Le 6 janvier 2023, la Cour Suprême des États-Unis a interdit l’avortement dans l’État de l’Idaho, au nord-ouest du pays.
Vendredi 6 janvier la Cour Suprême des États-Unis a interdit l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans l’Idaho.
L’État est plutôt conservateur ayant à sa tête un gouverneur membre du parti répuplicain : Brad Little. Il est élu en 2018 avec 59,8% des voix. Cet état global de l’Idaho nous permet de comprendre le refus d’une telle loi. En effet, il y a de ça plus d’un an, le 24 juin 2022, la Cour Suprême a annulé l’arrêt Roe vs Wade qui, édicté en 1973, donnait le droit aux femmes d’avorter.
Désormais chaque État se trouve libre d’établir sa propre loi à ce sujet. Suite à cela, les États-Unis se trouve fractionnés entre les États qui favorisent l’accès à l’avortement et ceux qui l’interdisent. À l’heure actuelle, quatorze États comme le Texas ou le Tenessee ont interdit la loi sur l’avortement. Ces mesures manifestent un véritable revirement d’une partie du peuple américain.
Le cas de l’Idaho
L’Idaho était un des premiers États en 2022 a avoir interdit la loi sur l’avortement. Néanmoins un juge fédéral de Boise, capitale de l’Idaho, a émis une injonction préliminaire. Il défend que cette loi sur l’avortement mette les médecins dans une position délicate lorsqu’ils doivent pratiquer l’avortement dans des cas d’urgence. Il écrit « rien ne protège un médecin d’une arrestation ou de poursuites pénales en vertu de la loi de l’Idaho ». Cette injonction a pour conséquence de suspendre la loi en attendant sa révision par la Cour Suprême. Cette révision prévue initialement en juin 2022 a été annulée et reportée en avril prochain.
Or ce vendredi 6 janvier, la Cour Suprême décide de rétablir la loi interdisant l’avortement dans l’Idaho. Ce retour en arrière suscite de nombreuses réactions jusqu’au président Joe Biden. Il montre que cette loi qui interdit l’avortement n’est pas conforme à une loi fédérale plus grande. Cette loi, plus importante, indique que les hôpitaux recevant des fonds publics fédéraux doivent obligatoirement subvenir aux besoins d’urgences comme l’IVG.
Par ailleurs il dénonce cet interdit de l’IVG par un tweet où il écrit : « L’annulation de l’arrêt Roe vs Wade a permis aux élus républicains de maintenir des interdictions d’avortement dangereuses, comme c’est le cas ici, qui continuent de mettre en péril la santé des femmes, les obligent à se déplacer dans un autre État pour obtenir des soins et compliquent la tâche des médecins, y compris en cas d’urgence. »1
Face à ce réquisitoire, le gouverneur de l’Idaho reste protégé par la plus haute juridiction américaine : la Cour Suprême. En effet celle-ci autorise chacun des États à se positionner comme il le souhaite sur l’avortement. Malgré cela, la loi interdisant l’IVG sera tout de même examinée. Elle peut donc être modifiée voir même interdite. Mais il en résulte qu’elle manifeste un véritable engouement pour la défense de la vie.
L’IVG, un enjeu pour les prochaines élections
De plus en plus d’États décident d’interdire totalement l’avortement. On peut ainsi en déduire qu’il sera un thème important pour les élections présidentielles à venir. En chiffres, on observe paradoxalement une hausse de l’IVG aux États-Unis. Le New York Times relève une hausse du recours à l’IVG avec une augmentation d’à peu près 100 000 avortements sur les six premiers mois de l’année entre 2020 et 2023.2 Malgré le positionnement plus affirmé de certains États sur la question de l’avortement, celui-ci continue d’être de plus en plus pratiqué.
Les réactions en Europe face à l’arrêt de Roe vs Wade en 2022 ont été vives. Découvrant que certains États de l’autre côté de l’Atlantique ont fait marche arrière, plusieurs pays comme la France ont décidé de consacrer l’avortement. La France, par exemple, a décidé de lancer le projet qui consiste à inscrire l’IVG dans la Constitution. De cette façon, le retour en arrière devient difficile voire quasiment impossible.
Ainsi les États-Unis, depuis la suspension de l’arrêt Roe vs Wade en 2022, entreprennent un retour en arrière qui va en s’accélérant, laissant planer une lueur d’espoir sur le monde.
- https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/06/etats-unis-la-cour-supreme-retablit-temporairement-l-interdiction-de-l-avortement-dans-l-idaho-en-attendant-de-se-prononcer-sur-le-fond_6209323_3210.html
- https://www.nytimes.com/interactive/2023/09/07/us/abortion-data-bans-laws.html
>> à lire également : Constitutionnalisation ? La République veut sacraliser l’avortement