Les Archives nationales proposent jusqu’en juillet une exposition sur la notion de sacrilège, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
Dans le magnifique Hôtel de Soubise de Paris où sont conservées les archives nationales, une exposition explore la notion de sacrilège. Elle recouvre une large période historique qui s’étend du procès et de la mort de Socrate – accusé « de ne pas reconnaître les dieux de la cité et de corrompre la jeunesse » en 399 avant notre ère – jusqu’à notre époque.
C’est dans une ambiance sombre, pour protéger les nombreux documents, que se déroule ce parcours foisonnant, ponctué du rappel d’événements souvent dramatiques.
On y découvre parmi la centaine d’œuvres présentées un tableau de Jacques de Saint-Quentin (1738-1785) réalisé en 1762 et représentant La Mort de Socrate ; une bulle du pape Clément IV demandant à saint Louis de modérer sa sévérité à l’encontre des blasphémateurs ; une tête de la galerie des rois de Juda de Notre-Dame de Paris, vandalisée pendant la Révolution (la statue fut basculée sur le parvis en 1793 puis décapitée et découverte en 1977 lors de travaux entrepris à la banque française du commerce extérieur)… et l’arrêt rendu par le Parlement de Paris confirmant la sentence prononcée par le tribunal d’Abbeville contre le chevalier de La Barre, dernier condamné à mort pour sacrilège (1er juillet 1766) : il n’avait que 20 ans !
L’exposition est organisée en trois grands chapitres : « l’invention d’un interdit », qui propose une analyse historique et sociologique de la notion de sacrilège ; « la politique et le sacré : de la lèse-majesté à l’offense au chef de l’État » ; et « religions outragées ».
Amable Sablon du Corail, commissaire scientifique et conservateur général du patrimoine, responsable du département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime des Archives nationales, souligne combien « Nos sociétés occidentales se sont ouvertes au monde, au point que doivent désormais cohabiter au sein d’une même communauté politique, des individus et des groupes dont les valeurs sont parfois diamétralement opposées. Ce qui est sacré pour les uns peut être interprété comme outrageant ou blasphématoire par les autres », et de conclure : « Ainsi, dans le domaine religieux, il est devenu difficile de faire vivre, en pratique, l’équilibre entre liberté d’expression, respect des croyants et libre critique des religions. »
Un sujet délicat traité avec pondération et tact !
Jusqu’au 1er juillet 2024.
Archives nationales, Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs Bourgeois, 75003 Paris.
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 17h30, et le samedi et dimanche de 14h à 19h. Fermé le mardi.
Entrée libre.
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