Hymnes des Laudes du Psautier

Publié le 07 Juil 2018
Hymnes des Laudes du Psautier L'Homme Nouveau

Bréviaire Romain

(1568)

Hymnes des Laudes du Psautier

On trouvera ci-après les hymnes des Laudes telles qu’elles se trouvaient dans le Bréviaire romain avant la réforme des hymnes d’Urbain VIII (1631), qui les remania dans le sens d’une latinité plus classique, et telles qu’elles se trouvaient encore dans l’office de certains ordres religieux avant la réforme issue du Concile Vatican II (bénédictins, cisterciens, dominicains, par ex.).

Certains de ces hymnes remontent à la plus haute Antiquité et on en trouvera mention des auteurs pour chacune.

Source du texte :

. latin : Breviarium Romanum, 1568 ;

. traduction française : Diurnal monastique latin-français, Beauchesne, 1928

Dimanche

1. Du 2e dimanche après l’Épiphanie au Carême et du 1er dimanche d’Octobre au dernier après la Pentecóte :

Auteur : saint Ambroise, évêque de Milan († 397)

Ætérne rerum Cónditor,                     

Noctem diémque qui régis,                 

Et témporum das témpora,

Ut álleves fastídium.

 

Præco diéi jam sonat,

Noctis profúndæ pérvigil,

Noctúrna lux viántibus

A nocte noctem ségregans.

 

Hoc excitátus lúcifer

Solvit polum calígine;

Hoc omnis errónum cohors

Viam nocéndi déserit.

 

Hoc nauta vires cólligit,

Pontíque mitéscunt fréta

Hoc, ipsa Petra Ecclésiæ,

Canénte, culpam díluit.

 

Surgámus ergo strénue:

Gallus jacéntes éxcitat,

Et somnoléntos íncrepat,

Gallus negántes árguit.

 

Gallo canénte, spes redit,

Ægris salus refúnditur,

Mucro latrónis cónditur,

Lapsis fides revértitur.

 

Jesu, labéntes réspice,

Et nos vidéndo córrige

Si réspicis, lapsi stabunt,

Fletúque culpa sólvitur.

 

Tu, lux, refúlge sénsibus,

Mentísque somnum díscute,

Te nostra vox primum sonet,

Et vota solvámus tibi.

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

Créateur éternel du monde,

Qui réglez la nuit et le jour,

Et faites succéder aux saisons les saisons,      

Pour remédier à notre ennui.

 

Le héraut du jour déjà se fait entendre

Il veille dans la nuit profonde ;

Des voyageurs éclairant les ténèbres,

Il divise en veilles la nuit.

 

A son appel, l’étoile du matin

Dégage le ciel de ses ombres ;

Toute la troupe des rôdeurs

A sa voix cesse de mal faire.

 

Le marin qui l’entend recueille ses forces,

Et les flots de la mer s’apaisent;

La Pierre même de l’Église

A son chant lave sa faute.

 

Levons-nous donc avec entrain ;

Le coq réveille les dormeurs,

Il gourmande les nonchalants,

Il condamne ceux qui résistent.

 

Au chant du coq l’espoir renaît,

La santé revient aux malades,

Le voleur cache son poignard,

Le pécheur reprend confiance.

 

Jésus, regardez ceux qui tombent,

Et que vos yeux de reproche nous redressent :

Sous votre regard, les tombés se relèveront,

Et dans les pleurs ils laveront leur faute.

 

Vous, lumière, illuminez nos âmes ;

Secouez notre torpeur spirituelle ;

Qu’à vous soit notre premier chant,

Et que nos voeux montent vers vous !

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

2. Du 2e dimanche après la Pentecôte au dernier dimanche de Septembre :

Auteur : époque carolingienne, peut-être Alcuin († 804)

Ecce jam noctis tenuátur umbra.                  

Lucis auróra rútilans corúscat : 

Nísibus totis rogitémus omnes

Cunctipoténtem.

 

Ut Deus nostri miserátus, omnem                    

Pellat languórem, tribuat salútem,

Donet et nobis pietáte Patris

Regna polórum.

 

Præstet hoc nobis Déitas beáta 

Patris, ac Nati, paritérque Sancti 

Spíritus, cujus réboat in omni

Glória mundo.

Amen.

Déjà de la nuit pâlissent les ombres,

L’aurore luit, s’empourpre et resplendit :

De toutes nos forces ensemble supplions

Le Dieu tout-puissant

 

De nous prendre en pitié, de guérir tous nos maux,

De nous accorder le salut,

De nous ouvrir, dans sa tendresse paternelle,

Le royaume des cieux.

 

Exaucez-nous, ô Divinité bienheureuse

Du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint,

Vous dont la gloire retentit

Dans tout l’univers.

Ainsi soit-il !

