La perversion des lois dites « sociétales » s’appuie toujours sur des raisonnements faux. La dernière annonce du président de la République sur la légalisation de l’euthanasie est un cas d’école, obscurcissant volontairement le sens des mots, additionnant sophismes, euphémismes et contradictions. Ou comment imposer une rupture anthropologique et morale par le mensonge.
Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de son projet (1) de légaliser l’euthanasie et une forme de suicide assisté. Il l’appelle « une loi de fraternité […] qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir ». À le lire, on est saturé de cette faconde sinueuse. Des sophismes rebattus sont pris comme arguments centraux : tromperie. La cohérence des propos est mise à mal à plusieurs endroits : confusion. Des objections lui ont été faites et qu’il cite de façon presque impartiale, mais sans réponse sur le fond : fausse honnêteté.
Équivoque
Emmanuel Macron note à propos des sondages sur le droit de mourir dans la dignité (2) qu’il « faut être bizarre pour s’y opposer. Je n’ai croisé personne qui veut mourir dans l’indignité ». Mais le mot dignité a deux sens : la dignité physique ou morale d’un malade (premier sens du mot) qui peut être très altérée en raison d’un état général dramatiquement subi ; la dignité humaine, ontologique et immuable (deuxième sens) qui fonde le droit à la vie. Confondre ces deux sens et considérer que la vie ne mérite plus d’être respectée absolument, comme si l’on perdait sa dignité ontologique, lorsque la maladie ou la souffrance causent une sorte d’indignité relative au regard subjectif que soi-même ou les autres portent sur soi, c’est tromper son interlocuteur.
Pétition de principe
Cette loi « concilie l’autonomie de l’individu et la solidarité de la nation ». On réservera la demande d’aide à mourir « aux personnes majeures […] et capables d’un discernement plein et entier ». Autonomie de l’individu (3), de quoi parle-t-on ? L’autonomie psychologique rend capable de choisir en toute responsabilité ; en ce sens, un dément, un comateux, un enfant immature, une personne sous influence, etc. ne sont pas des individus autonomes. Par son libre arbitre, l’homme est de plus moralement autonome, c’est-à-dire responsable de ses choix relativement à ce qui est bon pour lui. Il y aurait enfin cette autonomie absolutisée comme une instance souveraine de décider ce qui est bien ou mal, capable de décider, par exemple, que se donner la mort…