Sépulture 2/4 : Funérailles ecclésiastiques et crémation

Publié le 09 Nov 2022
funérailles

  Les situations publiques d’opposition aux lois divines et ecclésiastiques seules justifient d’interdire des funérailles chrétiennes. Par souci de traiter les êtres humains selon leur dignité, l’Église refuse rarement des obsèques à ceux qui les demandent. L’inhumation reste la pratique funéraire recommandée contre la crémation, longtemps symbole d’une telle opposition. Entretien avec le chanoine Benoît Merly, docteur en droit canonique, official du diocèse de Bayonne (icrsp)   En 1963, le Saint-Office a permis la crémation des fidèles. Est-ce que cela a été une modification vraiment significative ? En pratique, l’Église n’a jamais interdit cette pratique lorsque le bien commun l’exigeait. Ainsi, lors des grandes épidémies, la crémation des corps apparaissait parfois comme le seul moyen efficace pour endiguer la contagion. Mais il s’agissait évidemment d’une exception à la règle commune de l’inhumation, qui, aujourd’hui encore, est préférée sans équivoque par l’Église. En dehors de cette exception, l’Église a en effet vu, à l’occasion des luttes anticléricales, que « cette crémation des cadavres n’est louée et propagée par les ennemis du nom chrétien qu’à la seule fin de détourner peu à peu les esprits de la méditation de la mort, de leur enlever l’espérance en la résurrection des morts, et de préparer ainsi les voies au matérialisme » (1). Dans le décret De cadaverum crematione du 5 juillet 1963, l’Église prend acte de la multiplication de la pratique crématoire, et estime qu’il convient de rappeler les fondements de sa préférence pour l’inhumation, et les règles qui doivent régir le choix éventuel d’une crémation. Comme souvent, l’exception a tendance à devenir une règle ou, du moins, ici, un mode normal de traitement du corps après la mort. En 2016, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, s’émouvant du sort réservé aux cendres obtenues après la crémation, a également souligné le soin et le respect que l’on doit apporter dans la conservation des cendres des défunts. Pourquoi l’incinération connaît-elle un tel succès ? Il y a eu un effet de mode dans les an­nées soixante-dix. Les associations crématistes en France avaient un slogan : « la Terre aux vivants ». Ils expliquaient tous ses bienfaits, un retour au « Grand Tout ». C’est d’ailleurs ce que reprend l’instruction de 2016 : « [L’Église] ne peut donc tolérer des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers,…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Propos recueillis par Maitena Urbistondoy

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseLiturgie

Confirmation : La chrismation chez les Orientaux (3/3)

Dossier : « Quelle place faut-il donner à la confirmation ? » 3/3 | Le sacrement de confirmation est conféré d’une façon bien différente dans les rites orientaux où il est n’est pas séparé du baptême. La cérémonie, proche de ce qui se faisait en Occident aux premiers siècles, revêt donc une forme spécifique et est accompagnée de prières faisant abondamment référence au baptême du Christ.

+

chrismation confirmation
A la uneEgliseMagistère

Valeur et âge de la confirmation, des pratiques à mettre en question (1/3)

Dossier « Quelle place faut-il donner à la confirmation ? » 1/3 | Auteur de "La Confirmation à sa juste place" (Artège), l’abbé François Dedieu estime qu’il est nécessaire de revenir à la pratique ancienne de conférer ce sacrement avant la première communion. Il détaille ici les raisons et les objectifs de cette pratique, déjà mise en œuvre dans sa paroisse. Entretien avec l’abbé François Dedieu, curé de la paroisse Saint-Urbain-Sainte-Marie (La Garenne-Colombes). 

+

La confirmation à sa juste place
EgliseSpiritualité

Lourdes : se plonger dans l’eau vivifiante

Les piscines de Lourdes, dont l'accès avait été interdit au temps du COVID, vont enfin ré-ouvrir, après que les autorités du sanctuaire en ont profité pour en rénover l'accès et l'utilisation. Voilà qui offre l'occasion d'inviter les pèlerins à entrer dans une riche symbolique qui s'inscrit dans la révélation biblique et le quotidien de la vie chrétienne.

+

lourdes eau