 

Lundi

Auteur : saint Ambroise, évêque de Milan († 397)

Splendor patérnæ glóriæ,                        

De luce lucem próferens,

Lux lucis, et fons lúminis,

Diem dies illúminans :

 

Verúsque Sol illábere,

Micans nitóre pérpeti :

Jubárque Sancti Spíritus

Infúnde nostris sénsibus.

 

Votis vocémus et Patrem,

Patrem perénnis glóriæ,

Patrem poténtis grátiæ,

Culpam reléget lúbricam.

 

Confírmet actus strénuos :

Dentes retúndat ínvidi :

Casus secúndet ásperos

Donet geréndi grátiam.

 

Mentem gubérnet et regat,

Casto, fidéli córpore ;

Fides calóre férveat,

Fraudis venéna nésciat.

 

Christúsque nobis sit cibus,

Potúsque noster sit fides :

Læti bibámus sóbriam

Ebrietátem Spíritus.

 

Lætus dies hic tránseat,

Pudor sit ut dilúculum,

Fides velut merídies,

Crepúsculum mens nésciat.

 

Auróra cursus próvehit,

Auróra totus pródeat,

In Patre totus Fílius,

Et totus in Verbo Pater.

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

Splendeur de la gloire du Père,

Vous qui puisez votre lumière à sa lumière,

Lumière de lumière et source de lumière,

Jour qui illumine le jour.

 

Éclairez-nous, soleil de vérité,

Qui rayonnez d’un éternel éclat ;

Et que les feux de l’Esprit-Saint

Par vous dans nos cœurs se répandent :

 

Invoquons, supplions le Père,

Le Père de la gloire sans déclin,

Le Père de la grâce puissante,

Qu’il refoule nos mauvais penchants.

 

Qu’il soutienne notre énergie,

Brise les dents de l’envieux,

Dans l’adversité nous assiste,

De la supporter nous fasse la grâce.

 

Qu’il gouverne et règle notre âme

Dans un corps chaste, fidèle ;

Que notre foi, brûlante de ferveur,

De l’erreur ignore les poisons.

 

Que le Christ soit notre aliment

Et la foi, notre breuvage ;

Joyeux, savourons

La sobre ivresse de l’Esprit.

 

Que dans la joie ce jour s’écoule,

Que la pudeur en soit l’aurore,

Que la foi brille en son midi ;

De soir, que l’âme n’en connaisse pas.

 

L’aurore en sa course s’avance :

O pleine aurore, apparaissez,

Fils tout entier dans le Père,

Père tout entier dans le Verbe.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Mardi

Auteur : Prudence († vers 410)

Ales diéi núntius                                     

Lucem propínquam pr?cinit :

Nos excitátor méntium

Jam Christus ad vitam vocat.

 

Auférte, clamat, léctulos,

Agro sopóre désides :

Castíque, recti, ac sóbrii

Vigiláte jam sum próximus.

 

Jesum ciámus vócibus, 

Flentes, precántes, sóbrii 

Inténta supplicátio

Dormíre cor mundum vetat. 

 

Tu, Christe, somnum díscute: 

Tu rumpe noctis víncula: 

Tu solve peccátum vetus,

Novúmque lumen íngere. 

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

Le messager ailé du jour

Chante la lumière qui s’approche :

Le Christ vient réveiller nos âmes

Et les appeler à la vie.

 

Loin de vous, s’écrie-t-il, ces lits

Où vous retient une torpeur malsaine !

Dans la chasteté, la justice et la sobriété,

Veillez : je suis tout proche.

 

Appelons Jésus de nos cris,

De nos pleurs, de nos chastes prières :

L’ardeur de la supplication

Interdit le sommeil aux cœurs purs.

 

Vous-même, ô Christ, dissipez ce sommeil,

Brisez les chaînes de la nuit.

Détruisez nos fautes invétérées,

Et répandez sur nous une lumière nouvelle.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Mercredi

Auteur : Prudence († vers 410)

Nox et ténebræ, et núbila,                   

Confúsa mundi,et túrbida;

Lux intrat, albéscit polus :

Christus venit : discédite.

 

Calígo terræ scínditur

Percússa solis spículo;

Rebúsque jam color redit,

Vultu niténtis síderis.

 

Te, Christe, solum nóvimus :

Te mente pura et símplici,

Flendo, et canéndo, qu?sumus :

Inténde nostris sénsibus.

 

Sunt multa fucis íllita,

Quæ luce purgéntur tua:

Tu lux, Eói síderis,

Vultu seréno illúmina.

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

O nuit, ô ténèbres épaisses,

Dont la confusion rend le monde au chaos,

La lumière survient et les cieux pâlissent :

Voici le Christ, retirez-vous.

 

Les traits que darde le soleil

Ont déchiré les voiles de la terre ;

Les objets déjà se colorent

Des reflets de l’astre brillant.

