant sacrifier deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 Mai, sur l’autel des impératifs budgétaires, le Premier ministre ne s’attaque pas seulement à deux jours chômés. Il s’en prend au cœur même de leur signification : des fêtes, religieuses ou historiques, qui appellent au repos parce qu’elles sont d’abord des moments de mémoire et de joie partagée. Oublier cet ordre, c’est courir le risque d’effacer peu à peu ce que notre société avait choisi de célébrer.

+

fériés fêtes
ChroniquesSpiritualité

Le mariage : « Bâtir le cérémonial de l’amour »

Pendant tout l’été, des mariages ont été célébrés, donnant l’occasion à des réjouissances et à des retrouvailles familiales. Avec l’autorisation de son auteur, nous reproduisons ici l’allocution donnée par le Père Augustin-Marie Aubry, prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, lors de l’un de ces mariages estivaux.

+

mariage amour
ChroniquesLéon XIV

Les 100 premiers jours de Léon XIV

Élu 267e pape le 8 mai 2025, Léon XIV a fêté ses 100 jours le 17 août. Bien que le Pape n’ait encore effectué aucun pas ni aucune mesure majeure de son pontificat, le professeur Roberto de Mattei propose une analyse de ces premiers mois. Cet article a été publié sur Corrispondenza Romana et reproduit ici avec l’autorisation de son auteur.

+

Pape Léon XIV Roberto de Mattei
Chroniques

Concours Jeunes Talents 2025 : Le Reliquaire bleu

CONCOURS JEUNES TALENTS 2025 | Lauréat | Comme chaque année depuis 8 ans, L’Homme Nouveau a lancé son concours d’écriture Jeunes Talents 2025 entre avril et juin. Cette année, le thème était : « À la manière de G.K. Chesterton… Une nouvelle énigme pour le Père Brown » Découvrez en entier le texte du lauréat. Ce texte est aussi publié dans le numéro d’été (n° 1836), daté du 19 juillet 2025.

+

jeunes talents
ChroniquesAnnée du Christ-Roi

Dom Pateau : Pas de paix véritable sans le règne du Christ

Enquête Quas Primas 7 | Une fausse idée de liberté développée à partir du XIXe siècle a mené à oublier la royauté sociale du Christ pourtant bien demandée par Pie XI. Toute autorité étant réputée venir du peuple et non plus de Dieu, une conduite chrétienne conforme aux commandements divins devient plus ardue. Seule l’instauration du règne du Christ permettra de retrouver une vraie justice.

+

règne du christ-roi paix