> Enquête Quas Primas
Nous continuons notre enquête sur Quas Primas. Dans le contexte de l’entre-deux-guerres-mondiales, en un temps d’affrontement des doctrines matérialistes libérale et collectiviste, le pape Pie XI institua une fête liturgique honorant, dans la deuxieme personne de la sainte Trinité, le Roi de l’univers. Cette proclamation d’un royalisme intégral était d’autant moins anachronique qu’elle reste d’une parfaite actualité.
Le règne social de Jésus-Christ est l’objet de la lettre encyclique Quas Primas du pape Pie XI (11 décembre 1925) qui institua la « fête » du Christ-Roi (n. 19) afin qu’un « culte public » lui soit rendu (n. 20). En effet, le Christ est roi : il l’a explicitement dit à Ponce Pilate (Jn, 18, 37) ainsi qu’à ses disciples (Mt, 25, 31-40). Il est bien entendu roi « au sens propre du mot » car, comme « Verbe de Dieu », il possède, « en commun avec le Père », « la souveraineté suprême et absolue sur toutes les créatures » (n. 5) : « son pouvoir royal repose sur […] l’union hypostatique » (n. 8). Mais, c’est bien au Christ dans sa double nature divine et humaine qu’il a été donné toute puissance au ciel et sur la terre (Mt, 28, 18).
Un royaume ne procédant pas de ce monde
Le Christ est « le Roi que les hommes ont reçu de Dieu » (n. 19). Il règne non seulement par « droit de nature » mais encore par « droit acquis » (ou de conquête) puisqu’il est le Rédempteur (n. 9) : il a racheté les hommes par sa Passion (n. 9) et « s’offre perpétuellement comme victime » dans le sacrifice de la messe (n. 11). Cependant, son royaume n’est pas de ce monde (Jn, 18, 36), c’est-à-dire qu’il n’en tire pas son origine. Le contraste n’est-il pas saisissant entre Jésus né dans une étable et Hérode qui, depuis son palais, ordonne le massacre d’enfants innocents (Mt, 2, 16) ? La souveraineté du Christ ne consiste donc pas en un régime politique. Le messie chrétien n’endosse pas le rôle d’un chef d’État, ce qui exclut la mise en place d’une théocratie, même exercée par le souverain pontife, vicaire du Christ. Puisqu’il faut rendre à César ce qui lui est dû (Mt, 22, 21), l’Église n’a pas à chercher à se substituer au pouvoir civil dont la nécessité est inscrite dans la création divine. Au cours de sa vie terrestre, Jésus a refusé les honneurs extérieurs de la royauté temporelle : il a « dédaigné la possession et l’administration des choses humaines » (n. 12). Le royaume…