 

Nous ne connaissons que vous seul, ô Christ.

C’est vous que, d’un cœur simple et pur,

Pleurant, chantant, nous supplions :

Prêtez l’oreille à nos accents.

 

Que de taches, que de souillures

Devra purifier votre lumière !

Vous, lumière de l’astre de l’Orient,

Eclairez-nous de vos reflets sans nuage.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Jeudi

Auteur : Prudence († vers 410)

Lux ecce surgit áurea,                        

Pallens fatíscat c?citas,

Quæ nosmet in præceps diu

Erróre traxit dévio.

 

Hæc lux serénum cónferat,

Purósque nos præstet sibi :

Nihil loquámur súbdolum ;

Volvámus obscúrum nihil.

 

Sic tota decúrrat dies, 

Ne lingua mendax, ne manus, 

Oculíve peccent lúbrici, 

Ne noxa corpus ínquinet. 

 

Speculátor adstat désuper, 

Qui nos diébus ómnibus, 

Actúsque nostros próspicit 

A luce prima in vésperum.

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

Le soleil se lève dans l’or,

L’obscurité pâlit et se dissipe,

Qui trop longtemps à l’aventure

Nous fit errer loin du chemin.

 

Que cette lumière nous donne la sérénité,

Et qu’elle nous rende purs à ses yeux.

Rien de trompeur en nos paroles,

Aucune ombre dans nos pensées,

 

Que tout le jour ainsi s’écoule,

Sans mensonge, sans que nos mains,

Sans que nos yeux s’égarent et faillent,

Sans que nos corps connaissent la souillure.

 

Un observateur de là-haut nous regarde :

Il nous observe chaque jour,

Nous et toutes nos actions,

Du point du jour jusques au soir.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Vendredi

Auteur inconnu ; VIIe ou VIIIe siècle.

Ætérna cæli glória,                              

Beáta spes mortálium,

Celsi Tonántis Unice,

Cast?que proles Vírginis :

 

Da déxteram surgéntibus,

Exsúrgat et mens sóbria,

Flagrans et in laudem Dei

Grates répendat débitas.

 

Ortus refúlget lúcifer,

Sparsámque lucem núntiat :

Cadit calígo nóctium ;

Lux sancta nos illúminet

 

Manénsque nostris sénsibus,

Noctem repéllat s?culi,

Omníque fine diéi

Purgáta servet péctora.

 

Quæsíta jam primum fides

Radícet altis sénsibus ; 

Secúnda spes congáudeat,

Qua major exstat cáritas. 

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

Glorieuse et éternelle parure des cieux,

Des mortels espoir et bonheur,

Unique Fils du Maître du tonnerre,

Enfant de la Vierge très pure,

 

Au réveil tendez-nous la main,

Pour que l’âme se lève, alerte,

Pleine d’ardeur pour présenter à Dieu

Son tribut de louange et de reconnaissance.

 

L’étoile du matin s’est levée, et ses feux

Annoncent le jour qui déjà se répand;

Les ombres de la nuit s’effacent

Lumière sainte, éclairez-nous;

 

Puis demeurez en notre cœur

Pour en chasser la nuit du monde,

Et jusqu’à la chute du jour

Gardez nos cœurs purifiés.

 

Que la foi, notre premier bien,

Pousse en nos cœurs des racines profondes

Sur ses pas viendra la joyeuse espérance,

Que surpasse la charité.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Samedi

Auteur inconnu ; VIIe ou VIIIe siècle.

Auróra jam spargit polum;                    

Terris dies illábitur :

Lucis resúltat spículum :

Discédat omne lúbricum.

 

Phantásma noctis décidat :

Mentis reátus súbruat :

Quidquid ténebris hórridum

Nox áttulit culpæ, cadat.

 

Et mane illud últimum,

Quod præstolámur cérnui,

In lucem nobis éffluat,

Dum hoc canóre cóncrepat.

 

Deo Patri sit glória,

Ejúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Et nunc, et in perpétuum.

Amen.

L’aurore déjà teinte le ciel,

Sur la terre le jour se répand,

La lumière darde ses traits :

Que toute séduction s’évanouisse !

 

Fuyez, fantômes de la nuit !

Que de nos cœurs le péché disparaisse ;

Que s’éloigne toute horreur coupable,

Apportée par la nuit, à la faveur des ténèbres.

 

Et que le suprême matin,

Que nous attendons prosternés,

S’épanche sur nous en lumière,

Comme ce matin-ci retentit de nos chants.

 

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire à son unique Fils,

Comme à l’Esprit Consolateur,

Maintenant et à jamais.

Ainsi soit-il !

Ces hymnes accompagnent le texte de Pierre Julin dans notre numéro 1667 :

Orienter son regard vers « la lumière sans déclin »

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