Ephiphanie : une fête du Christ-Roi

Publié le 06 Jan 2014
Ephiphanie : une fête du Christ-Roi L'Homme Nouveau

L’Épiphanie est une fête du Christ-Roi et le thème de l’homélie prononcée ce lundi matin, par Dom Jean Pateau, abbé de Notre-Dame de Fontgombault. Un thème qui concerne donc au premier chef les laïcs, surtout en ces temps difficiles pour la famille et la société. 

Le Christ se manifeste au monde

La fête de l’Épiphanie ouvre le temps de la manifestation du Seigneur au monde. Avec l’arrivée des Mages, s’étend le cercle restreint de ceux qui avaient été avertis, souvent de façon miraculeuse, de la naissance du Messie. La nouvelle touche maintenant les gentils. D’origine orientale, cette fête célébrait durant les premiers siècles de la chrétienté l’avènement du Christ dans la chair, comme notre actuelle fête de Noël, en accentuant cependant son aspect glorieux. L’Enfant de la crèche est vrai Dieu et vrai homme, Seigneur et Roi de l’univers. L’Épiphanie est une fête du Christ-Roi.

La première division de l’humanité

Dans l’étable de Bethléem, il y a plus qu’un simple enfant. Le passage des Mages à Jérusalem va être l’occasion de la première division de l’humanité en face du mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu. Quelques versets, tirés du prologue de l’Évangile selon saint Jean, donnent la signification profonde de cette fête : La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie… Il était dans le monde… et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. (Jn 1, 5. 10-12) L’histoire des Mages est surprenante. Ce sont des savants, des rois, des personnes qui scrutent les signes des temps. Ils n’ont pas bénéficié des lumières que Dieu, depuis des siècles, a données au peuple qu’il s’est choisi, Israël. Ils ne savent pas que chaque homme est en chemin vers son Créateur, qu’il rencontrera au terme du parcours, s’il ne l’a point rencontré auparavant. Ils font partie de ce peuple qui marche dans les ténèbres mais désire se laisser éclairer par toute lumière (cf. Is 9,1). Et la lumière vient : une étoile arrive dans leur vie et va en modifier considérablement le cours. Cette étoile, les Mages font le choix de la suivre.

Suivre une étoile, n’est-ce pas fou quand on est un roi, quand on est un savant, quand on est un homme ? Les Mages étaient des hommes, des savants, des rois peut-être. Tout bien pesé, ils étaient surtout de ces simples, de ces humbles, de ces gens qui se font disponibles et accueillants aux signes des temps. Ils ne s’affirmaient pas comme les propriétaires d’un savoir devant lequel les autres hommes, les peuples, la nature et ses lois, l’univers, voire Dieu lui-même, devraient se plier. Ils étaient de ceux que Dieu peut mener par des chemins dont il a le secret et qui conduisent à un enfant, « le Roi des Juifs qui vient de naître » (Mt 2, 2).

Un manque de foi

En passant par Jérusalem, le chemin des Mages a croisé la route d’autres hommes, d’un roi entouré des grands prêtres et des scribes du peuple. Eux possèdent le Livre. Ils savent que de Bethléem, terre de Juda, doit sortir un chef qui sera le berger du peuple de Dieu, Israël (cf. Mt 2, 6). À l’étoile s’ajoute, pour ces hommes, la foi dans le Livre. Pourtant ils ne se mettront pas en chemin.

Les Mages, devenus étoiles pour ces hommes, eux, reprennent la route. Ils trouveront l’étable et le Roi dont ils ont reconnu l’étoile. Premiers de la multitude de ceux qui, à leur suite, se feront dociles aux multiples étoiles rencontrées sur les routes de la vie : étoile de Dieu, étoile de nos consciences, étoiles que sont nos proches, nos amis, nos frères… Suivre ou ne pas suivre l’étoile ? Prendre la route ou rester sur place ? La question demeure actuelle. Une seconde vient s’y associer. Le Seigneur, en effet, ne se borne pas à utiliser des objets matériels pour guider les hommes. Accepterons-nous d’être étoiles pour les autres ? C’est exigeant : si l’étoile brille, elle brûle aussi ; il faut brûler pour briller. À travers l’épisode des Mages, retentit à nos oreilles l’appel à la Mission. À cette heure, il n’y a pas encore d’apôtres ; le Verbe même de Dieu semble sans voix. Une étoile se fait missionnaire. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans sa poésie Vivre d’Amour sainte Thérèse nous propose une étoile missionnaire qui peut se voir partout :

Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse

Semant la paix, la joie dans tous les coeurs

Pilote Aimé, la Charité me presse

Car je te vois dans les âmes mes soeurs

La Charité voilà ma seule étoile

À sa clarté je vogue sans détour

J’ai ma devise écrite sur ma voile :

« Vivre d’Amour. » (Poésie n° 17, st. 8)

Présence de Marie

En entrant dans la crèche les Mages se prosternent devant l’Enfant-Dieu et lui offrent des présents. Ils rencontrent aussi Marie. L’étoile les a menés vers une autre étoile, celle dont le nom est « Stella Maris, l’Étoile de la mer« . Saint Bernard nous la propose aussi comme lumière de nos vies :

« Ô toi, qui que tu sois, qui te rends compte que, dans ce flux du monde, tu vas à la dérive au milieu des bourrasques et des tempêtes, plutôt que tu n’avances sur la terre ferme, ne quitte pas des yeux cet Astre resplendissant, si tu ne veux pas sombrer dans la tempête.

Quand se lèvent les vents des tentations, si tu vas droit sur les récifs des tribulations, regarde l’Étoile, appelle Marie ! Si tu es le jouet des flots de l’orgueil, de l’ambition, de la médisance, de la jalousie, regarde l’Étoile, appelle Marie ! Si la colère ou l’avarice, ou encore les désirs de la chair, secouent la nacelle de ton âme, jette un regard vers Marie ! Si, bouleversé par l’énormité de tes crimes, horrifié de la laideur de ta conscience, frémissant d’horreur à la pensée du jugement, tu commences à sombrer dans l’abîme de la tristesse, dans le gouffre du désespoir, pense à Marie ! Dans les périls, dans les angoisses, dans les incertitudes, pense à Marie, appelle Marie ! Qu’elle ne quitte pas ta bouche, qu’elle ne quitte pas ton coeur, et, pour obtenir l’aide de sa prière, ne cesse pas d’imiter l’exemple de sa vie.

Si tu la suis, tu ne dévies pas ; si tu la pries, tu ne désespères pas ; si tu penses à elle, tu ne t’égares pas. Tant qu’elle te tient, tu ne tombes pas ; tant qu’elle te protège, tu n’as rien à craindre. Avec elle pour guide, tu ne fatigueras pas ; et avec sa faveur, tu parviendras ! » (2e Homélie à la louange de la Vierge Mère, n.17)

Les Mages ont suivi l’étoile. Que Marie soit l’étoile de nos vies, elle qui nous prépare le chemin sûr pour voir Jésus. Qu’elle nous obtienne la grâce de puiser à la présence de son Fils en nos coeurs, à cet amour qui a mis en route les Mages, afin de le manifester autour de nous. Amen.

(Les intertitres sont de la rédaction)

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