La rédaction vous propose une page culture, avec un choix de quelques livres religieux, essais ou CD. À retrouver dans le n°1798.
La musique
Credo, Hélène Grimaud Le label Deutsche Grammophon a célébré cette année son 125e anniversaire. À cette occasion il a publié onze rééditions en coffrets vinyle de prestige, d’enregistrements initialement sortis en CD. C’est le cas pour ce disque très personnel de la pianiste Hélène Grimaud. La pièce maîtresse en est le Credo d’Arvo Pärt, qui a donné son nom à l’album. Œuvre pour piano, chœur et orchestre, elle marque en 1968 l’adieu du compositeur au dodécaphonisme et son retour à l’harmonie. Merveilleuse transition qui nous fait passer de l’affirmation stridente d’une foi tenue jusqu’ici cachée (nous sommes en Union soviétique) à la joie apaisée et sereine du retour au bercail, qui s’appuie sur les célèbres variations du Clavier bien tempéré de Bach, qu’Hélène Grimaud fait naître sous ses doigts délicats. Une pure merveille. La pianiste a voulu sur cet album mettre en regard de ce Credo la Fantaisie pour piano, solistes, chœur et orchestre de Beethoven. Une œuvre elle aussi émergée (en 1808) de la tourmente révolutionnaire, hymne à l’harmonie qui a ensuite inspiré la 9e Symphonie. Autre allusion à la tempête (révolutionnaire) apaisée, glissée dans ce recueil, la Sonate n° 17 du même Beethoven, que l’on retrouve ici dans la Fantasia on an ostinato (1985) de John Corigliano, basée sur le deuxième mouvement de sa 7e Symphonie. Credo, Hélène Grimaud, 2 Vinyles, 40€, 1 CD, 13€ env. Benoît Sénéchal
L’essai
Le totalitarisme sans le goulag, Mathieu Bock-Côté Avec la bonne santé d’un bûcheron québécois, Mathieu Bock-Côté continue de tailler fort dans la forêt des idées toutes faites et des raccourcis faciles. Il aiguise sa hache pour porter le coup sur le « montage » à l’œuvre : l’extrême droite serait présente dans les médias, dans les discours et les écrits de certains grands intellectuels, dans la chanson et au cinéma, et camperait même de façon insidieuse dans nos têtes. Bock-Côté va plus loin que la dénonciation de cette utilisation recyclée du danger fasciste. Il explique combien ce discours permanent a créé les conditions d’un nouveau totalitarisme qui, sous prétexte de lutter contre le danger extrémiste, grignote peu à peu, légalement et tranquillement, les…