La formation Polis a été fondée dans le but de former les jeunes professionnels et étudiants à la chose politique. Elle propose, sur des cycles de deux ans, des réunions régulières ainsi que des week-end et sessions. Entretien avec Laurent de Capellis, membre fondateur de la formation Polis et un des auteurs du livre Les catholiques peuvent-ils encore agir en politique ? (L’Homme Nouveau, 2019).
| Que comprend la formation Polis ?
La formation Polis propose aux étudiants et jeunes professionnelles un cycle unique de formation à la chose politique. Elle démarre par une session d’été et se déroule sur deux ans avec deux réunions par mois et plusieurs week-end d’approfondissement. Son format est pluridisciplinaire : la formation touche à la fois à la philosophie, à la théologie politique, à la sociologie, à l’histoire politique mais également à la théorie de l’action. La formation nécessite une certaine motivation car elle exige persévérance et rigueur. L’objectif est de se former pour pouvoir ensuite agir.
| Pourquoi avoir créé la formation Polis ?
Les initiateurs de cette formation ont beaucoup reçu et ont été mus par le désir de transmettre. Il s’agissait donc de synthétiser des analyses, des travaux qui ont été faits par le passé, afin de les présenter sous une forme pédagogique. L’objectif premier est la transmission. Nous sommes animés par la forte conviction que pour agir dans la Cité il est nécessaire de se former, au risque de s’épuiser en vain. Ce type de formation permet de se préparer à l’action en identifiant les objectifs ultimes et en comprenant dans quel environnement on s’insère mais aussi en profitant de l’expérience des générations passées qui ont connu les mêmes difficultés dans des contextes différents.
| Comment la formation s’organise-t-elle et quelles sont les différentes thématiques qui y sont abordées ?
Les conférences sont suivies de travaux dirigés pour permettre aux jeunes de bien intégrer les notions qui sont acquises afin de les mettre en perspective. C’est souvent une analyse de texte ou un extrait de livre qui permet de se confronter à une pensée extérieure et d’interagir avec elle. Cet exercice requiert de mobiliser les notions expliquées lors de la conférence et de se positionner par rapport à un raisonnement qu’on aura décortiqué : tout cela favorise l’acquisition d’une capacité d’analyse.
Les domaines couverts sont pluridisciplinaires. La philosophie politique nous permet de comprendre quel est le but à atteindre. La sociologie politique permet d’appréhender l’environnement et la nature du système politique dans lequel nous nous sommes plongés, mais également de remonter à ses racines et de voir comment il a évolué et s’est développé.
Une partie est consacrée à l’histoire politique. Il s’agit de voir comment les catholiques ont interagi avec le système moderne, avec quels succès et quels échecs, tout cela pour en tirer des leçons dans le combat présent. Nous aborderons évidement la question de la théorie de l’action avec les dangers et les tentations à éviter mais également avec des pistes pour une action ultérieure.
| Vous avez lancé le concept de « transition postdémocratique ». Est-ce utopique de penser une fin de la démocratie ?
Le système moderne développe des contradictions car il se constitue sur une tension entre liberté et unité avec certes une capacité à rebondir et à traiter les conséquences négatives de ce paradoxe qui sur le long terme ne peut être que délétère. Nous sommes aujourd’hui dans la fin du système moderne. C’est une agonie qui peut être longue. Les soubresauts sont nombreux, dans tous les cas, ce système n’a pas les promesses de l’éternité. Il y a ici une forme d’analogie – les choses sont malgré tout beaucoup plus subtiles dans le système occidental – avec le système communiste qui développait d’autres formes de contradictions et tensions.
| Qui sont les différents intervenants de la prochaine session d’été ?
La session d’été qui est le coup d’envoi de la formation aura lieu les 15,16 et 17 juin en région parisienne à Loisy. Y interviendront Thibaud Collin, Philippe Maxence, l’abbé Barthe et moi-même.
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