Tout semble indiquer que le Royaume-Uni quittera l’Union européenne dans un avenir proche. Hostile à la nomination de Jean-Claude Juncker, l’Angleterre est plus isolée que jamais. S’agit-il pour autant d’un véritable retournement ? L’analyse de Thomas Flichy de La Neuville, professeur à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr
Depuis maintenant quatre décennies, Londres rappelle au reste des Européens ses spécificités afin de négocier un régime plus favorable au sein de l’Union européenne. Heureuse d’adhérer à la Communauté économique européenne en 1973, en raison de l’ouverture commerciale que celle-ci lui procure, le Royaume-Uni n’a cessé de vouloir limiter son intégration à l’Europe et souhaite aujourd’hui sortir d’un système qu’elle juge globalement défavorable à son économie. Ce départ annoncé soulève l’incompréhension française. Comment l’expliquer ?
Retour aux sources
Une fresque célèbre, peinte par Raphaël en 1508 et intitulée L’École d’Athènes fournit un élément d’explication. Au centre de la perspective apparaissent Platon et Aristote. Le premier, ceint de pourpre, pointe son index vers le Ciel. Pour lui la vérité vient d’en haut. Ses héritiers sont les culture française, allemande mais aussi russe, qui affectionnent les constructions abstraites, reflet du monde de l’au-delà. L’Encyclopédie de Diderot porte ce jugement emphatique sur la philosophie de Platon : « De toutes les sectes qui sortirent de l’école de Socrate, aucune n’eut plus d’éclat… ».
Platon ou Aristote
A Platon s’oppose Aristote, l’homme drapé de bleu dont la main désigne la terre. Aristote prône une philosophie empirique qui a fasciné John Locke et après lui l’Angleterre puis les Etats-Unis. Vouloir réunir artificiellement des nations issues de cultures philosophiques si opposées était une chimère. Celle-ci a duré quatre décennies, le temps que les hommes se rendent compte que les cultures, loin d’être des constructions artificielles animent l’âme des peuples. Si l’Angleterre souhaite aujourd’hui sortir de l’Union Européenne c’est parce qu’elle souhaite renouer avec elle-même. Assumer son héritage, n’est ce pas ainsi que les civilisations se perpétuent ?